Coeur de brat

Chap. 35

Opaline n'en revient pas. Comment a t'elle pu accepter d'aller à cette fichue soirée? C'est un traquenard elle en est certaine, et plus ils s'approchent plus elle sent l'étau se resserrer autour d'elle.
Assise sur le siège passager, elle resserre de plus en plus ses doigts sur le tissu de sa robe courte en observant la nuit par la vitre. La robe n'est pas elle, Swann lui a donné pour l'occasion. Le tissu en satin noir est léger et très dénudé. Elle est emmitouflée dans son gros manteau pour ne pas avoir froid jusqu'à être au chaud en intérieur. Sous sa robe, un autre ensemble de lingerie, rouge cette fois, assorti ave le rouge à lèvres qu'il lui a demandé de mettre. Ses cheveux sont détachés, et ses yeux très maquillés.
Opaline se sent sexy, attirante et belle. Mais également fragile et intimidée.

Au fond, Swann a raison bien-sûr, elle aime les expériences, elle aime découvrir et vivre de nouvelles choses, même si cela est effrayant. C'est pour ça qu'elle est dans cette voiture, pour ça qu'elle a accepté. C'est en fait même pour ça qu'elle aime le BDSM et a choisi de rester ces trois semaines avec cet inconnu. Opaline a toujours un peu peur, mais elle aime avoir peur, elle aime l'adrénaline que cela lui procure et les orgasmes toujours plus puissants qui en résultent.
Néanmoins, en cet instant la jeune femme regrette un peu d'être aussi audacieuse. Mais elle ne veut pas faire marche arrière. Depuis deux semaines qu'elle le fréquente, elle constate bien qu'elle peut d'une certaine manière faire confiance à Swann. Bien-sûr il la torture, la baise sans pitié, lui fait mal et lui refuse même des orgasmes quand elle n'est pas sage, mais pourtant, elle lui fait confiance, car il est en accord avec ses principes. Il ne lui a jamais menti, est honnête avec elle, et droit dans ses bottes... même si ce sont des bottes de sadique.

-Tu es toute pâle, lui dit-il, la sortant de ses pensées.
-Oh... et bien j'avoue que j'appréhende un peu pour être honnête.

Il sourit, sans lâcher la route du regard.

-C'est normal, j'étais dans le même état la première fois. C'est une amie qui m'y avait emmené. Mais finalement je n'ai pas regretté.
-Une « amie », répète Opaline avec un petit rictus. D'ailleurs, combien de demoiselles avez-vous emmené chez ce couple? Ils avaient l'air d'y être habitué.
-Tu es la quatrième.

Elle qui pensait qu'il tournerait autour du pot ou changerait du sujet, elle est presque étonnée d'une réponse si claire.

-Et... cette robe. Elle a été portée par beaucoup de filles?

Swann a un petit rire:

-Elle est neuve très chère. D'autres questions?
-Oui. Vous travaillez dans quoi?

Cette fois il éclate de rire:

-Tu ne laches jamais hein?
-Non. Jamais.
-La réponse est toujours la même: tu as le droit à deux propositions par jour.
-Hum... bon je récapitule, enfin si je me souviens de tout. Vous n'êtes donc pas commercial, pas médecin, pas juriste, pas chômeur, pas plombier, pas architecte, pas cuisinier, pas maçon, pas mécanicien, pas étudiant, ni conducteur de taxi ni de poids lourd...
-Pas vétérinaire non plus, ni physicien.
-Ah oui c'est vrai. Pas banquier, pas agent secret, pas prof, pas agriculteur, pas stripteaser, pas serveur, pas mannequin, pas photographe, pas infirmier... C'est horrible. J'ai l'impression d'avoir déjà tout essayé.
-Tu exagères. Des métiers il y en a encore pas mal.
-Ouais, bah justement il y en a trop. Et vous ne voulez pas me donner d'indice.
-Je suis sur que tu peux y arriver comme une grande. Allez je t'écoute.
-Bon... est ce que vous êtes... euh... travailleur du sexe?

Nouveau rire de la part de Swann.

-Non, même si je sais que tu aimerais bien. Mais le sexe pour moi ce n'est qu'une passion.
-Ça m'arrange, je ne serais pas assez riche pour me payer vos services.
-Voyons Opa, je t'aurais fait un prix à toi. 10% sur toutes les prestations.

Opaline rit en prenant un air offusqué.

-Vous êtes odieux.
-Je sais. Et ça te fait mouiller.
-Je ne vois pas de quoi vous parlez. Bon... laissez-moi réfléchir. Vous êtes... hum... acrobate?
-Et non. Toujours pas. Il te reste encore quelques jours pour trouver. Mais en attendant, nous voilà arrivés.

Et sur ces mots Swann s'engage dans un petit chemin le long de hauts platanes, et la voiture arrive enfin à une grande propriété aux fenêtres éclairées, tandis que déjà une dizaine de voitures sont garées sur le terrain.