Chapitre 2

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Les filles coururent vers la porte en bois qui donnait sur l'impasse mal-éclairée. Elles poussèrent la porte... pour se retrouver nez-à-nez avec Mme Thompson et un homme dans une discussion agitée. Ils semblaient se disputer. Malgré l'obscurité de l'impasse, Ellie parvint néanmoins à reconnaitre l'homme : c'était le mari de Mme Thompson. Dans la soixantaine, il était petit, un peu rond, et avait une barbe et moustache blanche. Ses cheveux était parfaitement peignés. Le contraste entre lui et sa femme était flagrant : Il portait un costume gris clair sur une chemise blanche avec une cravate gris foncé. Son visage habituellement joyeux, tel que les filles le connaissait, était cette fois crispé par la colère. Il semblait en contradiction avec sa femme, qui était rouge comme une tomate. Ils arrêtèrent de parler au moment où les filles surgirent dans l'impasse. Le visage de M. Thompson se détendit et se fendit d'un sourire aussitôt qu'il vit les filles.

- Oh, bonsoir les filles ! Que faites-vous là ? demanda-t-il d'une voix douce.

La plus vieille, Gina, se tourna vers Mme Thompson.

- Madame, nous sommes désolées. Nous pensons avoir trouvé le problème avec l'Aevum Express. Par contre, nous aurons besoin de plus de temps pour le réparer. Nous voulions terminer ce soir, mais nous n'avons pas vu l'heure. Excusez-nous.

- Bon, Vous vous en sortez pour ce soir. Maintenant vous r'venez et vous allez vous coucher tout de suite. C'est trop tard pour manger. Dommage.

- Merci, Madame, dit Alice.

Les filles, rassurées de ne pas s'être fait punir, mais avec l'estomac vide, entrèrent dans l'orphelinat, dont la porte faisait face à la porte en bois de la gare. Seule Ellie semblait suspicieuse. Elle était une fille très curieuse. Et elle adorait aussi s'empêtrer dans des affaires qui ne la concernaient pas. Ces défauts lui avaient causé des problèmes plusieurs fois auparavant. Elle décida donc de fouiner un peu. Elle s'arrêta derrière la porte et attendit que les filles aient tourné au bout du couloir pour entrer dans le dortoir. Quand elles disparurent de son champ de vision, Ellie pressa son oreille contre la porte. Le couple avait recommencer à se disputer. Et Ellie pouvait entendre clairement tout ce qu'ils disaient.

- J-je n'en reviens pas. Est-ce ce que tu as fait toutes ces années ? s'exclama M. Thompson, avec une voix tremblante.

- Oh, ça va, Edwin. Tu m'remerciera plus tard. J'ai gagné plein d'argent avec ça ! gloussa Mme Thompson, avec un sourire qui pouvait s'entendre.

- P-pour l'argent !? Et les filles, Abigail ? Penses-tu aux autres ? trembla Edwin, dont la voix donnait l'impression qu'il était sur le point de pleurer.

- J'm'en fiche, j'veux dire, elles devraient être heureuses de ne pas me revoir ! dit calmement la directrice.

- Heu-heureuses ? Abigail, tu les utilises comme des e-esclaves, pour réparer des trains et nettoyer la gare, puis t-tu leur fait croire qu'elles seront l-libres à 16 ans, alors qu'en fait tu les vends à des f-familles riches qui les utiliseront aussi c-comme des esclaves !

- Edwin, le sort de ces morveuses t'importe trop. T'attache pas à elles. Elles le méritent pas. T'es trop sensible. Maintenant, bonne nuit.

Ellie n'était pas bête. Elle avait parfaitement compris chaque mot qui avait été dit. Et elle avait le souffle coupé. Choquée par ce qu'elle avait juste entendu, son corps était figé. Mais les pas de la directrice vers la porte derrière laquelle elle se cachait la ramenèrent à la réalité. Elle eut juste le temps de plonger dans la pièce voisine. Ellie entendit la porte grincer, et la directrice s'éloigner dans le couloir, pour rejoindre sa chambre. Elle attendit dans le noir, en essayant de reprendre sa respiration, et en serrant son poing autour du médaillon doré. Puis le silence tomba. Elle pouvait entendre le rapide battement de son cœur. Elle pouvait même entendre son sang circuler dans ses veines. Et elle commença à pleurer. Quelques minutes passèrent. Ou plutôt une heure ? « Mme Thompson est dans sa chambre. Quant à M. Thompson, il doit être parti depuis le temps », elle pensa. Elle considéra qu'il était assez prudent de sortir maintenant sans faire de bruit. La fille traversa le couloir et tourna à gauche. Le dortoir était là. Elle entra, tout le monde dormait. Ellie jeta un regard à Alice. Son visage angélique était apaisé. Elle et Ellie était aussi proches que des sœurs depuis le jour ou Alice était arrivée à l'orphelinat. Elles avaient vécu toutes sortes d'aventures, parfois se terminant en une punition de la directrice. Elle était prête à tout pour protéger Alice des dangers. Puis, Ellie tourna son regard vers Gina. Gina était plus vieille, et plus mature, même si Ellie pensait souvent qu'il s'agissait plutôt de lâcheté. Elles s'entendaient bien, mais n'étaient pas proches comme Alice et Ellie l'était.

Le Quai des OrphelinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant