Chapitre 5

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Les mains posées sur le volant de sa Mercedes-Benz, le brun me conduit tranquillement jusqu'au commissariat. Le vrombissement régulier du moteur accompagne notre trajet dans le calme de la nuit, tandis que les lampadaires défilent, projetant des ombres dansantes sur la carrosserie rutilante. À l'intérieur, une lueur douce émane du tableau de bord, soulignant les lignes élégantes de l'habitacle en cuir..

Après seulement quelques minutes de route, il choisit de rompre le silence que j'avais imposé.

- Eh bien, eh bien, on a une grand-mère délinquante maintenant ? C'est pas banal comme histoire ! J'espère qu'elle a au moins eu le bon goût de choisir un délit original !

- je ne suis pas d'humeur a jouer, la. répliqué je d'un ton grave tout en observant, a travers la fenêtre, la ville endormi.

Il ne répond pas, se concentrant de nouveau sur la route et c'est mieux comme ca. Mais, Après un moment de longue réflexion, un sentiment de culpabilité m'envahit soudainement. Il a abandonné la fin de son concert pour m'emmener, une inconnue, et je lui dois bien des explications.

- ma grand mère est malade lâché je dans un soupir.

il se racle la gorge discrètement.

- elle a quoi exactement ?

- une démence. je sens les larmes me monter aux yeux. ça a commencé par de simples oublis, une perte de ses reperds, et puis un jour elle ne m'a pas reconnue.

Je m'en veux terriblement de l'avoir laissée seule à la maison ce soir. Si seulement j'étais restée tranquillement chez moi, si seulement je n'avais pas cédé à Madison, j'aurais pu être là pour elle. Une boule se forme dans mon estomac, me nouant les entrailles. Je prends une grande inspiration pour refouler mes émotions. Je refuse de craquer devant les autres et surtout pas en sa présence.

- mon arrière-grand-mère avait Alzheimer, commence t'il d'une voix grave, C'était difficile de voir comment cette maladie l'a lentement emportée. Elle ne se souvenait même plus de nos noms à la fin...je suppose que la vie nous réserve parfois des épreuves auxquelles on ne s'attend pas.

et c'est la, Dans cette voiture luxueuse, sous les yeux de cet arrogant, que je me laisse submerger par les larmes que je retenais depuis l'appel de la police.

Mon corps se secoue bientôt de sanglots incontrôlables, libérant enfin le poids écrasant de l'angoisse.


***


Après ce moment de gêne, un silence pesant s'est abattu sur le reste du trajet. Il n'a pas prononcé un mot de plus, se contentant de conduire jusqu'à ce que nous atteignions le commissariat, situé à quelques pas à peine de chez moi.

Je descends de la voiture, mes pas résonnant légèrement sur le bitume sous mes pieds. Alors que je m'apprête à fermer la portière, mon geste se suspend dans l'air. Une hésitation s'empare de moi, une envie subite de me retourner. Je fais volte-face, mes yeux cherchant les siens dans le rétroviseur.

-Merci , Vraiment.

Un sourire se dessine sur son visage et il me lance un clin d'œil.

-À ton service, miss libraire.

Un dernier rictus effleure mes lèvres et je me dérobe dans l'ombre grandissante de la nuit naissante. Mes pas, lents et mesurés, s'éloignent progressivement du véhicule.

Ensuite, je pénètre dans le commissariat. Les murs blancs, les néons blafards et l'atmosphère chargée d'urgence me submergent alors que je me dirige vers l'accueil. Mon cœur bat la chamade, l'anxiété revenant m'oppresser de plus en plus à chaque pas.

Carpe DiemWhere stories live. Discover now