Chapitre 13

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Élisha



— Bon sang décroche ! marmonné-je entre mes dents, tandis que le portable de Daddo sonne dans le vide.

Deux sonneries. Trois. Quatre.

— Éli ?

Je ferme les yeux de soulagement, sans toutefois réussir à faire disparaître cette sensation de malaise qui s'est installée en moi depuis que j'ai pris connaissance de son message quelques minutes plus tôt.

— Ah enfin ! Ça fait quatre fois que j'appelle en cinq minutes ! crié-je malgré moi. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Pas au téléphone, sweetheart. Viens plutôt nous rejoindre à la Salpêtrière, me répond-il d'une voix calme et patiente. Mais surtout, ne te presse pas, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose sur la route.

Je ne prends même pas la peine de lui répondre quoi que ce soit : je raccroche et saute dans les premières fringues que je trouve – celles d'hier soir.

Le fait d'avoir pu parler à mon père fait retomber ma colère contre Ben.

Au diable son comportement envers moi, tout ce qui importe à mes yeux, c'est courir à la Pitié et voir dans quel état est mon frère. Mais il faudra que j'essaie de le joindre d'une manière ou d'une autre pour lui dire que Jonas... Oh mon Dieu, mais qu'est-il arrivé ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce qu'au moins il va bien ? Toutes ces questions et mon père qui n'a pas voulu me dire quoi que ce soit au téléphone ! Et il voudrait que je garde mon calme ? Mais c'est de Jonas qu'il s'agit, pas du premier venu !

Je tourne en rond dans ma chambre à la recherche de mes boots, mais impossible de me souvenir où je les ai enlevées. Bordel ! Je perds du temps, là ! Ah oui ! Dans l'entrée ! Je passe devant le grand miroir accroché au mur.

Aaaah... qu'est-ce que c'est que ça !?

Bon, on se calme, ce n'est que moi... et mes cheveux. Clairement, ils ont fait la fête eux aussi. OK, on se pose deux secondes et on réfléchit. Il faut absolument que je fasse quelque chose pour ma coiffure, parce que là c'est comme si j'arrivais devant mon père avec une pancarte géante sur laquelle serait noté « J'ai baisé toute la nuit et c'était génial ! ». Je vois d'ici la tête de Daddo, ses sourcils froncés, son regard désapprobateur. Et mon capital dignité réduit à néant en trois secondes. Hum ! Je passe rapidement les doigts dans mes cheveux, histoire de faire illusion, jette un dernier regard pressé à mon reflet et décide que ça ira bien comme ça.

Je me précipite hors de ma chambre et enfile mes boots à la hâte. J'attrape au vol une veste et mon sac et me précipite hors de l'appartement avant de faire demi-tour : j'ai oublié de prévenir Mamie Lindy ! Je suis vraiment impardonnable. Je cours en direction de sa chambre, le bruit de mes pas résonne dans toutes les pièces, Madame Arlette en est certainement pour ses frais. Elle ne manquera certainement pas de m'en faire la remarque, mais franchement, je m'en fous, mon frangin est à l'hosto.

Je frappe à la porte de la chambre de ma grand-mère. Pas de réponse.

— Gran' ? C'est Élisha ! dis-je avant de me rendre compte de l'absurdité de mes paroles : qui d'autre cela pourrait-il être ?

N'entendant rien de plus, j'entre.

La pièce est vide. Le lit même pas défait. Ça ne signifie qu'une seule chose. Mamie Lindy n'est pas rentrée hier soir. En même temps, si elle avait été là, elle n'aurait certainement pas manqué venir me réveiller en apprenant l'accident de Jonas par Daddo qui l'aurait appelé elle aussi. Où donc est-elle en ce moment ? D'habitude, elle me prévient...

Toi et moi, désastre assuréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant