XXXVI

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    Être chez soi fait toujours du bien. Ça procure un sentiment de sécurité et de bien-être sans précédent. C'est ma première pensée ce matin. Il est 4h du matin et je viens à peine de me réveiller. J'inspire un grand coup et je me concentre pour ressentir l'énergie circuler dans mon corps. C'est un exercice qui aide fortement à améliorer la qualité de sa magie. Malgré mon bien-être apparent, je repense à ce qui s'est passé hier avec Assima. Ça me rends triste, on ne s'est pas vu depuis des mois et on se dispute lors de nos retrouvailles. Je ne comprends toujours pas sa réaction mais bon... il faut passer à autre chose. Je quitte mon lit pour faire un peu de yoga, puis je file sous la douche. Il est à peine 5h du matin quand je vais dans le jardin pour admirer le levée du soleil. J'ai aimé regarder le soleil se lever, c'est apaisant et stimulant. Pendant ce moment, j'ai l'impression que tous mes sens sont en éveil. Je capte mieux les énergies qui m'entourent et je recharge mes batteries. Quand les premières lueurs du soleil me parviennent, je ferme les yeux et je savoure l'instant. Je me sens vivante, j'ai l'impression que le poids sur mes épaules disparaît. J'inspire un grand bol d'air frais et là,c'est encore mieux, beaucoup mieux même. Je suis assise sur un banc, pieds nus sur la pelôuse encore humide de la rosée du matin. Je suis toujours bouleversée par la beauté de ce spectacle. Les couleurs, la brume qui se dissipe, la nature qui reprend vie, le soleil qui progresse lentement mais sûrement dans le ciel. Le paradis...

    - je savais que je te trouverais là.

    Je me tourne légèrement et je vois Assima avancer lentement vers moi, les mains dans le dos.

    - je peux m'asseoir à côté de toi ? Dit-elle doucement. J'acquiesce. Elle s'assoit. Quelques secondes passent et aucunes de nous ne parle. Je voulais m'excuser par rapport à hier soir. Ma réaction a été disproportionné, je n'aurai pas dû m'énerver. Je suis contente que tu te sois fait des amis et que tu sois intéressée par un garçon mais... je ne sais pas vraiment comment dire ça, dit-elle en riant nerveusement. Tu es ma fille Imany, mon seul enfant et je t'aime. Je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer. J'ai les larmes aux yeux, elle prends mes mains dans les siennes. Je veux que tu fasses attention. Les hommes peuvent parfois être nocifs et faire souffrir donc je t'en supplie Imany, sa voix s'est brisée sur la dernière syllabe de mon nom, fais attention. Sois prudente.

    - je te le promets Assima, dis-je en posant un baiser sur chacunes de ses mains. Elle prends ensuite dans ses bras.

    - n'en veux pas à ta vielle mère d'accord ? Dit-elle en caressant mondos tout en resserrant son étreinte.

    - jamais.

    Nous restons comme ça un bon moment. J'enfouis mon nez dans le creux de son cou pour humer son odeur. Je sais que je vous l'ai déjà dit mais j'adore cette odeur. Ça sent la maison parce qu'Assima est ma maison.

    - il faut que je te dise quelque chose, dit-elle en se détachant finalement de moi.

    - quoi donc ?

    - je vais devoir m'absenter, dit-elle en passant une main sur mes cheveux.

    - comment ça ?

    - je dois retourner au Zaïre aujourd'hui, dit-elle en fuyant mon regard.

     - quoi mais non ! Je viens juste de rentrer et toi tu veux déjà partir ? Dis-je en essayant de me reculer, mais elle m'attrape par les épaules.

     - attends, écoute moi d'abord. Je voulais te le dire hier soir, mais je n'en ai pas eu l'occasion. Mon traitement devient assez compliqué...

     - n'en dis pas plus, dis-je en posant ma main sur son genou. Je comprends, la santé avant tout. Elle me sourit.

     - j'ai vraiment une fille extraordinaire. Je souris.

      - quand comptes-tu partir ?

      - cet après-midi.

      - oh, dis-je en baissant la tête pour cacher mon air dépité.

      - non ma chérie, ne fais pas cette tête s'il-te-plaît, dit-elle d'une voix triste.

       - tu vas rentrer avant que je ne retourne à Gardénia ?

       - je ne sais pas encore ma chérie, tout dépendra de ce qu'on me dira là-bas, dit-elle en frottant mes bras.

       - d'accord, dis-je finalement, résignée.

   Quelques heures plus tard, je regarde Assima monter dans la voiture, assise sous un arbre avec un livre. Je suis déçue de ne pas pouvoir passer plus de temps avec elle, mais la santé avant tout. J'ai vu cette femme souffrir le martyr à cause de sa maladie, alors je la soutiendrais coûte que coûte dans sa recherche de guérison. Ndela monte également dans la voiture. De ce que j'ai compris, elle doit aider Assima à faire des courses. C'est Demba qui les conduit, donc je serai seule à la maison pour quelques heures. Demba démarre et la voiture s'éloigne. Je la suis jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Je ferme le livre que je tient, puis je me lève. Je l'ai terminé, il m'en faut un autre et je sais où en trouver. Le soleil est bien haut dans le ciel et tape fort. Le soleil du matin est doux, celui de la journée est agressif, donc vaut mieux ne pas rester trop longtemps. Comme toujours pendant cette saison, le ciel est dégagé et nous ébloui de son superbe bleu. Bleu, bleu comme... Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Pfff que c'est niais, je me dis. Je rentre dans dans la maion et je vais à l'étage, dans la chambre d'Assima. Elle a une énorme collection de livre, il y en a tellement que c'est scandaleux. Elle a du ranger certains dans le grenier, mais je veux terminer ceux de sa chambre avant d'attaquer les livres du grenier. J'entre dans sa chambre et mon oreille droite commence  soudainement à siffler. Au lieu d'aller à l'étagère, mes jambes me mènent à sa commode et je ne  comprends pas. Du moins jusqu'à ce que j'aperçoive un objet briller dans son coffre. Assima ne laisse jamais son coffre ouvert. Je le ramasse et oh... C'est une clé en forme de spirale. Elle est super bizarre, je n'en avais jamais vu des comme ça avant. Plus je regarde l'objet, plus j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part mais je ne sais où. C'est pile à ce moment que je vois le mot grenier dans ma tête. Je ne comprends oh...

        Je dois aller au grenier...

Bloody GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant