Tissage céleste

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Le jour est, et ce malgré ce que l'on en dit, un être bien perfide. 

Dès sa plus tendre enfance, Soleil était un être égoïste qui tenait tellement à être remarqué qu'il en a effacé toute lumière n'étant pas artificielle et créé les ombres. Puis les gens se sont mis à le vénérer, négligeant et méprisant son engeance. 

Soleil était alors au sommet de sa gloire tandis que les ombres s'efforçaient de fuir sa lumière destructrice. Leur père et créateur, de plus en plus imbu de lui-même, les pourchassait sans cesse, tournant indéfiniment dans un ciel plus vide encore que son cœur. 

Les ombres se sont alors rassemblées dans un endroit dont elles seules avaient le secret. Elles ont tenté de se réchauffer de leur pâles corps ectoplasmiques. D'enfants du soleil, d'engeance divine, elles sont devenues roublardes pourchassées sans même que le moindre mot ait été prononcé.  

Peu à peu, les ombres se sont amassées pour oublier leur peines et panser leurs plaies. De cette union malheureuse est née une douce mélodie. Petit air de peine est peu à peu devenu souffrance immortelle. 

Les ombres ont chanté à en mourir, elle ont laissé parler leurs cœurs trop longtemps meurtris. Quelque part, en un lieu où la beauté avait encore le droit d'exister, un astre céleste entendit leurs prières, bien que leur chant ne lui fut nullement destiné. 

Cet astre céleste était fait d'une lumière d'argent pur qui, contrairement à celle du soleil, n'écrasait pas celle qui se trouvait en les autres êtres. Lune, puisque tel était son nom, s'est placée là où Soleil jamais ne la rattraperait et a appelé les ombres. 

Pour la remercier de la paix qu'elle était venue leur apporter, les ombres ont entonné leur éternelle mélodie en dansant sous cette lame d'argent et d'espoir. C'est alors qu'est apparue en leur sein une petite lueur. Cette lueur, autrefois étouffée par Soleil, elles l'offrirent à Lune. 

Dans le ciel autrefois si vide fleurirent ces lueurs par milliers. La lune baptisa ses nouvelles compagnes étoiles. 

Soleil pouvait bien briller et les étouffer jour après jour, les ombres ne meurent jamais et, avec elles, leur cœur d'espoir. 

Constats d'une passagèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant