VI. Réunion ombrageuse.

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   Nous roulions depuis plus d'une heure déjà, quittant progressivement la ville, la voiture dans laquelle je me trouvais s'engagea à travers une forêt. Longeant l'allée sinueuse, elle finit par arriver devant une demeure aux allures d'une autre époque. Les yeux rivés sur la fenêtre, je restai sans voix devant l'immensité des lieux. La propriété était si vaste que je peinais à estimer le nombre de pièces qu'elle pouvait contenir. Plusieurs berlines, toutes plus luxueuses les unes que les autres, étaient déjà stationnées dans la cour. Shiki sortit en premier de la voiture, suivi d'Adriel, et je fis de même. Balayant du regard les alentours, j'observai les autres voitures des membres de ma famille se diriger vers la cour.

- Je commence à regretter l'ATRAM. Ironisais-je malgré moi.

Shiki et Adriel se retournèrent vers moi, me foudroyant du regard à l'unisson.

- Quoi ? Vous voudriez que je sois plus enthousiaste ? Lançai-je d'un ton sarcastique. Mais quel bonheur de cohabiter avec tous ces sang-pur ! Le rêve d'une vie enfin devenu réalité. prononçai-je avec une fausse jovialité, essayant de donner à mes paroles un air convaincu, bien que mon ton soulignait clairement le ridicule de la situation.

- Tu fais froid dans le dos. Me lança Shiki, son regard plein de jugement.

- Faites que ça se passe bien... Implora à voix basse Adriel.

Ignorant leurs remarques, je resta silencieuse, observant le reste des voitures. La cour commençait à grouiller de Gratifiés. L'attention des deux jeunes hommes à mes côtés sembla soudainement captivée par ce qu'il se passait derrière moi. Ils ne bougeaient pas, leurs mines sévères braquées droit devant eux.

- Sora vient d'arriver, ça promet. Prononça mon frère, visiblement tendu.

En entendant ce prénom, je me figeai sur place. Les images de Connor défilaient sous mes yeux, revivant les derniers événements survenus la veille.

- Très sincèrement, je plains cette femme. Connor était son fiancé après tout. Intervint Adriel, brisant le silence pesant qui s'était installé.

- Adriel.

Shiki prononça le nom de notre vice-dirigeant, le rappelant à l'ordre.

Silencieuse, j'observai du coin de l'œil la jeune femme sortir de l'une des voitures, assistée par son chauffeur. Son chapeau cachait son visage et, comme tous, elle était vêtue de noir, signe du deuil qui avait touché les familles. D'ordinaire si fière, elle ne semblait plus être que l'ombre d'elle-même.

Lorsque nos regards se croisèrent, Sora prit notre direction d'un pas décidé. Son visage affichait clairement la tourmente émotionnelle qui la secouait. En arrivant à ma hauteur, sa main s'éleva dans les airs avant de m'asséner une gifle monumentale. Sous la force de son geste, ma tête pivota sur le côté. Je ne réagis pas, ignorant la chaleur lancinante qui irradiait de ma joue.

Consciente que la situation était sur le point de dégénérer davantage avec leur intervention, je fis signe aux deux hommes à mes côtés de ne rien faire. Ils échangèrent un regard perplexe, mais obéirent, restant immobiles. Sora, les yeux brillants de larmes, me fixa intensément.

- Pourquoi... Murmura-t-elle d'une voix tremblante. Je soutins son regard, sentant le poids de sa douleur et de sa colère, mais je restai silencieuse, sachant que rien de ce que je pourrais dire ne pourrait apaiser sa peine à cet instant. Pourquoi fallait-il que ce soit toi qu'il choisisse ?! Il n'y a en toujours eu que pour toi ! Il est mort parce qu'il était chez toi pendant l'attaque. Ça aurait dû être toi, pas lui ! TU AURAIS DÛ MOURIR A SA PLACE ! Hurla-t-elle, ses mots chargés d'une douleur et d'un ressentiment.

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