Chapitre Deux

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J'ai un rêve. Un rêve de devenir un danseur célèbre dans le monde grâce à son travail acharné. J'ai envie que les gens oublient leur problème en me regardant danser, comme moi, je le fais. C'est ça que je me suis promis quand je n'étais qu'un jeune garçon fasciné par la danse classique.
Un amour naissait pour ses gracieux mouvements pourtant si compliqués à exercer. Lors d'une prestation de danse classique que mes parents m'avaient emportée, j'ai pris la résolution de faire de même et de danser sur scène un jour.

Il est possible de dire que j'ai tenu ma promesse à moitié, car depuis dix-huit ans, je suis l'un des meilleurs danseurs de Corée. J'ai gagné de nombreux trophées et médailles dont je suis fier et honoré.
Seulement, depuis quelques mois avant mon déménagement à Paris, la vie tente désespérément de me faire tomber de la scène. Je n'ai jamais été autant déprimé depuis ces quelques mois. Mes parents me manquent et ma maison aussi d'ailleurs.
Ça, c'est encore plus empiré en France.
Ah Paris, ville de l'amour, ville de la mode et de la gastronomie. N'est-ce pas ?
C'est ce que je me force à répéter depuis que j'ai posé les pieds ici.
L'air est lourd et le temps grisâtre. Décidément, les réseaux sociaux nous ont bien menti. Mais ce n'est pas ça l'essentiel. Je suis venu ici pour la danse et pas pour être touriste, alors le reste ne m'importe guère.

Mon agent et mes parents aussi d'ailleurs m'ont fait louer un petit appartement modeste et charmant, mais extrêmement cher tout simplement parce que j'ai une très belle vue sur la tour Eiffel. J'ai déménagé à Paris pour me faire connaître à l'échelle internationale, afin de pouvoir m'améliorer et un jour frôler la scène de l'opéra de Paris.
Cela fait maintenant deux semaines que je vis ici. J'ai eu droit au pire accueil possible avec un homme à moitié nu devant moi.
Bien que j'essaie d'oublier cette scène digne d'une paralysie du sommeil, je me dis qu'encore une fois, ça ne va pas être facile.

Je connais déjà tous les résidents de l'édifice, c'est digne d'un film. Chaque voisin a son petit secret qu'ils croient en sécurité. Au deuxième étage où se trouve mon appartement, à ma gauche, y habite un vieil homme au ventre gonflé qui promène son chien volé tous les matins. Il est sympathique, mais rien de plus. À la droite, au contraire, c'est un avocat qui y loge. Un homme hautain qui a toutes les chances vient me parler de ses clients riches.
Dès mon arrivée, j'ai été bien accueilli par quelques sourires doux. Le bâtiment n'est pas si grand, ce qui le rend un peu chaleureux.
Mais bien sûr, il y a cet outsider, ce loup au milieu des moutons. Le premier voisin que j'ai vu, un homme terriblement beau et musclé qui pourrait le mettre K.O quand il le souhaite.

Lors de notre rencontre à l'accueil, il a été grossier et puait l'alcool. C'est seulement à ce moment qu'on s'est rencontré.
J'ai tenté d'aller lui parler poliment, mais il ne sort jamais de son appartement. J'ai l'impression qu'il ne sort même pas manger.
Heureusement que je n'abandonne jamais, je compte bien aller lui parler. Pour ça, rien de mieux que des cookies faits maison qui rendent tous les aigris gentils. Je me mets à la préparation de la friandise, pépite de chocolat, sucre, œufs et en moins de trente minutes, une délicieuse odeur sucrée remplit ma cuisine.
Je me précipite de disposer les cookies dans une jolie petite assiette décorée à la main et faite en porcelaine. L'heure défilait, tels les vélos ici. J'ai dû passer plus de temps que prévu, car le ciel prenait une teinte aussi noire que du charbon. Est-ce que mes cookies sont aussi mauvais que ça pour que le ciel se ferme comme tel ?

Après avoir terminé la confection de mes cookies — digne d'une œuvre d'art — je dévale le long escalier en spirale qui me donne un mal de tête d'enfer. Une fois le parcours vers le premier étage fini, je sens déjà l'ambiance changer. Le premier étage est vide avec seulement le tableau d'une femme décapitée. Les murs sont jaunis et le sol tapissé d'un matériel dont je ne sais ce que c'est. Il n'y avait que trois portes, donc trois petits appartements. Mais je sais très bien à quelle porte est celle de l'homme, il habite dans l'appartement de droite un peu plus éloigné des deux autres portes.

Sans m'en rendre compte, je frappe déjà la porte, tenant l'assiette dans ma main opposée. Une fois que je toque, rien ne se produit. À deux reprises, rien n'a changé. Et pourtant, quand je colle mon oreille à la porte, je peux entendre de la musique endiablée.
Peut-être que je devrais toquer plus fort ? Alors, je le fais et je me retrouve presque à devoir payer une nouvelle porte. Ma patience commence même à atteindre la limite, je n'ai quand même pas passé une heure à faire des cookies pour… personne ?
Lorsque je me préparais à frapper une nouvelle fois, la porte s'ouvre soudainement pour que je le rencontre.
Son front est lisse de sueur, il porte un jogging gris large qui lui va terriblement bien et un tee-shirt à compression qui définit ses abdos parfaitement. Mais son visage en dit autre chose, il est mal rasé, ça peut se voir avec les petites coupures.
Son regard est menaçant et quelque chose me dit qu'il n'est pas ravi de me voir ni de mes cookies.

— Bonjour, je suis le voisin du deuxième étage.
Je dis avec mon meilleur français et j'espère que ma voix ne ressort pas aussi tremblante qu'elle en a l'air. Pourquoi cet homme est aussi grand que ça porte ? Je lui envoie un petit sourire, qu'il ne me rend pas, au contraire, il me balaie des yeux et continue aussi droit qu'un mur, la musique vibrait dans son appartement.
— Quoi ? Il conclut, l'air aussi ennuyé qu'au début. Pendant un instant, il m'arrache les mots de la langue et je reste immobile devant lui tel un imbécile. Je ne suis pas comme ça, d'habitude, je ne me laisse pas impressionner et ça ne va pas changer. Hors de question que je laisse quelqu'un me marcher dessus, surtout un homme aussi impoli.

— J'ai dit que je suis nouveau dans l'immeuble. Je répète la voix plus sévère, mon visage est froissé d'agacement. Mais dans quoi tu t'es encore foutu, Chris ! Quand je pensais qu'il allait rester planté là à me fixer, il se met à rigoler avant de répéter mon accent français d'un air terriblement vexant et moqueur.
— Écoute le nouveau, je n'ai pas tout ton temps et garde tes biscuits, ils ont l'air dégueulasses.
Il recule d'un pas avant de me claquer la porte au nez, me faisant sursauter. Je monte les escaliers, les jambes lourdes et le moral bas, avant de me jeter sur le lit et d'avoir une sieste bien méritée.
Quel escroc.

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⏰ Dernière mise à jour : May 22 ⏰

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Not Perfection  Chris x LucOù les histoires vivent. Découvrez maintenant