έξι

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Une semaine était passée,

Une semaine loin de son amant.

Il avait pris les habitudes des jeunes filles, il se lavait le matin après elles. Il entretenait la flamme, priait ou essayait tout du moins. Et le soir, il mangeait avec elles.

C'est un jour que la prêtresse, la vieille dame qu'il a rencontré en arrivant, vint l'emmener sans rien dire. L'écriture sur son bras avait encore changé et elle l'avait su on-ne-sait comment.

« - Animam Agere, tu vas bientôt rendre l'âme. »

Elle lui fit signe de se déshabiller et il s'allongea sur une table de massage confortable. Kaveh fut étonné de cette soudaine tendresse mais n'était pas hostile à l'idée pour autant, il changea d'avis lorsqu'elle s'approcha de lui avec une fine lame.

« - Woah, Woah ! Vous faites quoi là ?

Elle ne répondit pas tout de suite et se contenta de le regarder dans les yeux, avant de soupirer.

- Ton comportement n'est pas digne, souhaites-tu retourner dans le temple pour une nouvelle semaine ? »

Il se résigna. Elle mit la lame à proximité de son bras et vint graver plusieurs caractères grecs. Kaveh n'en revenait pas, avec toutes ces écritures, il deviendra le tableau des dieux, une vraie oeuvre d'art. Elle essuya son sang et prononça la même prière qu'à son arrivée.

“Αυτός που επιζεί„
( "Aftós pou epizeí", celui qui survivra )


On lui appliqua de l'huile de massage sur le dos et une jeune fille vint l'étaler tout en le massant. Elle passa ses doigts fins sur ses omoplates, remonta pour masser son trapèze, puis redescendit au niveau de ses côtés. Enfin elle massa son bassin et Kaveh lâcha un soupir de soulagement.

Tout cela était tellement agréable, qu'il finit par s'endormir, l'esprit rempli de questions mais serein...
La jeune fille qui le massait finit par s'asseoir et jouer une mélodie relaxante à la lyre.

Une main douce vint plus tard, alors qu'il dormait profondément, replacer une mèche derrière ses oreilles. Kaveh savait qu'il était en sécurité car il avait reconnu cette chaleur familière, propre à Al Haitham. Le grisé le ramena contre son torse dans une étreinte amoureuse, et il sentit sa main remonter le long de son dos.

Je suis désolé, Kaveh

Une douleur lancinante le prit à la poitrine et un gémissement de douleur lui échappa. Une longue traînée d'or coulait de la plaie béante provoquée par le poignard avec lequel son amant venait de lui ôter la vie.

Sa poigne s'était renforcée sur les bras du dieu mais s'affaiblissait avec le temps. S'en allait avec celui-ci, la lumière et l'éclat de la vie dans ses yeux.

Alhaitham passait ses doigts délicatement dans les cheveux du blond comme pour atténuer la douleur, pour le soulager, il lui chuchotait des mots doux implorant son pardon jusqu'au moment où la force exercée par son amant disparut. Il ne restait plus qu'un corps inerte dans ses bras.

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Kaveh émergea gracieusement de l'eau, entouré d'une traînée d'or. C'était un bassin similaire à celui du temple mais l'eau était plus chaude.

Une centaine de personnes -non, des dieux, le regardaient. Il était fatigué et éprouvait un certain inconfort dans cette situation. Ses vêtements blancs étaient devenus transparent au contact de l'eau mais il n'en avait rien à faire à ce moment présent.

Un homme était assis sur un trône, nonchalamment, une lyre dans les mains. Sa peau était bronzée et ses cheveux blonds, de la couleur du soleil.
Son regard perçait chaque parcelles de l'être de la nouvelle nymphe, regardant au plus profond de son âme, l'étudiant comme s'il était une oeuvre d'art ou un sujet d'expérience. Il fronça les sourcils et regarda Al Haitham et Kaveh à tour de rôle.

« Nous en parlerons plus tard, fils. » Il soupira puis s'en alla tout simplement, les dieux le regardaient partir en chuchotant, encore.

Le jeune homme, toujours dans l'eau, venait de remarquer Al Haitham dans la foule. Il se dirigea vers lui en sortant du bassin et attrapa délicatement le foulard qui entourait son corps lui lançant un regard de détresse. Son amant le porta vers son nouveau chez lui tandis que les chuchotements s'évanouirent autour d'eux.

C'était un autre temple, plus majestueux encore que ceux qu'on pouvait voir sur Terre. La pierre était d'une qualité exceptionnelle et les gravures étaient nettes et précises. Il fut porté jusque dans une chambre où il put finalement se reposer.

« - Hai', sa voix était faible, où est-ce qu'on est ?

- Sur l'Olympe ?

- Juste comme ça ? Il se redressa, sa voix toujours fébrile, je me sens coupable, Hai'. Tant de gens meurent et je deviens immortel en quelques jours à peine. C'est terriblement injuste, Hai'. Je suis un monstre.  »

Le grisé n'était pas doué avec les mots et se contenta de prendre son blond dans une douce étreinte. Celui-ci fut prit de violents sanglots et dut s'accrocher à son amoureux pour se calmer. Il finit par s'endormir avec cette sensation de culpabilité...

Je suis un monstre „

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Il se réveilla plus tard, seul. Son premier réflexe fut de se regarder dans un miroir, il avait senti les changements dans son corps du passage d'un humain à une nymphe.

Ses cheveux avaient poussé mais son teint était toujours le même. Il était légèrement plus grand qu'auparavant. Kaveh recula pour se voir en entier et fut plutôt satisfait de sa condition actuelle. Il se regardait d'un air fier.

« - J'ai eu la même réaction que toi ! Un rire amical retentit derrière lui. Il sursauta. »

Se tenait derrière lui un roux à l'allure légèrement androgyne tout comme lui. Ses cheveux étaient courts et ses yeux d'un bleu céruléen. Il se souvint qu'une jeune fille du temple lui avait parlé d'un Ajax.

« - C'est toi ? Le Ajax ? Celui qui est devenu une nymphe avant moi ?

- Yep, il semblait bavard, je suis le mari de Morax mais tu le verras plus tard. En attendant, comment vas-tu ? Des questions ? Tu me croiseras peut-être souvent ! Tu sais te battre ? »

Kaveh papillona des yeux, se battre ? Ce n'était pas quelque chose de nécessaire au sein de la société actuelle. Il le regarda légèrement confus avant de s'élever à son niveau.

« Oh ? Personne ne t'a dit ? l'Olympe est un royaume divin qui transcende le temps, Al Haitham t'a peut-être trouvé dans le temps actuel mais moi je viens du passé ! D'ailleurs c'est comment en bas ?

Le roux semblait à l'affût de nouvelles du monde des humains.

- Je suppose que c'est...bien. »

Leur discussion fut coupée par des bruits de pas, net, précis, assuré. Mais qui était-ce ?





⋆。° 𝔸𝕡𝕠𝕝𝕝𝕠'𝕤 𝕤𝕠𝕟 ⋆。° ᴷᵃᵛᵉʰᵗᵃᵐOù les histoires vivent. Découvrez maintenant