WILDFLOWER - Billie Eilish
Ruth
— Ruth ! hurle ma meilleure amie, brisant le silence de la ruelle. Merde, Ruth ! Réponds-moi, tu me fais flipper.
Je sors de la ruelle et la voit qui se tient droite comme un piquet à l'arrêt de bus où j'étais il y a quelques minutes. Je me mets à courir avant de me jeter dans ses bras et de laisser mes larmes dévaler mes joues par flots
— Ruth, murmure-t-elle. J'ai eu tellement peur.
Mes sanglots m'empêchent de parler, je décide alors de la serrer de plus belle dans mes bras pour compenser. Tout en continuant de pleurer, je réalise à quel point Logahn m'a détruite et continue de le faire. Je me demande si cela sera possible pour moi de m'en sortir. De vivre à nouveau.
— On va rentrer, me propose Ioanna.
Je hoche la tête et me détache de son étreinte. Elle prend mon visage entre ses mains et essuie mes larmes avec ses pouces en affichant un sourire triste.
— Ça va aller Ruth. Je te le promets.
Mes larmes redoublent. Elle me prend par le bras avant de me guider vers sa voiture et de m'installer sur le siège passager. Le trajet se fait dans un silence assourdissant, rythmé uniquement par le bruit de la voiture et de mes pleurs. Lorsque nous arrivons devant mon appartement, je sors de la voiture en lui lançant un regard, espérant qu'elle comprenne que c'est un remerciement.
— Tu crois vraiment que je vais te laisser seule cette nuit Ruth ? Je ne ferai jamais cela, dit-elle en s'approchant de moi. Jamais.
Je la guide jusqu'à mon appartement sans prendre la peine d'allumer la lumière et je me dirige directement dans ma chambre. Je m'affale lourdement sur mon lit, prête à pleurer de nouveau, mais aucune larme ne coule malgré ma peine. Je suis tellement à bout que cela se ressent dans tout mon corps.
— Ruth, m'appelle ma meilleure amie.
Elle entre dans ma chambre et s'allonge à côté de moi avant de pousser un long soupir.
— Je sais qu'il t'a détruite Ruth. Je le vois et cela me fait mal de voir ma meilleure amie, que je considère comme ma sœur, se laisser mourir. Je t'aime et je déteste te voir dans cet état. Cela fait six mois Ruth et je commence à souffrir avec toi. Je sais que c'est dur, mais s'il te plaît reprends-toi. Pour toi et pour ceux qui t'aiment réellement.
— Je n'y arrive pas Ioanna. Je ne peux pas.
— Je sais que tu peux le faire. Tu es forte.
— Je ne le suis plus.
— Je veux que tu arrêtes de te sous-estimer. Ce n'est pas parce que ce connard de Logahn a cessé de t'aimer que tu dois arrêter de le faire aussi. Tu es belle et formidable Ruth ! Et je suis certaine qu'un bon homme tuerait pour que tu sois sa femme. Tu es une femme pleine de vie, rayonnante, qui apporte toujours de la bonne humeur. Tu es à l'écoute des autres et tu te mets toujours au second plan pour les aider. J'ai besoin de retrouver ma Ruth.
— Je vais essayer Ioanna. Pour moi et pour vous. Je te le promets.
