Chapitre 7

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Dans la foule, alors que le duo revenait au domicile, une femme attira l'attention de Faustine. Isaac remarqua le changement de posture de la jeune femme et observa aux alentours. Il comprit la raison de son attitude et revint sur ses pas pour interpeller Greg. Natalia se trouvait derrière lui, la tête baissée. Son regard croisa celui de Faustine avant qu'elle ne le détourne. Les deux hommes discutèrent, pendant quelques minutes. Natalia lança, à nouveau, un regard, terrorisé, faisant signe à son amie qu'elle ne pouvait pas lui parler. Faustine remarqua le bleu sur l'épaule de Natalia. La rage grondait en elle, prenant le pas sur la tristesse. Elle se sentait impuissante. Greg finit par saluer Isaac, qui fit signe à sa servante de le suivre. L'état de son amie vint rompre ses dernières barrières. Faustine se retint tout le long du trajet de pleurer. Son amie avait déjà connu les coups. Isaac se tourna vers elle lorsqu'ils furent dans la cour de son habitation.

- Souhaitez-vous boire quelque chose ?

- Je souhaiterai me rendre dans ma chambre, si cela ne vous dérange pas.

Il lui fit signe qu'elle pouvait partir. Faustine sortit, calmement, de la pièce avant de se précipiter dans les escaliers. Elle referma la porte de sa chambre, derrière elle, laissant ses larmes s'échapper au moment où elle s'effondra à terre. Elle commençait à douter, quant à sa fuite. Comment pouvait-elle croire qu'une fuite était possible ? Il serait difficile de faire échapper son amie qui devait, déjà, avoir perdu tout espoir de liberté.

Isaac retrouva, à son tour, ses appartements. La sortie s'était bien mieux passée qu'il ne l'aurait pensé. Faustine n'était pas suicidaire, ce qui montrait qu'elle avait, un minimum, de bon sens. Elle savait se tenir et évaluer le danger que représente ses différents interlocuteurs. Il s'approcha de la porte de la Chambre Rouge, quand un fracas retentit. Il sursauta et toqua, inquiet.

- Faustine, est ce que vous allez bien ?

Un silence suivit sa question. Il entendit que la jeune femme ramassait quelque chose.

- Oui... Répondit-elle, la voix brisée.

Isaac hésita à ouvrir la porte mais se ravisa pour finalement se rendre dans sa chambre. Il ne devait pas faire dans les sentiments. Son rôle était de veillé sur les servantes et non de les consoler. Faustine s'en remettrait et se relèverait, il n'en doutait pas un seul instant. 

Faustine se réveilla, en sueur, dans son lit. Depuis son arrivée, elle faisait de nombreux cauchemars. Ses pensées allèrent directement à Natalia et, comme d'habitude, elle sut qu'elle ne retrouverait pas le sommeil tout de suite. La captive choisit de se lever pour sortir, discrètement, de la chambre. Elle se rendit dans la cuisine, pour se servir un chocolat chaud, puis descendit dans la cour intérieure. Le temps était doux et le silence du lieu, apaisant. Les images de son rêve s'éloignèrent petit à petit. Elle s'installa, au bord de la fontaine, et observa les étoiles. Faustine soupira, repensant à sa situation. L'évasion semblait beaucoup plus difficile que ce à quoi elle pensait. Dans son malheur, elle était néanmoins chanceuse d'être tombé sur un homme qui ne semblait pas apprécier la violence. Un bon point pour elle. Elle sursauta quand la porte d'entrée s'ouvrit. Isaac descendit les marches, en jogging T-shirt.

- Que faites-vous debout, à cette heure-ci ?

- Je monte un plan pour m'enfuir... Lui répondit-elle, du tac-o-tac.

- Cela n'a pas l'air d'avancer grandement...

Faustine ne put s'empêcher de sourire de la remarque. Elle était trop fatiguée pour dissimuler ses émotions. Son interlocuteur le remarqua et sourit, à son tour.

