chapitre 3

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Cela fait plus d'une heure que je marchais depuis que j'ai posé un pas dans ce sentier. Une heure que je m'obligeais à ne pas faire de pause. Une heure que je désespérais à trouver un village ou juste une petite taverne pour y dormir. Le soleil s'est totalement levé éclairant mon chemin et rendant cette forêt moins sinistre.

Je croise quelques animaux sauvages, mais je pense que je ne croiserai pas d'être humain avant longtemps. Je continuais mon chemin les paupières lourdes, vingt-quatre heures que je n'ai pas dormi, seule l'adrénaline m'a tenue éveillé jusqu'ici.

La faim rendait ma gorge sèche. Mais en même temps, la soif la rendait pâteuse. Je priais pour croiser une rivière ou un arbuste fruitier, qui pourrait assouvir ma faim. Mon pas se fais plus lourd, plus lent. Mais je me cramponne à la vaine espérance de pouvoir bientôt dormir dans un lit et de manger un plat chaud. Mon esprit commençait à imaginer un potage de légumes, me faisant saliver et délirer.

C'est lorsque j'arrive devant un ruisseau que je m'autorise à m'arrêter. M'agenouillant devant le courant d'eau, je porte mes mains en coupe pour les plonger dans l'eau et les amener à ma bouche. La fraicheur de l'eau me fait revivre, je bois plusieurs gorgées à la suite me resservant sans cesse. Après quelques de minutes de purs bonheurs, je me relève, non sans mal. Bien que la nourriture me manque affreusement, avoir eu l'occasion d'étancher ma soif, permit à ma détermination de s'élever à un nouveau niveau.

Les paupières tombantes, je continue ma route.

Je pris de nouveau le seigneur, pour qu'il me prenne en pitié et fasse apparaître sur mon chemin un arbre fruitier. Ou un simple buisson avec quelques baies que je pourrais cueillir.

Les secondes passent, les minutes défilent.

C'est par miracle que je croise quelques mètres plus loin un petit arbuste, avec quelques baies d'un rouge tellement foncé qu'il tirait vers le violet. Tellement foncé que dans la pénombre, elles paraissaient noires. Comme hypnotisé, je m'avance, tendant le bras pour y cueillir le fruit. Mais alors que mes doigts frôlent la baie, un bras me bloque le passage.

Je relève la tête, contemplant l'homme qui se trouve face à moi.

Habillé des pieds à la tête de noir, il aurait pu passer inaperçu s'il faisait encore nuit. Sa carrure était imposante, son aura dominante, son regard déstabilisant. Ses cheveux partageaient la même couleur que ses vêtements, mais ses yeux, eux, étaient étrangement clairs. Je ne peux pas en deviner la couleur à cause de l'ombre de l'immense arbre à nos côtés.

Je ne trouve pas l'usage de la parole. Alors, après quelques secondes il se décide enfin à m'adresser la parole.

— Pourquoi êtes-vous vêtue comme un homme ?

Je reste muette, estomaqué par le culot de l'homme devant moi. Ce n'est que quelques secondes plus tard que je remarque que sa main ne m'a pas lâché. Je tire dessus voulant me débarrasser de sa poigne douloureuse. Il ne me lâche pas, au contraire, il me rapproche encore plus de son corps.

— Lâchez-moi bon sang ! Je m'exclame, énervé de l'attitude plus que déplacé de cet inconnu.

— Et que fait une gamine toute seule dans la forêt ?

Bien que ses questions soient totalement inutiles et idiotes, son ton était totalement sérieux.

— Une gamine ? Je vous demande pardon ?

En à peine quelques secondes, ma faim et ma fatigue disparaissent. Je ne laisserai pas un idiot mal élevé m'insulter comme ça, pensais-je.

— Oui une gamine, vous devez avoir quoi ? Seize ans ?

Je croise les bras, énervé, sur ma poitrine.

— J'en ai vingt-trois.

Il hausse les sourcils. Son regard se porte ensuite sur le buisson derrière moi. Là où se trouvent les fruits qu'il m'a empêché de manger.

Son visage perd son expression amusée, sa voix s'est faite sérieuse avec pour tant la même lueur de sarcasme dans ses yeux :

— Si vous étiez aussi mature et compétente que vous le pensiez, vous sauriez que ce sont des baies toxiques.

Iliana [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant