Chapitre 10

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Hailey

J – 6

Personne ne m'a apporté mon repas le premier soir. Je suis restée assise sur mon lit, les mains posées sur les genoux, les yeux baissés sur mes cuisses nues à écouter le brouhaha en provenance de la cour, les rires, la musique country et les voix de fausset qui reprenaient les classiques du genre. Je parie que le touriste du Wyoming, le professeur de dessin privé de sortie à cause de sa cheville blessée était parmi eux, à pousser la chansonnette.

À cette pensée, j'ai caressé l'espoir d'entendre la clé tourner dans la serrure. Le client est roi, n'est-ce pas ? Clin d'œil aurait peut-être accédé à sa demande s'il m'avait réclamée. Puis les paroles de Josh Turner m'ont invitée à dégringoler de mon nuage.

« Bébé, verrouille la porte et baisse les lumières... » (1)

D'un seul coup, j'ai été projetée dans un recoin sombre de ma chambre, un mec à poil et encore ruisselant de sa douche collé à mon corps. La remontée inopinée du souvenir le plus sulfureux de ses huit derniers jours m'a laissée sonnée et haletante. Merde, Hailey, c'est hyper dangereux, ça ! Je me suis couchée toute habillée, un oreiller plaqué de chaque côté sur les oreilles.

Au réveil, encore dans les brumes du sommeil, j'ai reconnu que la punition était méritée. Je me suis souvenue du portrait peu flatteur que Carlton m'a dressé de ces trois hommes avant que je fonce tête baissée les provoquer. Avec sa répartie peu flatteuse quand il nous a rejoint, je suppose qu'il a essayé de me protéger de leurs avances. Les conséquences que j'aurais eu à subir s'ils avaient insisté, ensemble ou chacun de leur côté, étaient réelles.

Certes, je ne l'avouerais pas au pied de la potence et la corde autour du cou, mais la marque de mes doigts sur la figure du cow-boy, ses hommes pour témoins en prime, était un peu exagéré et ne pouvait qu'entraîner une sanction exemplaire.

Quand la clé a grincé dans la serrure, j'ai été submergée d'un espoir fou. Vite douché à la vue du molosse bien dressé de Jayden. Il a stationné un moment sur le pas de la porte, le plateau de mon petit déjeuner en main. Je venais tout juste de m'habiller après ma douche. J'ai noté l'heure matinale, histoire de ne pas me laisser surprendre en petite tenue s'il lui prenait l'envie de m'apporter tous mes repas. Dire que j'étais déçue de ne pas découvrir un visage ami est en dessous de la vérité. Il a dû interdire aux filles de me rendre visite, comme il les avait obligées à ne pas m'adresser la parole en l'absence du maître des lieux.

— Tu as l'air enchantée de me voir. Tu n'as pas faim, peut-être ?

Il est resté là, s'imaginant sans doute que j'allais me jeter sur le plateau qui dégageait une odeur drôlement appétissante.

— Tu peux le remporter d'où il vient, je n'y toucherai pas !

Bordel, Hailey, tu ne pourrais pas te contenter de la fermer ! m'a crié mon estomac au bord de la famine.

Jonas s'est avancé en ricanant. De plus près, j'ai identifié la couleur de ses yeux que je croyais noirs. Ils sont gris foncé. Le gars se traîne une quarantaine bien marquée au coin de ses tempes grisonnantes. Ça lui confère une certaine maturité qui ne l'empêche pas d'être le dernier des cons. Qu'est-ce que fout Carlton avec ce vieux corbeau ?

— Tu comptes jeûner pendant trois jours ? Parce qu'au risque de te surprendre, je n'en ai strictement rien à foutre, m'avertit-il de manière prévisible.

Il a la voix rauque des grands fumeurs et le sourire tête à claque des candidats à la vendetta. Ce n'est pas à la mort de Shane que je vais contribuer en sortant d'ici.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 13 ⏰

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