***
Le lendemain, je me réveille seule dans mon lit avec les rayons de soleil me brûlant la rétine. Les paroles d'Ioanna m'ont en quelque sorte brusquée. Avec du recul, j'admets qu'après cette rupture je me suis laissé aller. J'en ai totalement le droit, mais je ne dois pas pour autant me laisser abattre par mes émotions, cela nourrit le plaisir de Logahn. Celui de me voir souffrir, d'avoir le pouvoir sur moi et de me contrôler à distance. Les mois qui ont suivi notre séparation, j'ai cessé de vivre. Je suis devenue l'ombre de moi-même, je n'avais plus de vie sociale et je me suis renfermée, préférant pleurer que de profiter de la vie. Je me rends compte que j'ai gâché six mois de ma vie à me morfondre sur un homme qui se jouait de moi. Il me l'a prouvée hier soir lorsqu'il m'a embrassée dans cette ruelle en prétextant être désolé. Il faut que je le sorte de ma tête et que j'essaye de vivre une nouvelle vie sans lui, sans les blessures qu'il m'a causées. Mon téléphone se met à sonner sur ma table de nuit, mon visage étonné en dit long sur mon niveau de sociabilité. J'ai très peu d'amis et je parle uniquement à mes parents, Ioanna et Gray. À la vue de l'heure qui s'affiche sur mon réveil, ce n'est pas un de mes meilleurs amis car ils sont au travail. J'attrape mon téléphone et je jette un coup d'œil, c'est un numéro inconnu. Je décide de décrocher car j'ai pas mal postulé hier et peut-être que l'on m'appelle pour me dire si suis retenue ou pas.
Avec appréhension, je réponds à l'appel tout en essayant de contrôler le stress qui fera sûrement trembler ma voix.
— Bonjour.
— Bonjour, vous êtes mademoiselle Clenton ? me questionne la voix grave d'un homme.
— Oui, c'est bien moi.
— Je vous contacte suite au CV que vous avez déposé à mon bar hier.
— Oui, je m'en souviens.
— Je l'ai lu et il est très intéressant. Mais je voudrais savoir une chose, pourquoi venir travailler dans un bar si vous étiez ingénieur chimiste ? Ce n'est pas une question piège !
— Pour renouer avec le monde du travail.
— Très bien, c'est tout pour moi. Bonne journée.
— Bonne journée à vous aussi, répondis-je, légèrement déçue par le fait d'avoir été refusée.
— Au fait, vous êtes prise. Vous commencez ce soir à dix-sept heures.
— Pardon ?
Il a déjà raccroché. Je reste stoïque pendant un moment, fixant mon mur d'un regard vide avant de sauter de mon lit en poussant un cri de joie. Le premier après six mois.
Une fois que l'heure à laquelle je dois sortir de chez moi arrive, je commence à stresser et à tout remettre en question. Le pire dans tout cela ? Je vais travailler dans le bar où se trouvaient hier Logahn et sa femme, avant que tout ne vole en éclats. Peut-être qu'ils ne remettront pas les pieds dans celui-ci, que je n'aurais plus à les affronter et c'est secrètement ce que j'espère pour enfin recommencer à vivre correctement. Bien que j'habite dans la même ville que lui, New York est une très grande ville, nous ne sommes pas obligés de nous croiser cinq fois par semaine.
Je m'observe une dernière fois dans le miroir avant de courir vers la sortie de mon appartement. Si je m'écoutais j'en aurais encore pour plus d'une heure. Je ne le fais pas par plaisir mais car je sais que c'est un moyen de me torturer. A chaque fois que je me mets devant un miroir, j'ai l'impression que tous mes défauts apparaissent et ce, uniquement pour me nuire.
Depuis ma rupture avec Logahn, j'ai développé un complexe envers mon corps. Je me suis mis en tête qu'il s'est lassé de moi parce que je ne suis pas assez belle et fine à son goût. J'ai alors fait en sorte de perdre les kilos que j'estimais de trop. Sauf que je me trouve toujours des défauts. Je déteste mon corps actuel. Je me rends compte à quel point cet homme m'a fait perdre mes moyens. A cause de lui, je suis devenue une personne que je ne pensais jamais devenir.
Mais je compte bien lui montrer ce qu'il a perdu.
***
Hellooo !
J'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve Lundi prochain pour un nouveau chapitre...
À bientôt,
Prenez soin de vous !

VOUS LISEZ
My fucking Prince
RomancePerdre son travail le jour où ton mec te largue. Quoi de mieux pour commencer la nouvelle année ? Ruth se retrouve au fond du gouffre, sans emploi et sans son petit ami qui l'a lâchement abandonné. Elle s'éteint de jour en jour. Après avoir passé pl...