Partie 3

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Le couloir s'étirait sur quelques mètres, des portes étaient disposées de chaque côté des murs. Des zones digitales permettaient constamment de les ouvrir, cette mesure anti-androïde troublant Héléna. Camélia n'avait pas eu l'air de se méfier, et il lui paraissait très improbable que des androïdes perdent leur contrôle. 

Sa créatrice s'arrêta à une porte sur la droite, et passa sur son badge pour ouvrir la porte. La nouvelle pièce n'était pas comme la précédente, les murs blancs étant cette fois-ci recouvert d'un papier peint rose fushia. Un divan était présent, ainsi que des armoires vitrées dans lesquels divers outils reposaient dans des boîtes. Lorsque Héléna rentra, Camélia était en train de fouiller dans un gigantesque placard coulissant dans lequel se trouvait une véritable garde-robe.

- Tu te choisiras de meilleurs habits plus tard, dit-elle. Je dois d'abord m'assurer qu'il n'y a aucun problème de coordination dans tes mouvements, même si je t'imagine mal gifler un ingénieur.

- A quoi je servais, avant ? demanda subitement Héléna.

- En attente de ton amélioration, nous t'avons dégoté un travail de vendeuse dans une friperie de Cermh, si tu veux tout savoir. Tu indiquais aux clients le prix des vêtements en fonction de leur poids.

Héléna resta muette, ne sachant que penser de cette information. C'est comme si elle avait eu une vie antérieure. Camélia l'invita à se tenir droite devant elle. Elle leva sa main paume vers Héléna.

- Check ? fit-elle, tout sourire.

Héléna lui rendit son sourire, et lui frappa la paume de la main en retour.

- L'autre ?

Ils firent la même chose de la main gauche, et Camélia nota le succès de l'exercice.

- Je vais te donner deux claviers, continua-t-elle, un matériel et un holographique. Tu devras taper la phrase "Les certides, ces petits poissons des océans, s'en vont migrer chaque automne vers des zones plus chaudes !". Tu n'oublies pas la ponctuation !

- Surtout pas.

Héléna s'empara du clavier matériel branché à un vieil ordinateur, et en huit secondes, termina la phrase. Camélia ouvrit alors un poste holographique, et un clavier bleu fluo flottant devant elle apparut. Héléna rédigea la phrase à l'identique en sept secondes et demi, et Camélia brandit son pouce.

- Parfait. Tu es même à peine au-dessus de ce que tu es supposée savoir faire.

- Tant mieux, n'est-ce pas ?

- Evidemment que oui. Le plus nous sommes surpris par nos créations, le mieux c'est. Passe-moi ton bras, tu veux bien ?

Héléna obéit, et sentit une lame passer vivement sur son avant-bras. Elle ressentit un picotement, et se défit de Camélia presqu'aussitôt. Du liquide noire sortit de la plaie faite dans le métal, tâchant le carrelage blanc. Un sentiment de traîtrise et de crainte s'empara de Héléna.

- Pourquoi ? sortit-elle.

- Je suis désolée, Héléna, mais cela fait partie d'un des tests, s'excusa sincèrement Camélia. Voir ta réaction face à une attaque physique par surprise. Pardon.

Héléna baissa les yeux sur sa plaie. Le métal qui constituait son squelette était l'un des plus malléables, et il protégeait à peine des attaques.

- Je possède un léger capteur de douleur... dit Héléna. J'ai ressenti la lame.

- Oui, nous ne voulions pas que tu ignores l'importance de ton corps. Nous avons essayé de le rendre le plus humain possible.

- Comme avec les capteurs thermiques ?

- Comme avec les capteurs thermiques, confirma Camélia. De même que pour la nourriture, Héléna.

- Mais je n'en ai pas le besoin.

- Non, bien sûr. Mais si tu en ressens l'envie, que ce soit visuel, olfactif ou par n'importe quel autre sens, sache que tu es équipée de manière à pouvoir en digérer et surtout, les goûter. Tes goûts, eux, ne sont pas programmés. Tu te les feras au fur et à mesure.

- Comment l'évacuation se fait ?

- Il n'y en a pas. Tu ne connaîtras pas les douloureuses coliques, rassure-toi.

Elles rirent ensemble, et Camélia se pencha avec un chiffon pour essuyer la plaie de Héléna.

- Nous voulions vraiment que tu ressentes toutes les émotions et sentiments humains, continua Camélia, en réduisant au plus possible les mauvais aspects tout en gardant les bons aspects. La peur, la tristesse et la douleur sont toujours présents, mais à un degré moindre, surtout pour ce qui est du physique. En revanche, tu pourras ressentir comme un humain de l'amour, de la joie et le contact sur ta peau, que l'on te rajoutera un peu plus tard aux bras et aux jambes, et pouvoir en tirer du plaisir.

- Comme des caresses ? fit Héléna.

- Oui, mais aussi la zone du vagin, l'informa Camélia. Libre ensuite à toi de découvrir ce qui n'est pas forcément inscrit dans ton programme et d'employer les capacités dont on parlait tout à l'heure à bon escient.

Elle lui fit un clin d'œil que Héléna ne comprit pas. Elle savait bien sûr que le clin d'œil induisait quelque chose d'implicite, mais elle avait encore du mal avec les sous-entendus. 

La naissance de HélénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant