Comment emballe-t-on quinze ans d'éxistance ? Très bonne question, dont je n'ai pas la réponse.
Je reste un moment immobile, à observer ma chambre, cette pièce qui m'a vu grandir, par peur de détruire la sorte de magie qui s'y est installée.
Ici, je me suis cogné contre le mur, et j'y ai fait tomber ma première dent de lait. Sur ce pouf, je me suis endormie en pleurant parce que Rachel se moquait de mes vêtements - une vielle robe que j'avais trouvé dans une brocante. Là, depuis ma fenêtre, j'ai compté les étoiles tous les soirs pour m'aider à m'endormir.
Je pousse un très long soupir, me demandant si je ne ferais pas mieux de rester ici, avec mamie et tous mes souvenirs d'enfance.
Mais je dois me grouiller, parce que mon train pour l'école est après demain. J'ai trop traîné pour me permettre d'hésiter.
Alors, je me contente de fourrer trois quart de mon placard dans une grosse valise bleue, de toute façon je ferais le tri à l'internat.
À l'internat...
Ça en fait, des changements, en à peine semaines ! Je me suis renseignée au près de ma mamie : apparemment, je vais avoir trois colocataires. Trois ! Je suis exitée à cette perspective, mais aussi très inquiète : ces filles sont sûrement dans cette école depuis très lontegmps, étant donné qu'ÉvolUtion fait maternelle/ primaire / collège / lycée.
Bon, assez rêvassé ! Je m'assois sur mon bagage pour le fermer, tellement il est plein à craquer.
Je ne l'ai utilisée qu'une seule fois, pour un voyage scolaire (deux nuits dans une auberge de jeunesse dans le Finistère ). C'est amusant, maintenant que j'y repense, comme je trouvais l'achat de cette valise superflu. À présent, je ne sais ce que j'aurais fais si nous n'en possédions pas une.
Je pousse tant bien que mal ma valise vers l'entrée de la pièce, puis balaie ma chambre du regard.
J'ai comme l'impression que le temps va passer très lentement.
***
C'est le jour J.
Je me lève tôt et reste une bonne demi-heure sous la douche. Quand j'entends ma grand-mère toquer, je me dêpeche de me sécher et d'enfiler mes vêtements.J'ai opté pour une jupe longue couleur crème et un sweat blanc cassé, accompagnés de Docs Martens noires. Puis, je me brosse les dents et file dans ma chambre.
-Linh ? appelle mamie, perdant patience, Viens manger !
Je descend les marches quatres à quatres, en tâchant de ne pas me montrer nostalgique.
***
Un verre de jus d'orange et quelques tranches de pains perdu plus tard, je me retrouve à hisser ma valise jusque dans la voiture, une Peugeot grise d'occasion , avec laquelle nous irons à la gare, ou je vais prendre le train jusqu'à une autre gare, puis je prendrais un taxi jusqu'à l'internat. Il me reste donc un peu plus d'un quart d'heure avant de devoir dire au revoir à ma grand-mère jusqu'au vacances d'octobre.
Je me retourne et observe notre maison. C'est une petite résidence pavillonnaire avec une cour à l'arrière et un jardin devant. Une fois, j'ai essayé d'y faire pousser des tomates cerises, et mamie m'avait aidé. J' avais lu dans un livre de botanique qu'il fallait bien les arroser, et je n'oubliait jamais de le faire. J'était de « corvée d'arrosage » le lundi, le mercredi, le vendredi et le samedi. Mais, la vérité, c'est que je ne considérait ça comme une corvée. Un plant de tomates avait poussé une fois, et n'était tellement excitée que je ne tenais plus en place. Mais, maleureusement, plus rien n'était sorti du terreau depuis. Maintenant, quelques pousses y gisent ça et là, mais c'est tout. Dans la cour de devant, il y a une mini-table de ping-pong et un baby-foot en bois, qui à un pied cassé et qui tient sur un équilibre frêle.
-Ok... dit ma grand-mere en m'arachant à mes pensées, je crois qu'on est prêtes à y aller.
Elle s'installe au volant, moi à côté.
Je regarde par la fenêtre tout le long du trajet, qui n'est d'ailleurs pas si long.
Dix minutes plus tard, nous sommes arrivés à la gare.
Je sers la femme qui m'a élevé dans mes bras, jusqu'à ne plus pouvoir respirer.
- Tu vas me manquer, dit-elle.-Toi encore plus.
J'hésite un instant, puis je lui dit :
-Et si... et si j'avais tort ? Et si je n'étais pas assez organisée ou sociable pour vivre dans un pensionnat ? Et si je détestait mes colocataires ? Si les gens ne m'aimaient pas ?Et si..
-Et si tu arrêtais de te poser des questions et laissais faire la vie ? m'interrompt mamie, Vois ça comme une nouvelle opportunité. On ne sais jamais ce qui pourrait ce passer.
-C'est justement ce qui me fait peur !
-Eh bien, parfois, il faut savoir se montrer courageuse, garder la tête haute et profiter de l'instant présent.
Elle me serre une dernière fois dans ses bras tandis qu'une voix blanche retentit au loin, annonçant que mon train part dans vingt minutes.
-Allez... je dois y aller.
Je la sers une dernière fois contre mon coeur, avance d'un pas incertain puis me retourne une dernière fois pour lui adresser un geste de la main, qu'elle me rend.
Puis, je passe la porte d'embarquement vers ma nouvelle vie, laissant tout ce que je connais derrière moi.
VOUS LISEZ
Lovely girl
Teen FictionAprès s'être ridiculisé sur les réseaux sociaux en tombant pendant une chorégraphie, Linh Booker est repérée par un enseignant d'un célèbre lycée avec une option hip-hop. Linh est aux anges, elle qui à toujours voulu poursuivre son rêve de devenir...