11. Le petit humain sans attribut.

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Il avait fallu arriver à la troisième victime pour que quelqu'un fasse le lien. Des policiers étaient tués et il s'agissait sans doute du même tueur. Pour le premier, on avait cru à un règlement de compte puisque le gars était connu pour être corrompu. Pour le deuxième, on avait pensé que la faute venait à un tueur quelconque. Avec le troisième on avait relié les trois victimes et on avait découvert que l'arme utilisée était la même. Quelqu'un tuait les policiers. Sans doute un sale type, un hybride qui avait plongé du mauvais côté. Il y eut une quatrième et une cinquième victime toujours venant de la police. Ce fut la sixième qui mit le feu aux poudres, car il s'agissait non seulement d'un policier, mais d'un de ceux qui étaient reconnus pour ses exploits.

Stain aurait pu expliquer son geste si on lui avait laissé la parole, il avait vu cet homme – soi-disant reconnus pour ses exploits – violer les femmes qu'il avait sauvées ; « un échange de bon procédé » leur disait-il. Et comme le monde était ce qu'il était, personne n'avait cru les femmes qui avaient osé en parler.

C'était à vomir, et Stain devait l'admettre, il avait pris un certain plaisir à voir la lueur de la vie s'éteindre dans les yeux de celui-là.

Les médias, tels des vautours, finirent par être mis au courant et puisqu'ils tenaient là un très bon sujet, ils se dépêchèrent d'en parler. Ils titrèrent « Le tueur de policiers sévit dans le pays ». L'information passa des journaux papier jusqu'à la télévision. On relégua les informations. Un supposé serial killer s'en prenait aux policiers. Sans doute un hybride, décrit comme cruel et froid, sans pitié, visait ces hommes et ces femmes qui sauvaient chaque jour des vies. Stain cracha sur son poste télé. Personne ne parlait des crimes commis par ces soi-disant sauveurs, ils passaient pour des martyrs alors qu'ils méritaient tous leurs sorts.

Puis Stain se reprit. Sa mission n'était pas terminée, il n'avait pas encore débarrassé le monde de ceux qui se faisaient passer pour les bons. Sa prochaine victime s'appelait Higaisha Haiko, c'était un policier considéré comme un héros pour le nombre de gens qu'il avait sauvé. Mais Stain avait étudié son dossier, ce mec ne s'intéressait qu'au pouvoir et à l'argent que les sauvetages lui rapportaient. Il avait déjà laissé crever des personnes pauvres sans même un regard pour eux, parce qu'il était trop occupé à sauver la vie des riches.

Il ne serait pas aussi facile à tuer que les autres. Déjà parce que maintenant, on savait que quelqu'un tuait les policiers dans l'ombre, et parce qu'il s'agissait d'un buffle assez costaud qui avait le pouvoir d'écrabouiller entre ses poings un peu tout et n'importe quoi. S'il attrapait Stain, il le réduirait en miettes, il allait falloir se montrer discret et malin. Deux choses qui caractérisaient très bien Stain.

Suivant l'homme à la trace, il découvrit que monsieur Higaisha était parti en montagne. Parfait. On avait vite fait en montagne, de trébucher sur une branche et de tomber dans un fossé, ou de, faute à pas de chance, être au mauvais endroit, au mauvais moment, et se trouver là au même instant qu'un glissement de terrain.

Une fois que Stain l'aurait bloqué, il le terminerait avec ses sabres, puisque c'était sa signature. Et cette fois-ci, peut-être que le tueur de policiers laisserait un message pour expliquer son geste, pour que les gens comprennent qu'il n'était pas le méchant de l'histoire.

xxx

Izuku s'était levé d'un coup en comprenant que Kacchan était Dragon-chan. Incapable de parler, de dire quoi que ce soit, de s'expliquer, il s'enfuit presque des bains devant l'air hébété de Kacchan. Izuku s'essuya vite fait, enfila ses fringues et plutôt que d'aller directement dans la chambre qu'il partageait avec Todoroki et Kacchan-Dragon-chan, il sortit du bâtiment pour marcher un peu dans la nuit. Il n'avait pas prévu s'éloigner trop loin, il voulait juste marcher et remettre de l'ordre dans ses idées. Si Kacchan était vraiment Dragon-chan, et c'était vraiment lui, Izuku en était sûr et certain, alors il lui avait confié des trucs intimes et Izuku se sentit rougir jusqu'à la pointe de ses oreilles. Dire qu'il était sans arrêt en train de dire qu'il admirait Kacchan, que c'était le meilleur, et patati et patata, c'était tellement gênant. Izuku émit un petit gémissement et se cacha le visage avec les bras comme s'il cherchait à disparaître. Ensuite il repensa à tous les câlins échangés avec Dragon-chan et donc par la même à Kacchan, et son sang se mit à bouillir. Il allait mourir de gêne bon sang, il n'oserait plus jamais regarder son ami d'enfance dans les yeux.

Sous le signe du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant