Bloody Girl

XXXVII

   C'est dingue, c'est complément dingue. Je ne comprends pas encore bien ce qui se passe mais je sais que tout va bien, du moins je ne sens que je ne suis pas en danger. Je tremble comme une feuille tellement l'énergie que je ressens en ce moment est intense. Je suis enfin devant la porte du grenier. J'inspire un grand coup, puis j'entre. C'est toujours comme dans mes Souvenirs, sombre, lugubre et effrayant. J'aime cette atmosphère, j'aime l'énergie qui se dégage de cette pièce. C'est fort, c'est intense, presque étouffant. J'entre. Je dépasse la petite table qui est collée au mur. La dernière fois que je suis venue ici, il y avait un portrait d'Assima posé dessus. Aujourd'hui elle est vide. J'observe attentivement la pièce. Mon instinct m'a mené ici mais je ne sais pas ce que je cherche...

    Tableau...

      Tableau...

         Manso...

    Oh... oui, la peinture...

    Je me tourne vers la droite, et j'avance vers le fameux tableau. C'est une peinture de Mansourah Ba. Elle est issue de la province de Teranga, à  l'ouest de Kama. Je décroche le tableau du mur et je l'observe sous toutes ses coutures. Ce que je cherche ici a forcément un rapport avec lui. Hélas, je ne trouve rien mais je n'abandonne pas. Quand je lève la tête, je remarque un petit trou juste à l'endroit où le tableau était accroché. Je le regarde fixement, comme s'il détenait toutes les réponses à mes questions. Je me souviens de la clé que j'ai trouvé dans la chambre d'Assima. Je la sors de ma poche et je la rentre dans le trou et je fais deux tours dans le sens des aiguilles d'une montre. J'entends directement une série de cliquetis. Bingo ! Le mur s'enfonce et une ouverture se crée. Je suis un peu secouée. J'ai vécu 19 ans dans cette maison et je ne savais pas qu'il y avait une pièce cachée. Un autre des nombreux secrets d'Assima Malanda, je suppose. J'ai l'impression d'être dans un mauvais film horreur. Mon sang se glace quand je vois le couloir sombre. Je me retourne en me demandant sincèrement si je dois y aller. Le doute s'installe. De toute façon, je ne peux pas aller explorer, c'est beaucoup trop sombre, il me faudrait une torc... oh... Il y a une torche posée sur la table vide que j'ai passé il y a quelques minutes. Là ça devient vraiment cringe. Je suis toute seule dans cette maison, comment... ? Bon vous savez quoi ? Ça n'a pas vraiment d'importance, c'est un signe clair de l'univers qui signifie que je dois absolument voir ce qu'il y a dans cette pièce. Je vais ramasser la torche et je l'allume. Bon quand il faut y aller, il faut y aller hein.

    La première chose que je remarque quand je prends ce couloir est le changement drastique de température. Dehors règne une chaleur intense mais ici j'ai l'impression d'être à Gardénia en plein hiver sans manteau. Plus j'avance dans ce couloir exiguë, plus l'impression d'être dans un mauvais film d'horreur croît. Je continue mon avancée. Le couloir débouche sur une petite pièce. Je parcours rapidement la pièce avec ma torche et c'est là que je vois un interrupteur sur un mur. J'appuie dessus et la lumière jaillit. Je m'avance vers l'étagère. Il y a trois énormes livres posés dessus, ayant visiblement subis l'usure du temps. En dessous du compartiment des livres, il y a des objets bizarres en or. C'est super chelou. Il y a aussi des plaques toujours en or avec des gravures semblables au hiéroglyphes. Je promène mes doigts dessus et mon corps se couvre de frissons. Je recule, puis je jette un regard circulaire à la pièce. C'est la que je vois trois photos sur le mur. Ce sont des portraits. Sur le premier, on voit une femme. Sa beauté est saisissante. Elle a une belle peau veloutée, en mode café au lait, de longs et épais cheveux crépus, un véritable régal pour les yeux. Le plus sensationnel c'est ses yeux. Ils sont à mi-chemin entre le jaune et le brun miel, envoûtants et puissants. Elle pose avec un air Royal, comme si le monde entier était à ses pieds. La force de son regard me transperce. C'est absolument phénoménal. Sur le deuxième portrait on voit un homme, clair de peau, avec de petits yeux et un doux sourire... exactement comme moi. Il est beau, et je mentirais si je disais qu'on ne se ressemblait pas lui et moi. C'est ahurissant. La troisième est un portrait de couple, ils posent tous les deux. Ils ont l'air tellement heureux. On ressens toute la force de leur amour à travers l'image. Ma gorge se noue. J'ai beau le vouloir, mais je ne peux pas nier l'évidence. Je sais, je sens que ce sont mes parents. J'ai les larmes aux yeux et je tremble comme une feuille. Comment est-ce possible ? Assima m'a menti, c'est clair comme de l'eau de roche. Mais pourquoi ?

    Je regarde encore les portraits. Une larme se fraye un chemin sur ma joue, ensuite une autre, puis une autre et ainsi de suite. Sont-ils encore vivants ? Pourquoi m'ont-ils laissé ? Et surtout pourquoi Assima m'a-t-elle menti ?

     

        Où mieux encore qui est-elle vraiment et qu'est-ce qu'elle me cache d'autre ?

 

       1k 🎉 merci à vous

                       Xoxo DL