Chapitre 6

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Deux semaines s'écoulèrent à la suite de l'arrivée de Faustine chez Monsieur Riote, son « maître ». Elle était, maintenant, intégrée et prenait le temps d'échanger avec toutes ses coéquipières de prison. La nouvelle captive connaissait, désormais, les moindres recoins de la demeure, par cœur. Néanmoins, elle n'avait pas encore eu la possibilité d'en sortir, ce qui la frustrait, au plus haut point. Si elle restait enfermer, jamais elle n'aurait l'espoir de croiser Natalia et de commencer à réfléchir à un plan d'évasion.

Isaac, quant à lui, restait égal à lui-même. Il la saluait et essayait de lui faire la conversation, en vain. Faustine n'avait aucune envie de lier quelconque relation avec lui. Catherine et Julie avaient tenté de la raisonnée quant à sa froideur et son insolence mais elle était décidée à maintenir ses positions. Les deux domestiques, malgré leur désaccord, avaient pris la jeune femme sous leur aile et l'avait faite travailler, dans plusieurs endroits de la bâtisse, pour qu'elle se familiarise avec toutes les fonctions. Il semblait néanmoins qu'Isaac déciderait, à la fin, de sa place au sein de sa maison.

Lors d'un après-midi ensoleillé, Faustine fut envoyée aux jardins, pour nettoyer et tailler les plantes. Le printemps était désormais bien installé et les jardins avaient besoin de beaucoup d'attention. Faustine aimait se retrouver dans la cour intérieure, qu'elle trouvait reposante. Julie l'accompagna et lui expliqua son rôle de la journée. Faustine devait arroser les plantes, ce qui était dans ses cordes. Elle saisit le tuyau, que lui tendit son amie, avec entrain. Les deux jeunes femmes avaient noué une belle relation malgré leur position à l'opposée quant à leur captivité. Elles passaient la plupart de leur temps libre ensemble, se rejoignant dans la chambre de la dernière arrivée, pour discuter de leurs anciennes vies. Ce qui la rassurait c'était que, par moment, Julie pouvait se projeter en dehors de la Secte. Faustine s'attela à regarder les différentes fonctions du tuyau d'arrosage, quand de l'eau en sortit, la surprenant. Elle se tourna vers Julie, hilare près du robinet.

- Un tuyau ne se tient pas comme ça, tu devrais le savoir. Lui dit-elle, amusée.

Faustine releva ses cheveux mouillés, pour les attacher, lançant un regard de défi à son amie. Elle sourit à la fautive et tendit le tuyau, dans sa direction. Julie fit un bond de côté mais ne put éviter le deuxième jet d'eau. Faustine toucha deux autres servantes, au passage, qui rigolèrent et essayèrent de l'éclabousser avec l'eau de la fontaine. Les éclats de rire résonnèrent dans toute la demeure si bien qu'ils attirèrent l'attention d'Isaac, enfermé dans son bureau depuis le petit matin. Intrigué, il regarda par la fenêtre pour observer la scène, puis se décida à sortir. Faustine tourna le tuyau vers une de ses attaquantes, cachée derrière un des buissons. Alors qu'elle allait repasser à l'attaque, les regards de ses acolytes la poussèrent à se tourner, vers la porte d'entrée. Faustine sourit, pensant voir Catherine, mais tomba nez à nez avec Isaac.

- Que faites-vous ? Demanda-t-il, en observant la tenue mouillée de son interlocutrice.

- J'arrose les plantes. Lui répondit-elle, se refermant sur elle-même.

Julie se précipita vers son maître et lui saisit les mains, les yeux implorants. L'attitude agaça Faustine, qui se retint de ne pas lever les yeux au ciel. Elle lui tourna le dos, reprenant son activité. Il était hors de question qu'elle joue à ce jeu avec lui.

- Nous ne voulions pas vous offenser, Monsieur Riote ! Nous sommes navrées, nous retournons au travail, tout de suite.

Isaac observa le reste des servantes. Leurs regards étaient pleins d'appréhension. Il détestait les voir avec la peur dans les yeux. Il leur sourit, tendrement.

- Tant que le travail est bien fait, vous pouvez le faire de la manière dont vous le souhaitez. Conclut-il.

Il fit demi-tour, pour retourner à son travail, lorsqu'un jet d'eau percuta ses chevilles. Isaac se tourna, surprit, vers les servantes. Faustine le regardait, faussement désolée.

InsoumiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant