Chapitre 1

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Jordan's pov

Jordan avait l'habitude de se réveiller à l'aube, à l'heure où Paris était encore calme, quand le bruit assourdissant des moteurs et des klaxons ne résonnait pas encore.

Le réveil fût plutôt compliqué car malgré le calme ambiant, propre au lever du soleil,  la tempête qui grondait en lui ne s'apaisait pas. Le jeune politicien n'avait en tête que l'approche du débat. Plus que quelques jours et il serait face à son adversaire.

Il se leva et tira les rideaux afin de laisser les premiers rayons de l'astre solaire pénétrer dans sa chambre immense et vide. Il s'attarda quelques instants à sa fenêtre pour observer le balcon voisin. Abandonné comme d'habitude. Il ne comprenait pas le but de laisser cette jolie balustrade déserte. Mais au fond de lui, il n'était pas certain de vouloir, un jour, voir un inconnu s'y poster. Il avait peur, certes, que ses voisins soient des immigrés, une famille d'étrangers, qu'il haïssait au plus haut point, mais davantage que l'image de l'ancien propriétaire ne s'efface de ses souvenirs.

Le candidat aux élections européennes, représentant du Rassemblement National se détourna de la vitre et de ses pensées puis se mit à observer sa chambre. De simples murs blancs, sa couleur préférée. Il n'y avait aucune décoration à l'exception d'une simple photographie encadrée de Jean-Marie Le Pen, trônant fièrement sur sa table de chevet. Jordan sourit doucement. Ce portrait était probablement un de ses biens les plus précieux puisque Jean-Marie était son ancien mentor. Il était malheureusement devenu compliqué pour le brun d'être vu en sa compagnie car cela risquait de compromettre sa carrière politique. Il embrassa doucement le cadre en faisant attention de ne pas toucher les lèvres de son grand-père sentimental. L'idée d'être un homo le révulsait !    

Embrasser cette photo était un genre de rituel pour le jeune homme. Il pourrait la comparer à un attrape-rêve. Parfois quand il se réveillait en sursaut, il lui suffisait de regarder le portrait pour se détendre. Et lorsqu'il se sentait mal et avait du mal à dormir, il lui fallait seulement serrer le cadre dans ses bras pour que toute trace de mauvaises ondes disparaisse.

Il reposa l'objet car une soudaine envie pressante lui avait pris. Par précaution, il plaça sa main sur son arrière-train. "C'est tellement doux" pensa-t-il. En effet, la matière de son bas de pyjama Hello Kitty préféré était follement agréable au toucher. Le côté molletonné était la seconde raison pour laquelle il avait fait cet achat. La première raison étant qu'il était un fan inconditionnel de ce petit chat adorable et de son joli nœud. Il regrettait tout de même qu'il y ait trop peu de représentation masculine dans ce chef-d'œuvre. Jordan était misogyne, c'était donc délicat pour lui d'avouer que le personnage principal de son dessin-animé favori était une chatte. Cependant, il avait fini par s'y habituer et à remplacer sa frustration de jeunesse par de l'admiration. Kitty avait après tout réussi à pécho Dear Daniel. L'élégance de ce dernier avait suscité son attention au premier coup d'œil. C'est par ailleurs ce qui l'avait convaincu de persister et d'investir de son temps dans la fiction de Sanrio. Plus tard, il apprit que le nom de famille de Kitty était White, cela n'avait fait que confirmer ses choix et ses goûts.

Un grognement intérieur lui rappela ses priorités qui n'étaient malheureusement pas de s'attarder sur quoique ce soit d'autre que la direction des toilettes. Il sprinta alors tel Usain Bolt, un gars qu'il, malgré ses aptitudes remarquables, n'aimait pas forcément pour des raisons plus ou moins évidentes, enfin bon.

"Maudit stress !", jura Jordan alors qu'il poussait la porte des cabinets.

Des choses s'étaient passées dans l'amphi N à Tolbiac. Des choses sombres qu'il s'était promis de ne pas reproduire. L'apparition de certaines rumeurs sur lui devait sans nul doute être l'une des causes de ses maux de ventre. Il avait pourtant fait jurer à ses anciens camarades de ne jamais en parler mais l'information avait fuitée. Heureusement les gens semblaient dubitatifs face à ces échos, ce qui rassurait un minimum le jeune politicien.

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