Chapitre 3 : Lucille, Lorelei

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Londres 1853, Kensal Green...

  Lucille avait bénéficié de deux heures de pause de la part de la marquise. La jeune femme en avait profité pour venir se recueillir devant la tombe de sa défunte amie en se remémorant leurs souvenirs les plus joyeux. De son vivant, elles avaient tant partagé ensemble : leurs rêves et leurs aspirations, leurs déceptions et leurs peines. Edna avait été comme elle, une enfant illégitime, et bien qu’elle se fût montrée évasive sur les circonstances de sa naissance, cela les avait rapprochées.

  En venant au cimetière, elle n’avait été que peu surprise d’y voir le comte de Bedford, puisqu’il avait assisté à la dernière cérémonie de la jeune dame de compagnie. Ensemble, ils avaient marché jusqu’à la tombe, puis devant la pierre, chacun s’était muré dans un silence de circonstance en parlant probablement dans son cœur.

Maintenant, il fallait qu’elle s’en aille. Disposant rarement d’heures libres en milieu de semaine, il ne fallait pas en abuser. Le seul jour qui lui appartenait totalement était le dimanche, les autres étant consacrés à Lorelei car après son accident, elle était devenue davantage sa dame de compagnie que sa gouvernante. Ensemble, elles partageaient diverses activités et ne manquaient pas de sujets de conversation. Son travail ne constituait qu’un prétexte pour faire tout cela, car elle aimait énormément sa plus jeune sœur. Néanmoins, l’épine dans leur relation était la constante intrusion de la marquise ; cette dernière, sachant que Lorelei ne retrouvait une partie de sa gaieté qu’avec elle, n’avait de cesse de la harceler et ne tolérait pas ses absences. Certes, c’était louable de sa part de vouloir rendre la vie de sa fille heureuse et aussi agréable que possible, mais la manœuvre devenait très cruelle si pour cela, elle était prête à étouffer la vie d’autrui. Lucille avait du mal à avoir une réelle vie privée et parfois, cela lui pesait et lui devenait très pénible. Mais tout cela allait heureusement changer, parce Lorelei allait épouser le frère cadet d’un duc d’ici la fin de la saison. 

  La jeune gouvernante glissa une main dans la petite poche de sa robe et en sortit une montre, sur laquelle elle put lire onze heures et quarante minutes. Étant donné qu’elle était sortie de la maison à neuf heures exactement, elle n’avait plus que vingt minutes pour rentrer à la résidence. La marquise chargeait en effet certains domestiques de vérifier si elle respectait ses horaires de permission en son absence. Lucille ne devait surtout pas donner une occasion à cette femme de la priver de ces heures de répit.

 Lucille ne devait surtout pas donner une occasion à cette femme de la priver de ces heures de répit

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— Je dois vous laisser, milord. Il faut déjà que je rentre, déclara-t-elle en arrangeant ses lunettes sur son nez.

Il sortit de son mutisme à ses côtés, pour poser son regard gris et scrutateur sur sa personne.

— Je vois... dit-il doucement, vous devez avoir des horaires assez stricts.

Elle eut une légère hésitation avant de répondre.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 26 ⏰

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