Chapitre 36

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Actuellement assise sur le canapé, un chocolat chaud entre mes mains froides, j'ai le cœur plus lourd que jamais. Je me sens seule, et je me sens aussi coupable de ressentir ce sentiment. Je suis totalement incapable de trouver les mots pour enfin leur annoncer la vérité.

Les larmes menacent de couler, mais je les retient avec peine. Je me sens étrangement vide, comme si tout ce qui faisait battre mon cœur s'était soudain évaporé. Je réalise que je ne peux plus continuer à fuir la vérité. Pourtant, chaque fois que j'essaie de former les mots pour expliquer mon départ, ma voix se perd dans un silence douloureux.

Mes doigts serrent convulsivement la tasse de chocolat chaud, mais la chaleur réconfortante ne parvient pas à chasser le froid qui s'est installé en moi. Je me sens perdue, déchirée entre la nécessité de dire la vérité et la peur de l'affronter. Chaque pensée est comme un poids supplémentaire sur mes épaules déjà bien courbées.

Je me souviens de l'album photo que j'avais reçu comme cadeau de la part des mes amies, pour Noël. Je le sors de ma bibliothèque avant de retourner m'allonger sur le canapé, je l'ouvre délicatement et commence à feuilleter doucement chacune des pages, détaillant chaque photo.

Les souvenirs du début du tournage me reviennent en mémoire, éclatants de joie et d'insouciance. Les sourires figés sur les photos de l'album me rappellent des moments de complicité et de bonheur partagés. Mais ces souvenirs semblent lointains, presque irréels, comme si le temps avait figé notre bonheur dans un passé révolu.

Je m'efforce de repousser les larmes qui menacent de couler, mais la douleur est trop vive, trop insupportable. Chaque image, chaque souvenir, me rappelle cruellement ce que j'ai perdu, ce que je suis sur le point de perdre. Je me sens déchirée entre le désir de tout abandonner et la peur de perdre ceux qui me sont chers.

Un profond sentiment de culpabilité m'envahit alors que je réalise l'ampleur des dommages que j'ai causés. Je me sens responsable de la douleur qui ronge mes amis, de la distance qui s'est installée entre nous. Mais je sais aussi que je ne peux plus reculer, que je dois affronter la réalité et faire face aux conséquences de mes actes, même si finalement, tout ça n'a rien à voir avec moi, mais avec mes parents.

S'ils s'attendent à retrouver leur fille comme ils l'ont connu en partant, ils se trompent. Car à cause d'eux, une partie de quelque chose en moi qui était en train de se créer s'est brisée. Et elle ne peut être réparée.

Avec un soupir, je referme doucement l'album photo et le replace soigneusement sur l'étagère. Je sais que je ne suis pas prête à tout leur dire, pas encore. Mais je sais aussi que quand le moment sera venu, ils seront là pour moi, prêts à m'entourer de leur amour et de leur soutien. Et pour cela, je suis reconnaissante.

Pourtant, malgré toute cette affection et cette complicité qui transpirent de ces clichés, je suis incapable de dissimuler la vérité qui pèse sur mon cœur. Je sais que je dois leur dire, que je leur dois la vérité, mais les mots me manquent. Chaque tentative de parler se solde par un échec, ma voix se brise et mon souffle se coupe, comme si mon corps refusait d'exprimer à voix haute les tourments qui l'habitent.

Les souvenirs défilent devant mes yeux embués, me rappelant à quel point notre amitié était forte, indéfectible. Nous avions partagé tant de moments de bonheur, de complicité, de soutien mutuel. Mais aujourd'hui, je sens que tout cela est sur le point de voler en éclats, que le poids de mes secrets risque de briser le lien qui nous unit.

Je sens que mes épaules tremblent et que mes yeux s'embuent. Je me sens soudain très seule, comme si tout l'amour et la compassion qui avait pu illuminer ces moments de cette année s'étaient éteints. J'ai l'impression d'être en train de perdre ceux qui, au fil du temps, ont tout fait pour me faire ressentir mon vrai potentiel, pour me faire me sentir à l'aise dans ma peau.

Je suis consciente que je ne suis pas obligée de faire ça toute seule. Mais Lucy a déjà tellement de choses à endurer, et même si je la considère comme une mère, elle n'est pas ma mère mais ma sœur et je lui en demande déjà beaucoup. Puis, Ella, Riele, Sean et Jace même si ils sont là pour m'écouter, je n'arrive toujours pas à leur dire la vérité, à leur avouer mon départ définitif, il est là le problème.

Je sais qu'ils sont là, qu'ils me soutiendront, mais je ne peux pas leur imposer ça, cette réalité. Alors que je suis perdue dans mes pensées, je sens soudain une présence derrière moi. Je me tourne vers le salon et je remarque une ombre qui se dessine à travers la vitre. C'est ma sœur. Je ne peux que la fixer, incapable de prononcer un mot, de lui dire quoi que ce soit.

J'entends les larmes dans ma voix quand je murmure finalement son nom.

- Lucy ?

- Coucou, petite soeur.

Je la vois entrer dans la pièce et m'adresser un petit sourire, qui malgré l'incertitude que je ressens, me procure une sensation de chaleur dans mon corps. Sa présence me procure un réconfort incomparable.

Elle a un petit sourire tendre et m'attire dans ses bras.Ses mains tiennent doucement mes épaules alors que mes larmes commencent à couler librement sur mes joues. Elle murmure, sa voix étant douce et tendre.

-Je sais que c'est dur pour toi, mais on a plus le choix. Je te promets d'essayer de trouver une solution.

- J'en ai marre Lu', si tu savais combien je donnerai pour rester auprès d'eux, de toi...

- Je sais, et pour ça on trouvera une solution, je te le promet, dit-elle.

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Avant-dernier chapitre, ça y est le 37 sera le dernier. 

Je n'arrive pas à dire si je suis impatiente d'avoir vos retours quant à la fin de l'histoire ou si je suis triste de voir la fin du tome 1 s'achever. 

Merci encore pour le soutien que je reçois, j'espère que vous aurez aimé votre lecture, 

Mathilde. 

Un simple tournageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant