Les semaines suivante, Rowan s'impose dans ma chambre. Je vous arrête tout de suite dans votre imagination fertile ! Il n'y a aucune arrière-pensée derrière cette initiative. Il dort même sur le canapé en face de mon lit. C'est surtout pour me surveiller et me sevrer du zaps. J'ignore s'il le fait de sa propre initiative ou si c'est Hector qui le lui a demandé pour le bien de la mission. Et pour le mien, je ne préfère pas savoir. Je ne lui ai donc pas posé la question. Car il certain que l'une des réponses finirait de m'achever si le sevrage ne le fait pas avant.
J'ai appris que mon séjour en prison n'a duré qu'une poignée d'heures. Ce qui n'est pas suffisamment long pour me faire ressentir la sensation de manque. Au bout de trois jours cependant, les vomissements ont commencé. Rowan se tient constamment à mes côtés. Me tenant les cheveux en douceur et me massant le dos de manière circulaire pour m'aider à évacuer. C'est un cercle vicieux. Si je mange, je retourne inexorablement aux latrines alors j'ai tout bonnement cessé de me nourrir. Rowan a commencé à me forcer au bon du deuxième repas sauté, prétextant que je devais garder mes forces. Au début, je résistais et puis les forces m'ont quitté et il a pu me nourrir à la becquée. Cette triple buse arrive toujours à ses faims. Mais mes muscles sont trop douloureux et mes tremblements trop rapprochés pour que je n'émette la moindre protestation. A vraie dire, ça ne me vient même plus à l'esprit de lui tenir tête. Je suis juste fatiguée.
Je suis en sueur et la table de chevet me fait continuellement de l'œil. Même s'il n'y a plus rien depuis un moment. Rowan y a veillé. Il a versé le contenu intégral du sachet dans les égouts. Je me demande si je peux en diluer l'eau trouble pour distiller mon produit. J'en suis sûr que certain vont essayer. Les paillètes dans de l'eau crasseuses sont facilement remarquable et on va tout de suite comprendre que c'est du zaps. J'envie presque les camés qui traine ou vive dans ces lieux sombres. Mais je ne suis pas en état de m'y rendre. Car je brûle. Je suffoque de l'intérieur. Hurle de l'intérieur. Mon corps, non, mon âme réclame son dû. Elle veut sentir les relents de fleur et voir les rideaux de paillète brouillait mon champ de vision. Gouter le goût âpre qui se dépose sur l'arrière de ma langue après chaque inhalation. Mais, plus que tout, je veux revoir Lenore. La forme angélique de son visage devient déjà floue. Son contour si familier s'estompe peu à peu de mon esprit. Avait-elle un nez aquilin ou droit comme moi ? Je ne m'en rappelle plus. Et ça me rend encore plus nauséeuse. Ses yeux, en revanche, semblable au miens, me hante dans un dernier souvenir qui me nargue.
Pendant que Rowan dort sur le canapé, je me lève discrètement de mon lit. Ce qui foire inexorablement puisque mes gestes sont saccadés. Je fais donc un bouquent monstre mais ça ne surpasse pas le bruit de ses ronflements alors il ne se réveille pas. Je retire ces fichus draps qui me font encore plus transpirer et tombe du lit. Je me relève tant bien que mal pour me diriger vers la salle de bain. Je m'y assoie dans un coin. Me recroquevillant sur moi-même, la tête reposée sur mes genoux et mes bras enlaçant mes jambes.
Le carrelage froid me fait un bien fou. Mais mon crâne continue toujours de pulser, me fessant souffrir, et la chaleur ne cesse pas. Un feu incandescent. Je bouille de l'intérieur. Mes membres tremblent si fort que j'en claque des dents. Je suis comme balayé par un vent invisible qui me secoue dans tout les sens. Les rasoirs sur le lavabo me font de l'œil. Mes pauvres jambes commencent à retrouver leur pilosité naturelle et je m'en fiche bien. Pourtant, croyez-moi, je les ai en horreur. Je me demande surtout si j'aurais le courage et la force de me lever pour les prendre. La mort serait une délivrance... non. C'était de la facilité et je me le refuse. Être faible et je refuse de l'être.
On toque à la porte fermée de la salle de bain mais je ne réponds pas. Rowan faufile sa tête et l'ouvre aussitôt pour s'assoir à mes côtés. Sans un bruit. Nous n'échangeâmes pas le moindre mot. Et c'est reposant. Ma tête dérive vers son épaule et je m'y appuie dans un soupir. Mes cheveux sont poisseux et ne sentent probablement pas la rose. J'espère qu'il a le nez accroché mais il ne bouge pas.
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We were born to die
Fiksi RemajaLe prince Fae de l'empire Neiseg cherche des concubines. Et pour cela, l'empereur a convié 200 femmes de l'empire et des environs. Toutes d'ascendances nobles ou princières. Toutes sauf une. Car le prince Andrei a un contrat sur la tête. Et il doit...