Chapitre 6

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La dague ensanglantée dans mes mains tremblantes. J'avais les bras relevés devant moi dans un semblant de protection. Celle-ci était encore vierge de sang jusque-là, mais maintenant, de l'hémoglobine gouttait de la pointe et tachait le vieux parquet. Je ne l'avais encore jamais utilisée, et j'espérais ne jamais avoir à l'utiliser -jusqu'à aujourd'hui.

Je l'avais toujours gardée sur moi. Peut-être allait-elle me servir ? Me disais-je toujours. Mais je ne me pensais pas capable de blesser pour de vrai quelqu'un.

Je ne l'utilisais que pour couper de la corde ou trancher en lamelles des légumes lorsque je devais cuisiner en échange d'un lit dans une auberge.

Un silence angoissant envahissait la salle. Plus personne ne parlait. Tous les yeux étaient rivés sur nous, certains horrifiés, d'autres dédaigneux, et, sortant du lot, je croise l'œillade amusée de Cassien. A la fois amusée, intriguée et attentive.

Mon agresseur ne semblait plus pouvoir tenir debout, il s'affale sur le sofa. Il lance un coup d'œil vers le comptoir où Alexander avait rejoint Cassien, il devait surement chercher de l'aide au vu de son regard offusqué lorsqu'aucun des deux hommes ne bougent le petit doigt pour le secourir. Sa main placardée sur sa cuisse, il faisait tout son possible pour empêcher sa jambe de se vider de son sang. Alexander bouge le premier, il contourne le bar pour nous rejoindre. Je ne sais pas s'il vient pour me soutenir ou s'il est du côté de l'adipeux. Je l'observe s'approcher, anxieuse des conséquences de mes actes.

Enfin devant nous il me surplombe de sa taille, son regard marron ne dégageait aucune haine. Avec un petit sourire au coin des lèvres, il me fait un clin d'œil qui me rassure instantanément. Il se tourne vers l'homme, puisque celui-ci était assis, il est obligé de lever la tête à s'en tordre le coup pour le regarder dans les yeux.

-Je vous demanderais de bien vouloir quitter mon établissement. D'un geste de bars il désigne la porte qui était imprégnée d'eau par les intempéries de cette matinée.

Ses yeux ronds comme une orange et sa mâchoire tellement ouverte qu'elle pourrait en tomber témoignent de sa consternation.

-Mais ! Comment ça ?! C'est elle qu'il faut mettre à la porte ! Braille-t-il en me pointant du doigt.

Les yeux des clients allaient et venaient entre lui, moi et Alexander, on aurait dit qu'ils suivaient une pièce de théâtre et que s'ils ne clignaient qu'une fois des yeux il perdraient le fil de l'histoire. Ce dernier soupire profondément, et je m'en veux de lui faire subir tout cela. Alors que j'allais pour partir, Cassien qui s'était fait discret jusqu'ici s'avance vers nous. Je ne sais pas s'il allait être du côté de son ami, mais il se montrait furieux.

Il me frôle et je crois qu'avec la force qu'il exerce pour agripper le col de l'homme il aurai pu me faire tomber si je ne m'étais pas décalée de sa trajectoire.

Complétement figée, je n'interviens pas lorsqu'il bouscule des clients qui entrent dans la taverne pour s'abriter de la pluie. Sa main est fixée sur l'homme et les deux se dirigent vers la sortie, bien que l'un aie du mal à tenir debout sans s'effondrer.

-C'était vachement sexy. La voix me sort de ma torpeur, je me retourne précipitamment vers Alexander qui s'était assis sur le canapé derrière moi.

Je décide de l'ignorer et de me concentrer sur quelque chose de plus important :

-Que va-t-il lui faire ? Je n'ai pas besoin de préciser de qui je parle ; cela me semble évident.

Il rigole. Il n'a pas l'air de me prendre au sérieux. Il essuie une fausse larme sous son œil et je lui lance un regard tellement mauvais que je sens mon visage se froisser. Il décide enfin de me prendre en considération et se concentre sur mon visage avec un sourire sur les lèvres et des yeux brillant.

-A vrai dire, je ne sais pas trop. Il faut se dire qu'il est assez lunatique, un jour il a le sang chaud et un autre il l'a froid, glacial même ! Il rigole de nouveaux fier de sa « blague ». Mais plus sérieusement, reprend-t-il, il lui fera peur un bon coup et lui dira de dégager. Il attrape un verre sur la table et la bouteille de vin et s'en sert. Il lève la bouteille vers moi, pour m'en proposer, mais je refuse d'un simple secouement de tête. Il hausse de nouveau les épaules.

Autour de moi les conversations reprennent comme si tout ce qu'il s'était passé n'avait jamais eu lieu. L'atmosphère tendue et froide laisse sa place à une atmosphère avec une consonance sexuelle créée par les caresses que produisent hommes et femmes sur leur partenaire.

Je me rassois au côté d'Alexander, les coudes posés sur mes genoux et le menton recueillit sur mes mains. J'entends la porte en bois se rouvrir et Cassien franche le seuil -seul- toujours aussi tendu que lorsqu'il est sorti. Je relève les yeux vers lui, il se rapproche de nous et s'affale sur sa place d'origine. Il ferme un instant les yeux et expire profondément surement pour décompresser. Il les rouvre et les pose sur moi.

-Vous allez bien ? Se soucie-t-il.

-Oui, merci. Je lui réponds, je baisse les yeux gênée et remarque dans mes mains le poignard que je n'ai pas lâché depuis. Mes doigts étranglent le manche à tel point que ma main entière en est devenue blanche. Je délie mes doigts tremblants et lorsque le poignard est libéré il s'échoue sur le sol dans un fracas de métal rebondissant plusieurs fois sur le pauvre sol.

C'est Alexander qui se dévoue pour le ramasser en le prenant avec deux doigts et en se précipitant vers une porte qui doit mener vers la cuisine.

Les yeux toujours baissés sur mes mains et mes jambes, j'ai une vue plongeante sur le sang qui parsème mes cuisses, mon thorax et mes mains tremblantes. Cassien se relève pour se rassoir à mes côtés. Il entoure d'une seule main mes doigts et les pose sur sa cuisse. Il ne se préoccupe pas du sang qui tâche sa main et son pantalon que je ne pourrais au grand jamais rembourser.

-Nous allons séjourner ici jusqu'à ce soir, je vous offre les repas et la chambre, et, si vous le voulez, vous pourrez vous doucher et laver vos vêtements, Alexander vous prêtera des tenues qui appartiennent à sa mère. Sa vois est d'une étrange douceur que je en lui aurais pas soupçonnée.

-Je... Hum, je ne sais pas quoi dire, merci beaucoup ?

Il rigole un franc coup le sourire aux lèvres, wow qu'il est beau.

-Mais de rien ! plaisante-il, sa main ne ma toujours pas lâché et il ne semble pas compter me lâcher.

-Ce que je veux dire c'est que je ne peux pas vous rembourser et maintenant j'ai deux dettes envers vous.

Son sourire ne fait que s'amplifier d'avantage et aussi impossible que cela puisse paraître, celui-ci ne le rend que plus beau qu'avant.

-Vous vous êtes déjà acquittée de l'une de vous dettes lorsque vous avez poignarder cet homme.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 26, 2024 ⏰

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Iliana [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant