Chapitre 5

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Dans la salle à manger, le repas était silencieux. Les rires des servantes, dans la cuisine, se faisaient entendre et habillaient l'espace. Bien qu'Isaac n'eût jamais été le plus bavard, Laura nota qu'il était particulièrement pensif, ce soir. Elle lui sourit, espérant relancer la conversation.

- Quelque chose ne va pas, monsieur ?

L'intéressé releva la tête de son assiette, revenant de loin.

- Une longue journée qui vient de se terminer.

- Dans ce cas, dès que nous aurons fini le repas, je m'occuperai de vous.

Isaac sourit de la proposition. Laura était ainsi, entreprenante, et il mentirait en disant qu'il ne trouvait pas cela plaisant. Il saisit son verre pour y boire une gorgée.

- Je dois d'abord faire faire le tour de la propriété à la nouvelle arrivante.

- Les filles peuvent s'en occuper. Lui répondit la servante, un sourire coquin aux lèvres.

- Non. Il s'agit de mon rôle.

Laura réussit à cacher sa déception, sachant qu'elle aurait sa nuit, avec lui, dans tous les cas. Elle se replongea dans son repas et se concentra sur autre chose. Elle savait qu'elle n'arriverait pas à lui tirer plus de mots. Dans ces moments-là, il valait mieux ne rien dire, au risque de se retrouver à dormir seule.

Faustine écoutait les commérages, depuis maintenant une heure, et en était épuisée. Comment ces jeunes femmes pouvaient plaisanter alors que leur situation était catastrophique ? Elle les suspecta, rapidement, d'avoir développé le syndrome de Stockholm. Julie essaya de l'entraîner dans les échanges mais rien n'y faisait, Faustine préférait rester silencieuse. Elle sentait, également, toute la peur de la journée peser sur ses épaules. La porte de la salle s'ouvrit sur Isaac et Laura, la faisant sursauter. Le maître des lieux vint au côté de Faustine.

- Allons visiter la demeure.

- Julie peut s'en charger si vous préférez profiter de vos privilèges... Lui répondit-elle, sous les regards, interloqués, des servantes.

Laura sourit de la remarque, prête à se lever pour accompagner Isaac, dans sa chambre. Néanmoins, le maître des lieux ne sembla pas vouloir revenir sur sa proposition. Il tendit la main à Faustine.

- Ne faites pas la têtue... Cela ne servirait à rien.

Julie adressa un regard à Faustine, l'incitant à ne pas faire de vague. La concernée finit par acquiescer et se redressa, de sa chaise, ignorant l'aide d'Isaac. Il lui fit signe de sortir, par une autre porte, et montèrent à l'étage.

- Je vais vous montrer votre chambre. Vous y avez tout le nécessaire mais si vous manquez de quoi que ce soit, faites le moi savoir.

- Trop aimable...

Isaac ne releva pas et ouvrit la porte. La pièce était spacieuse et un immense lit trônait, en son centre. Elle ne put retenir un hoquet de surprise.

- Ma chambre ?

- Oui. Vous attendiez-vous à dormir dans un cachot ? Demanda Isaac.

Faustine haussa les épaules. Isaac ne rajouta rien et lui fit signe de le suivre, lui expliquant le fonctionnement de la maisonnée lui montrant les différentes parties de la demeure. Le bâtiment était composé de trois étages, chacun possédait une dizaine de pièces. Faustine n'était pas certaine de toutes s'en souvenir mais cela lui importait peu, elle ne comptait pas y rester bien longtemps. Ils finirent leur visite par la chambre de Faustine. Isaac lui montra la porte d'en face.

- Ma chambre se trouve ici. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Vous n'avez pas le droit de sortir de la demeure, si je ne vous accompagne pas ou si vous n'avez pas un papier signé de ma main.

- Étonnant...

Pour la première fois, depuis leur rencontre, son guide soupira pour faire comprendre sa lassitude.

- Essayez de faire un effort, vous êtes ici pour un bout de temps.

- Je peux tenir longtemps... Lui répondit Faustine, maintenant son regard.

Isaac s'avança vers elle et la fit reculer. Même s'il semblait inoffensif, Faustine devait se méfier. Les hommes du Clan Lacole avaient une réputation de tortionnaire. La captive finit contre la porte de sa chambre, ne pouvant plus s'échapper. Isaac approcha son visage du sien, devinant que la jeune femme n'était pas à l'aise. Finalement, il lui sourit et replaça une des mèches, de sa servante, derrière son oreille. Faustine tourna son visage, furieuse d'avoir laissé sa peur prendre le dessus.

- Vous apprendrez à m'apprécier.

- N'y comptez pas !

Il lui sourit et recula, doucement, tout en restant sur ses gardes. Il savait que Faustine pourrait lui donner un coup, en plein visage, sur un coup de tête. Il la détailla et devina qu'elle était exténuée et à bout de force.

- Bonne nuit.

Faustine le dévisagea et entra dans sa chambre, sans demander son reste. Elle s'adossa à la porte et prit une profonde inspiration, dans l'espoir de calmer son cœur. Elle devait trouver le moyen d'approcher Natalia. Alors qu'elle faisait le tour des meubles de sa prison, elle sentit ses muscles se détendre et toutes les émotions de la journée retomber. Ses jambes se mirent à trembler et Faustine s'installa sur le lit, juste à temps, évitant de chuter. 

InsoumiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant