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Il est 13h. On est tous assis devant le bâtiment principal pour attendre notre van. On est huit donc une voiture lambda est petite. On a un chauffeur, question de sécurité mais aussi de standing : c'est quand même de Gardénia qu'on parle.

- pas de commentaires par rapport à ça dans la voiture, dis-je à mes amis alors qu'on regarde le chauffeur garé devant nous. Il a des yeux vert clair, pratiquement jaunes même.

Ils acquiescent et on embarque. Je m'assois près de la fenêtre à l'arrière et Wilhem occupe le siège à côté du mien. Ça fait un moment qu'on n'a pas eu de tête-à-tête. Je regarde le paysage défiler à travers la fenêtre. Je sens son regard sur moi, mais il ne dit rien. Les récents événements nous rendent tendus.

     Quand on arrive finalement en ville, on cherche la supérette la plus proche pour pouvoir faire nos courses. Tout se passe bien on arpente les rayons pour ramasser ce dont on a besoin. Il y a un paquet de trucs quand on passe en caisse. Les garçons règlent la note et prennent les sacs.

   - hey ! Je crois qu'on a oublié un sac à l'intérieur.

   - je m'en charge, dis-je.

    Je retourne à la supérette pour récupérer le sac. Quand j'entre la porte se referme subitement derrière moi. Je sursaute. Il fait soudainement sombre et froid. Je n'arrive pas à croire que cet endroit est celui dans lequel nous avons fait des courses il y a même pas une minute. Il fait froid, il y a de la brume et c'est vide. Notre sac est posé sur le comptoir. Je me rue dessus. Quand je le prends, je sens une main glaciale je encercler ma gorge. Mon sang se glace et je hurle. J'essaye de me dégager mais la prise est ferme

    - hmmmm, tu sens bon petite humaine, dit une voix grave. Le propriétaire de ladite voix frotte ce qui semble être son nez dans mon cou. Ton petit corps est si chaud... j'ai presque envie de te lacérer et te vider de ton sang pour festoyer avec...

   - q-qui êtes-vous ? Dis-je en sanglotant. Qu'est-ce que vous me voulez ? Laisser moi tranquille...

    Mon souffle est couper lorsqu'il raffermit sa prise, ça m'empêche de respirer correctement. En même temps, la peur pourrait bien être coupable de mon Hyperventilation aussi. Il continue de se frotter contre moi. La texture de son corps est étrange. C'est un reptile donc il doit être recouvert d'écailles. Il remonte vers ma joue. Mes pleurs s'intensifient quand je sens sa langue froide et visceuse passer sur ma joue.

    - j'adorerais t'emmener tout de suite, mais ce n'est pas le moment... et puis peu importe que ce soit maintenant, dans un an ou dans six jours, tu mourras...

     Sa prise faiblit et je cours vers la porte en pleurant. Tant pis pour le sac... Je prends la poignée et force dessus mais rien, la porte ne s'ouvre pas. Je cogne la porte avec mon épaule, une fois, deux fois, trois fois... mais rien. Mes sanglots deviennent de plus en plus bruyants et je craque...

    - au secours !!! Wilhem ! Wil ! Dré ! Rick ! Venez me chercher pitié... au secours...

    Je force une fois de plus et la porte s'ouvre brusquement. Mon corps cède sous le coup de la gravité et...

    - Ima !

    - Wil...

    - hey regarde moi, dit-il en me soulevant pour me remettre sur pied. L'expression neutre qu'il arbore en permanence se transforme en inquiétude quand il voit mon visage. Qu'est-ce que tu as ?

    Les autres accourent. Quand Aysen et Andréas me voient, ils entrent en trombe dans la supérette et voient la même chose que moi. Ils sortent immédiatement.

    - qu'est-ce que ça veut dire ? Dit Aysen.

    - le sac... je ... il m'a agrippé... mon cou, dis-je en sanglotant. Wilhem me serre encore plus dans ses bras.

    - qui t'a agrippé ? Dit Wilhem.

    - B-Blood, je... j'ai senti ses écailles... mon cou... je...

     Wilhem arraché presque le col de mon haut. Je vois l'horreur peindre son visage quand il voit enfin ma chair.

    - bordel...

     On est rentré. Le trajet était relativement court. J'ai pleuré tout le long, d'ailleurs, je pleure encore. Je regarde mon cou grâce au miroir que j'ai dans les mains. Il y a des traces rouges autour de mon cou. On est dans la chambre de Wilhem, qui est tellement en colère qu'il tremble comme une feuille.

   - qu'est-ce qui s'est passé Imany, dit Darrick.

   -  je suis entrée d-dans la supérette et je... j'ai vu qu'il n'y avait personne. C'était s-sombre. Je suis allée à la caisse p-pour récupérer le sac et c'est là. Il... il m'a attrapé p-par le cou et il s'est frotté à moi. Il m'a dit qu'il allait me tuer...

    J'éclate en sanglots. C'était horrible. Qu'ils viennent me torturer tous les jours, mais plus jamais, je ne veux plus jamais qu'ils me touchent comme ça. Wilhem s'est approché et m'a pris dans ses bras. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pleuré comme ça.

    - on n'a même pas eu le temps d'aller chercher des livres dans une bibliothèque locale, dis-je après un moment.

     - ce n'est pas grave. On ira une prochaine fois, dit Andréas.

      Les Blood sont des créatures mythiques. C'est quelque chose d'ancien.

    Ancien ...
    Ancien...
    Anci...

    J'ai trouvé.

    - je crois que je sais où on peut trouver des informations, dis-je.

    - comment ça ? 

    - la légende des Blood est très ancienne. Chez moi il y a des individus qu'on appelle gardien de l'histoire ou de la tradition. Ce sont des Shamans. Ils conservent des récits oraux et écrits sur l'histoire de leur peuple. Peut-être que chez moi, les gens ont déjà eu des contacts avec les Blood. Si c'est le cas, il y a peut-être bien quelqu'un qui peut nous aider.

    - tu en es bien sûre ? Dit Darrick.

    - j'en suis sûre.

    

            Je suis certaine qu'elle sait quelque chose.              

Bloody GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant