chapitre 4

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Tout un tas d'émotions tourbillonnent en moi. Je ne sais pas lesquelles précisément. Mais je devine aisément la peur, la colère, le choc et même peut être une touche de reconnaissance.

Mon regard ne cessait d'alterner entre le fruit qui a failli me prendre la vie et mon sauveur- qui avait, entre-temps, lâché mon bras. Il reprend la parole me coupant dans mes pensées :

— De l'if

Je papillonne des yeux ne comprenant pas de quoi il parle. Il saisit ma question silencieuse, et reprend la parole ; m'éclairant :

— Le fruit que vous alliez manger c'est une baie d'if, c'est une plante mortelle. Vos maux commenceraient par des vertiges, des vomissements, de la fièvre. Continuant par des évanouissements, vous cracherez du sang. Au bout d'une semaine, vous aurez perdu la moitié de votre poids, votre visage et vos cheveux seront ternes- vous en perdrez, d'ailleurs, des cheveux- ce ne sera que quelques mois plus tard, après des semaines de souffrance que vous vous estimerez chanceuse de mourir.

Je ne savais pas si je devais le remercier ou prendre mes jambes à mon coup pour m'enfuir le plus loin possible. Intérieurement je savais que la seconde proposition était la plus favorable. Son aura empestait la cruauté et son allure, sombre, ne me faisait que penser un peu plus à un démon venant prendre l'âme des humains.

— Vous ne me remerciez pas ?

Lit-il dans mes pensées ?

Son ton moqueur me fait grincer des dents. Très bien, il m'a sauvé la vie mais ce n'est pas une raison pour être aussi désagréable et impolie. Je croise les bras, buté.

— Non. Je ne vous ai jamais demandé de me sauver. Et puis peut-être que si vous étiez moins désagréable j'aurais pu vous remercier.

— Malheureusement c'est contre ma nature, sourit-il.

Irritant.

Voilà un mot qui lui convenait parfaitement.

De même qu'agaçant, énervant et insupportable

— Vous n'avez toujours pas répondu à ma question, et si vous vous demandez laquelle c'est celle concernant votre présence ici.

— Je ne vois pas en quoi cela vous concerne.

Il hausse les épaules, comme si tout ceci n'était qu'un jeu, une blague de mauvais goût à laquelle il est ravi de jouer.

— Simple curiosité.

Ma langue claque contre mon palais, j'opère un demi-tour voulant l'éviter à tout prix. Mais pour la deuxième fois, sa main me stop dans mon élan. Il me retourne rapidement, m'obligeant à lui faire face.

— Êtes-vous au courant que vous risquez de mourir dans cette forêt ?

Sa question aurait pu me faire réagir si je n'avais pas vu la couleur de ses yeux.

Vert

Je reste hypnotisé devant ses iris. Le simple fait de voir cette couleur me fait retourner des années avant. Lorsque ma mère était vivante. Lorsque je n'avais pas besoin de faire tout ça pour vivre. Lorsque ma vie était parfaite.
Lorsque je ne survivais pas.

— Vous m'écoutez ? La voix de l'inconnu en plus de sa main se secouant devant mon visage me fait sortir de mon état semi-conscient.

— Pardon ?

Il lève les yeux au ciel, excédé.

— Je vous demandais si vous vouliez faire le reste de la route avec moi.

– Mais pourquoi ?

Il soupire et marmonne quelque chose d'incompréhensible, mais à mon avis ça ne devait pas être des compliments.

— Je me dirige vers une taverne à la lisière de la forêt, j'y vais pour manger et dormir. Il marque une pause dans son explication, surement pour s'assurer que je l'écoute bien. Une fois qu'il obtient une confirmation il continue : et j'ai pitié de vous donc je vous ai proposé de m'accompagner.

— Je ne veux pas de votre pitié ! je m'exclame, consterné de son insolence qui devient habituelle

Je lui tourne le dos énervé, et commence à m'éloigner. Je ne savais pas quelle direction prendre ni où je me trouvais alors j'avance à l'aveugle. Mais à peine je fais un pas qu'il m'arrête à nouveau.

— C'est juste que je m'en voudrais si je vous retrouvais morte déchiqueter par une meute de loups.

Je n'arrivais pas à deviner si son ton était sincère ou sarcastique. Il continuait de m'observer encore quelques secondes. Peut-être attendait-il quelque chose de ma part me suis-je dis.

— Vous allez manger et dormir là-bas c'est bien ça ?

— oui c'est bien ce que je viens de dire...

— Et vous payerez pour moi ?

— Oui je suppose...

— Très bien !

Ses yeux s'écarquillent légèrement, sûrement surpris de ma coopération. Mais je ne pouvais pas passez à côté d'un lit douillet et d'un plat chaud.

— Donc... nous y allons ?

— Oui bien sûr.

C'est étrange de le voir ainsi. Il paraissait... dérouté

Nous commençons à marcher côte à côte avec pour compagnie le silence. Je voulais lui poser une question mais je ne savais pas comment briser le silence sans devenir toute rouge.

— Dites-moi.

Sa voix me fait sursauter et je me tourne rapidement vers lui.

— Depuis tout à l'heure vous ne faisiez que jeter des coups d'œil dans ma direction, je suppose donc que vous avez quelque chose à me demander.

— Je suis si indiscrète que ça ?

— Oui un peu. Il rigole. Je me joins à son rire aussi, ça fait du bien. Comme un poids qui se Libert de mes épaules. Un poids légé, certes, mais tout aussi apaisant.

Une fois ce moment passé, un nouveau silence s'installe. Mais cette fois si, il n'est pas malaisant, il est relaxant. Du coin de l'œil je vois ça tête sa tourner vers moi, je comprends qu'il m'incite silencieusement à lui poser la question qui rodait dans mon esprit depuis un certain moment.

— Qui êtes-vous ?

— Il me faudrait quelque chose de plus précis.

Je ne le regardais pas mais je savais qu'il souriait.

— Ce que je veux dire c'est que vous paraissez noble mais... je ne sais pas, votre comportement, votre façon de parler. Ce n'est pas ce que ferait un noble.

— Parce que vous en avez rencontré beaucoup des nobles ?

— Vous évitez ma question.

— Vous aussi.

Je pouffe, il est coriace.

— Non je n'en ai jamais rencontré, mais je devine facilement comment ils sont. J'y ai répondu maintenant c'est à vous.

— Je suis bien noble, mais je les exècre tous.

— Pourquoi ?

Il m'observe à la dérober, et répond après un long silence.

— Ce n'est pas encore le moment de le savoir.


Iliana [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant