Chapitre 15: Juste à temps

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12/02/1993, 18H32, Poudlard, Ecosse:

Harry, à travers une flexion agile, se déroba au sortilège imminent, préservant ainsi sa baguette dans sa main. Par instinct, il riposta avec une multitude de contre-charmes variés, savourant secrètement l'élargissement de son répertoire de malédictions.

Daphnée, tentant d'échapper à l'assaut vif de son adversaire, se jeta sur un côté. Mais malgré cela, elle fut atteinte par le dernier Depulso de la chaîne de sorts, la projetant violemment en arrière.

Contrainte de rouler pour amortir sa chute, elle se redressa promptement. Cependant, Harry ne lui laissa aucun répit. Conformément aux instructions de son oncle, il exécuta un mouvement fluide de sa baguette et lança Bombarda.

Hadrian lui avait maintes fois prodigué des mises en garde quant à ce sort, soulignant son potentiel destructeur en cas d'excès de puissance magique. Et considérant la réserve croissante d'Harry, il était évident qu'un accident était plus qu'une simple possibilité.

Fort heureusement, le sort atteignit pile la puissance souhaitée et frappa le sol, obstruant la vision de Daphnée suffisamment pour qu'Harry puisse se rapprocher et la désarmer. "Tu as gagné, Potter, je me rends", souffla-t-elle, dissimulant mal son amertume d'avoir été défaite par Harry.

Ce dernier récupéra sa baguette et la lui rendit. "Tu es une sorcière d'un talent indéniable, Daphnée. Je m'entraîne régulièrement avec mon oncle, le mage le plus puissant que je connaisse, dès que mon emploi du temps le permet, et je consacre les trois quarts de mon temps libre à l'étude des sortilèges. Malgré ça, tu arrives à me tenir tête comme si tu t'entraînais avec moi depuis des années. Soit un minimum fière de toi quand même !", la rassura-t-il, conscient de la colère de la jeune fille, mais la jugeant déplacée.

En effet, il comprenait l'aspiration de Daphnée à la puissance, à la force. Sinon, elle ne se serait jamais abaissée à lui demander, un Gryffondor, de l'entraîner. Au fond, il partageait ce désir de puissance, motivé par la protection de ses proches. Il trouvait cependant que Daphnée était trop sévère envers elle-même, ne saisissant pas que la maîtrise de la magie n'était pas une question de jours, peu importe l'investissement quotidien. Seule la résilience et l'acharnement sur de très longues périodes permettaient d'atteindre un tel niveau. Un simple élan de motivation était généralement insuffisant, tant le domaine de la magie était vaste et complexe.

"Je le sais, je le sais. Je n'ai pas besoin de tes leçons de vie stupides", rétorqua Daphnée, bien que sa voix manquait de sa froideur habituelle. Harry la regarda, puis lui sourit. Il ignorait pourquoi elle persistait à dissimuler ses véritables émotions derrière une façade glaciale, mais était satisfait qu'elle interprète ses paroles comme des conseils bienveillants.

En y réfléchissant, depuis l'ouverture du club de Lockhart, les élèves de l'école avaient commencé à se séparer en deux groupes. Bien que les aptitudes pédagogiques du professeur de Défense contre les Forces du Mal soit discutables, remettant en cause sa capacité à enseigner correctement dans son propre club, cela avait permis de découvrir, chez de nombreux étudiants, un intérêt pour le domaine.

Par ailleurs, avec les attaques ayant pris place dans l'enceinte du vieux château, une certaine dose d'entraînement ne faisait de mal à personne. Le club de duel lui-même avait été mis en place suite à l'attaque contre Colin Creevey, afin d'essayer de rassurer la population étudiante. Cela fonctionna pour un temps, mais lorsque Justin Finch-Fletchley, un élève de Poufsouffle, fut attaqué et pétrifié à son tour, ce fut un retour brutal à la case départ.

Le seul point positif du club, en tout cas selon Harry, c'était cette fameuse scission en deux groupes. Le premier, généralement appelé "les trouillards" par le second, était composé des élèves trop effrayés pour faire réagir d'une manière à protéger les autres. Certains d'entre eux avaient déjà quitté l'école, d'autres se faisaient envoyer de manière répétitive à l'infirmerie pour ne pas avoir à se déplacer dans les couloirs, et les plus courageux passaient la plupart de leurs temps à courir d'un point A à un point B, parfois arrivant dans la salle de classe trente minutes avant le début du cours.

Harry Potter: Le Soldat VengeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant