Sous les éclats de rire moqueurs des invités du bal, Ali s'enfuit du palais en haillons, les lambeaux de ses vêtements flottant derrière lui dans la nuit. Chaque pas résonnait dans son esprit comme un rappel cruel de son humiliation, mais malgré la douleur et la honte, il s'accrochait à un brin de dignité alors qu'il se précipitait hors des portes du palais.
De retour chez lui, Ali s'effondra sur sa paillasse crasseuse, le cœur lourd de désespoir et de colère. Tandis qu'Ahmed et Hakim le regardaient, perplexes et préoccupés, des questions silencieuses se formaient dans leur esprit.
Ahmed (d'une voix douce) : "Qu'est-il arrivé, Ali ? Pourquoi es-tu de retour si tôt et dans cet état ?"
Mais Ali, submergé par le poids de son humiliation, ne put apporter de réponse. Il se contenta de baisser la tête, ses yeux brûlant de larmes refoulées alors qu'il luttait pour contenir la tempête de sentiments qui faisait rage en lui.
Le lendemain matin, Ali se leva avec un poids lourd dans le cœur, les souvenirs de la nuit précédente pesant sur son esprit comme un fardeau insupportable. Malgré tout, il se dirigea vers le souk, revêtu de ses guenilles habituelles, son visage sombre et résolu.
Alors qu'il nettoyait les lampes à huile du pauvre marchand pour lequel travaillait Abdal, Ali entendit les nobles passants discuter du bal du sultan et des merveilles qu'ils avaient vues : la beauté éblouissante de la princesse, l'élégance du prince Aziz. Une fois de plus, il se sentit inférieur, comme un étranger dans son propre pays, exclu de la splendeur et du luxe qui semblaient réservés à ceux nés dans la richesse et le pouvoir.
La colère monta en lui, brûlante et dévorante, alimentée par l'injustice de sa condition et la cruauté des privilégiés. Mais même au milieu de la fureur, un sentiment de détermination émergea dans le cœur d'Ali. Il refusait d'être réduit au silence, de se laisser écraser par ceux qui se croyaient supérieurs. Et ainsi, avec chaque goutte de sa sueur et de son sang, il se jura de se battre pour sa dignité et son honneur, peu importe les obstacles qui se dressaient sur son chemin.