My fucking Prince

4.RUTH

Ruth

Devant le bar je souffle un bon coup pour me donner du courage. J'ai l'opportunité de pouvoir travailler ici et je souhaite prouver qu'il n'a pas eu tort de me choisir, que j'ai les capacités nécessaires pour cet emploi. Je pousse la porte et retrouve la même ambiance chaleureuse que la veille lorsque je m'engouffre à l'intérieur. Je remarque tout de suite une personne au comptoir et décide de me diriger vers elle la tête baissée. Je ne veux surtout pas me faire remarquer et je préfère rester discrète durant le temps où je travaillerai ici. Je ne suis pas une personne qui aime avoir le regard des autres sur moi. Cela me met souvent mal à l'aise et je deviens maladroite.

— Bonjour, je...euh... Je viens pour le poste.

— Vous êtes Ruth Clenton ?

— Oui.

— Passez, m'intime-t-il en m'ouvrant une porte derrière le bar. Vous trouverez votre uniforme dans un casier à votre nom. Rangez vos effets personnels dedans. Venez me rejoindre lorsque vous aurez terminé, je vous ferai faire un petit tour des lieux avant de commencer.

— Très bien.

    J'observe un peu les murs qui m'entourent. Ils sont remplis de photos de plusieurs hommes et d'enfants. Juste en face de moi il y a plusieurs casiers, je m'en approche pour chercher mon nom parmi eux. Une fois que je l'ai repéré, je vois qu'il y a déjà un cadenas et une clé, je l'ouvre et prends la tenue de travail avant de poser mon sac et ma veste à la place. Je remarque des toilettes et je me dirige vers celles-ci. Au moment où je tourne la poignée, la porte s'ouvre et je me prends un coup brusque sur le nez. Un cri de douleur m'échappe et je recule lentement en couvrant mon visage de mes mains.

— Merde. Excusez-moi, je ne savais pas qu'il y avait une personne derrière la porte.

— Non, c'est totalement de ma faute. J'aurais dû vérifier avant d'essayer d'ouvrir la porte.

— Je ne vous ai pas fait mal ? questionne-t-il.

— Non..Oui..mais ça va aller.

— Vous en êtes sûr ? Laissez-moi voir, dit-il en se rapprochant de moi.

    J'enlève mes mains et, lorsque mes yeux s'ouvrent, ils replongent dans le même regard vert qui les a perturbés hier.

Clay.

— Ruth ? Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-il visiblement surpris.

— Je pourrais te poser la même question. C'est un endroit réservé au personnel et il me semble que tu ne travailles pas ici.

— Effectivement, mais j'ai l'autorisation d'utiliser ces toilettes. Le patron du bar est un bon ami.

— Ah... Je voudrais me changer, je dois aller travailler, bégayé-je en prenant mes vêtements qui étaient tombés au sol dans le feu de l'action.

— Très bien, à bientôt Ruth.

    Il me lance un clin d'œil qui pourrait me faire fondre sur place, si j'étais dans un état lucide, ou remise de ma rupture. Je secoue la tête     en effaçant cette idée. Je ne suis pas guérie de ma relation précédente.

    Une fois changée, je rejoins mon nouveau collègue qui est censé m'aider à me familiariser avec les lieux en me faisant visiter. Je me rends compte que je ne lui ai pas demandé son nom. Manque de sociabilité ? Je pense.

— Vous êtes prête ?

— Oui. Au fait, je ne vous ai pas demandé votre nom et je pense qu'on peut se tutoyer. Enfin si cela ne vous dérange pas, reprends-je rapidement.

— Jaden, et bien sûr.

    Il affiche un sourire chaleureux avant de m'inviter à le suivre. Il ne me montre que l'essentiel, l'emplacement des tables, l'issue de secours et l'inventaire. Ensuite, il se concentre sur le matériel dont dispose le bar, m'indique comment fonctionne le service et comment ne pas se perdre lorsqu'il y a plusieurs commandes. Il énonce les grands points de l'organisation et me donne mon planning qui est très simple comme je suis débutante. Je commence tous les jours à neuf heures, sauf le vendredi ou je commence à douze heures et je finis toujours à vingt et une heures  Jaden me recommande de faire les commandes pour mon premier jour afin d'éviter tout stress lors du service des clients.

