Chapitre 4 - Le mystérieux ascenseur

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Le grimpeur, qui relate l'ascension de cette montagne sans évoquer le 3ème ascenseur, est classé dans la catégorie des trouillard superstitieux.

Le sprinteur, qui jure sur la tête de Raymond Poulidor que jamais il n'a tenté de se faufiler derrière le bâtiment pour jeter un œil, est rangé dans le tiroir des menteurs.

Car depuis la géniale invention de l'Américain Otis en 1853, qu'il soit à la vapeur, hydraulique, à air comprimé ou électrique aucun monte charge n'aura fait parlé de lui avec autant de passion.

La plus part des scientifiques à la réputation reconnue mondialement ont déposé les armes après des mois d'observations. Loupe, stéthoscope, oscillateur, calculateur, compteur Geiger, .... Matériels et cerveaux sophistiqués ont faillit à leur mission, laissant place aux magnétiseurs, ensorceleurs, exorciseurs. Mais lesincantations et fluides magiques ont, à leur tour, échoué.

Alors, les esprits hautement intellectuels qui attendaient leur moment, sont arrivés en sauveurs.

Mais, d'une époque à l'autre, force est de constater que tous ont rebroussé chemin sans pouvoir élaborer ne serait-ce qu'un début d'explication.

Depuis des décennies, les curieux du monde entiers se croisent derrière ce bâtiment, observent l'ascenseur et repartent sans réponses.

Et pourtant, sans jamais se lasser, ils reviennent en flux ininterrompu. Car en marge du grand mystère une question persiste.

L'étude de millions de photos, films, dessins, ou peintures, prouve qu'un phénomène étrange efface toutes preuves de quelque chose.

Un aveugle muni d'un polaroid qui fige l'ascenseur en juillet 1963 obtient la même image qu'un photographe à l'oeil aiguisé et équipé d'un Sony Alpha 9 avec capteur CMOS empilé plein format, en 2017. Un peintre coloriste voit son oeuvre transformée lorsqu'il rejoint le parking, obtenant une représentation identique au crayonné d'un enfant de cinq ans qui pourtant avait rajouté des lapins sur son ébauche. Et que dire, lorsque le cinéaste rentré en studio avec dix heures de bobines de film observe un plan unique et statique.

Pris par dessus, par dessous, à gauche ou à droite, sous la pluie, de nuit, quoi qu'il se passe, l'ascenseur et son environnement offrent des décors variés derrière la bâtisse. Mais, dès que les observateurs sont de retour à l'avant du bâtiment, une seule et unique image s'offre à eux, à une une herbe prêt.

Sans aucune exception, tous les rapport d'experts se terminent par une conclusion faite d'énorme points d'interrogations, qui, s'ils devaient êtres pesés, correspondraient environ au poids de trois baleines mouillées et de dix éléphants à longue oreilles.

Les seules informations que cet ascenseur dévoile depuis tout ce temps tiennent en quelques mots.

Monte-charge de type ascenseur, forme rectangulaire courante.

- Taille : 2,50m x 4m x 2m.

- Capacité d'accueil : environ 6 personnes ou l'équivalent d'1 hippopotame accompagné d'une autruche adulte.

- Matériaux : béton banal, qui peut varier du gris granit au gris perle en fonction de la couleur du temps.

- Poids : indéterminable, apparence lourde incompatible avec sa position.

Eléments particuliers :

- Pas de vitres apparentes sur les côtés, pas de porte visible, seule une déformation en arrondie sur l'une des faces.

- Pas de boutons ou de systèmes de commande à l'extérieur, à part un rond rouge cerise d'un diamètre de 15 cm.

- Sur les côtés : 4 Câbles d'un diamètre de 10cm, tendus, sans accroches au sol et au ciel, posés à une distance de 5cm de l'ascenseur.

- Pas lumières, pas de mouvements connus.

- Pas de musique d'ascenseur.

- Pas de groom.

- L'ascenseur est en position d'attente entre la boutique et les appartements.

- Au sol, il y a un jardin d'une taille identique.

- Au dessus, il y a le ciel d'une taille différente.

Le monte-charge flotte, accroché à rien.

Personne ne l'a jamais vu placé ailleurs que dans cette position.

Personne ne l'a jamais vu monter ou descendre.

Personne ne sait à quoi il sert.

Dans la plupart des rapports, il est relaté que plusieurs lois ont permis de réguler l'accès au site.

Un Président, le trentième avant le dernier en date, a, par exemple, autorisé uniquement les poètes et chansonniers à étudier le monte-charge. Mais le budget conséquent qui devait être alloué à des associations culturelles c'est retrouvé, par inadvertance, sur le compte du ministère des armée.

Depuis, une cellule très spéciale et pas très secrète, autorise avions militaires, fusées, satellites et autres technologies volantes, à survoler les lieux, en continu, et par tous les temps.

Aux journalistes, dérangés par cette surveillance exagérée, il est expliqué officiellement que cette haute montagne est un volcan endormi et situé dans une zone fortement sismique.

Tout ceci et tout cela donne du grain à moudre aux rédacteurs qui parfois s'ennuient. Et, une feuille de choux bien écrite peut nourrir un peuple, qui souvent, s'enquiquinent le dimanche.

Mais ces articles journalistiques remplis de rien ne font qu'alimenter les angoisses citoyennes. Fort heureusement pour la paix sociale, les romanciers à l'imaginaire débridé se chargent d'enfanter de beaux récits qui créés la légende.

Il y a ceux qui racontent que cet ascenseur est celui du père des jumeaux, arrivé un soir, parti le lendemain et jamais revenu, car tombé dans un ravin, ou enlevé par des extra-terrestres.

Les cartésiens pensent que le monte-charge sert à équilibrer la bâtisse, même s'il ne la touche pas, il est comme un organe lié par des flux invisibles et tout à fait naturels qui viendraient du centre de la terre.

Pour les plus radicaux, l'ascenseur serait tout simplement celui de Marie-Thérèse, même si personne ne l'a jamais vu monter dedans.

Le rêveurs laissent à croire que cette machine est une illusion d'optique, Harry Houdini est, c'est plus que certain, un lointain cousin de la famille, et pourquoi pas le géniteur des garçons. Il aurait laissé l'illusion en souvenir de son passage magique.

Les esprits poètes racontent que c'est ici que les choses mènent à rien ou à je ne sais quoi, un entre-deux, une porte vers un ailleurs ou un meilleur, un passage vers les Paradis ou les Enfers.

Ce qui est certains, c'est que tout un chacun n'a pas d'autre choix que de s'accrocher à l'histoire qui lui convient, car personne ne peux compter sur les principaux protagonistes pour apporter un début de vérité.

En effet, Germain, Gédéon et leur mère assurent, avec conviction et contre l'avis de tous, qu'il n'y a rien derrière la bâtisse, pas d'ascenseur, seulement des curieux atteints par le mal de l'altitude.

Et c'est ainsi que depuis des siècles, cet objet statique, qui défit la loi de la pesanteur et qui est là sans y être, nourrit rêves et cauchemars de tous ceux qui ont voulu voir l'arrière de la boutique. 

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