- Je crois bien que c'est la première fois que j'ai le droit à un sourire.

Il s'assit à côté d'elle gardant, tout de même, une certaine distance. Faustine le remercia, intérieurement, d'adopter cette attitude.

- Ne vous y habituez pas, je me suis laissé aller...

- Je me doute...

Elle laissa passer un silence avant de reprendre.

- Vous aviez peur que je m'enfuie, n'est-ce pas ?

- Je ne suis pas le plus serein depuis que vous êtes entre mes murs.

Faustine haussa les épaules et repensa à la discussion entre Isaac et Christophe. Bien qu'elle ne se souvienne plus de son rêve, elle était certaine que l'homme en blanc y figurait. Elle devait bien une chose, à Isaac, c'était de l'avoir sauvé d'un maître beaucoup plus violent et dangereux que lui. Elle se racla la gorge, ne pensant jamais avoir à prononcer ce mot.

- Merci... De... De m'avoir évité de finir avec cet immonde homme...

Isaac parut surpris avant de retrouver son visage impassible. Il regarda ses mains, se rappelant sa première rencontre avec Faustine et le courage dont elle avait fait preuve.

- Je dois dire que j'ai été le plus impressionné. Vous avez un aplomb que nous n'avons pas l'habitude de voir par ici.

Faustine acquiesça, consciente que son courage était aussi de l'inconscience. Avant qu'elle ne puisse répondre, la porte de la demeure s'ouvrit sur une des servantes, juste couverte d'un drap.

- Monsieur Riote... Que faites-vous dehors, à cette heure-ci ?

- Je reviens dans quelques minutes, retournez-vous coucher.

La jeune femme, que Faustine connaissait sous le prénom d'Amma, sourit à son maître.

- Je vous attends dans votre lit.

Elle referma la porte. Isaac jeta un coup d'œil, gêné, à Faustine, qui leva les yeux au ciel. Elle pouvait comprendre que ses amies soient reconnaissantes de l'attitude de leur maître mais la jeune femme avait dû mal à accepter que les servantes donnent leur corps pour cela.

- Vous n'aimez pas la violence mais vous ne dites pas non, à certains privilèges...

- Le devrai-je ? Tant que c'est fait dans le respect ? Dans votre société, vous couchez bien avec des inconnus, rencontrés dans des bars ou sur des applications de rencontre... Ici, elles me connaissent et sont souvent celles qui font le premier pas.

Faustine posa son regard sur son interlocuteur, ne trouvant pas son argument recevable.

- Les femmes, dont vous parlez, font le choix de ramener les hommes, en toute liberté ... Mais passons, je ne voudrai pas vous retenir. Je pense que vous avez des choses plus importantes à faire.

Isaac soupira face à la froideur de la jeune femme. Il l'observa, un instant, dans l'espoir qu'elle se livre, un peu plus. Néanmoins, elle ne rajouta rien. Il enleva sa veste, qu'il lui posa sur les épaules, et repartit dans la demeure. Faustine regarda le vêtement, qu'elle enleva pour le poser à côté d'elle. Croyait-il qu'il allait l'amadouer aussi facilement ? Elle resta, un instant, seule face aux étoiles avant de rejoindre la cuisine, pour nettoyer sa tasse. Un bruit, à la fenêtre, attira son attention alors qu'elle mettait à sécher la vaisselle. Elle s'approcha, méfiante, et distingua deux femmes, dans la pénombre de la ruelle, qui lui faisaient signe de leur ouvrir. Faustine regarda, autour d'elle, et finit par ôter le loquet.

- Tu es bien la nouvelle servante de Mr Riote ? Demanda l'une d'elle.

- Oui... Que voulez-vous ?

- Nous enfuir avec toi...

Faustine observa les jeunes femmes, surprise. Se pouvait-il que les servantes ne soient pas toutes soumises ? Elle leur sourit et passa à travers la fenêtre pour les rejoindre. Elle était prête à prendre tous les risques. 



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⏰ Dernière mise à jour : Apr 20 ⏰

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