— Tu as besoin d'autres explications ?

— Je pense que ça fera l'affaire.

    Le service commence très rapidement et je pense que je peux gérer les commandes avec facilité. Je suis à l'abri du regard des gens, ce qui m'aide à contrôler mon stress. Je suis totalement consciente que c'est mon premier jour de travail et que je ne peux pas tout effectuer à la perfection, mais mon côté perfectionniste ressort toujours tôt ou tard.

    Au fur à mesure que les heures avancent, les commandes augmentent. Je me mets à stresser et essaye d'aller plus vite. Je réussis à me plonger dans une bulle afin d'éviter d'être focalisée sur les tremblements de mes doigts que me cause le stress. Je dépose les trois verres de whisky que je viens de remplir sur le plateau avant de me retourner et de le poser sur le bar pour que Jaden le récupère et fasse son travail. C'est alors que je remarque la présence d'une personne assise en face de moi sur l'un des tabourets de bar. Elle attire mon attention et lève mes yeux vers elle pour immédiatement constater qu'il s'agit de Clay. Il sirote sa boisson tout en m'observant.

— Quoi de neuf Ruth ? Ce n'est pas trop dur de travailler ici ?

— Non, c'est plutôt sympa. Je pourrais savoir pourquoi tu viens t'asseoir devant moi ? Je travaille et tu me déconcentres.

— Tu es déconcentrée à cause de ma beauté Ruth ? Je suis flatté, dit-il en affichant un sourire arrogant sur ses lèvres.

— Non, j'aime travailler seule, en toute sérénité.

— Je ne te dérange pas, je regarde. Retourne au boulot Ruth.

    Je souffle en levant les yeux au ciel. Clay essaye seulement de se montrer sympa avec moi. Mais, le fait que je le trouve vraiment beau me dérange beaucoup alors je préfère éviter sa présence. En faisant cela, je ne trahirai pas une partie de moi-même en trouvant un autre homme que Logahn beau. Bien que je ne cesse de me répéter que c'est mon droit et que je peux refaire ma vie, comme lui avec sa femme, mais pour moi c'est impossible. J'ai l'impression d'être liée à lui d'une certaine manière.

    Je concentre toute mon attention sur mon travail afin d'éviter toutes les pensées qui pourraient me faire pleurer ici, et surtout, devant Clay. Le fait qu'une personne autre que mes meilleurs amis ou ma famille s'intéresse à moi me paraît hypocrite. Je pense qu'ils le font seulement par intérêt. J'essaye de les repousser car j'ai une image négative de ma personne. Si Ioanna apprenait que cet homme cherche à avoir une conversation avec moi, elle me forcera à prendre ma journée pour discuter avec lui. Je me rappelle soudainement ne pas l'avoir prévenue pour mon nouveau job. Cela fait également plusieurs jours que je n'ai pas parlé à Gray. Je suppose qu'il est très occupé au travail donc j'évite de le déranger, et je ne suis pas aussi proche de lui que je ne le suis avec Ioanna. Malgré notre bonne complicité, nous ne nous parlons pas trop en dehors du travail. Ioanna est mon amie depuis que j'ai quinze ans et elle est celle avec qui j'ai passé toutes mes journées.

    Je suis sortie de mes pensées par des cris stridents provenant de l'entrée du bar. Je braque mon regard sur leur provenance et remarque deux filles, la bouche grande ouverte qui sautillent sur place en pointant Clay du doigt. Je me tourne vers celui-ci et l'interroge du regard. Il semble plus qu'exaspéré par cette situation, et si un regard pouvait tuer, le sien aurait assassiné ces deux jeunes filles.

— Tu pourrais m'expliquer ?

— Ce n'est rien, assure-t-il.

— Tu es sûr ? On peut les faire sortir, elles semblent un peu folles sur les bords, dis-je en rigolant nerveusement.

— Je t'assure que c'est bon Ruth, j'ai l'habitude.

Encore une fois, je le questionne du regard.

Sans réponse.