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Lorsque mes yeux s'ouvrent lentement, la première chose que je perçois est la silhouette indistincte des arbres se profilant à l'horizon. En scrutant davantage mon environnement, je réalise rapidement que je me trouve à bord d'un bateau. À mes côtés, gît le nain que j'avais aperçu plus tôt. Nous sommes tous deux ligotés de la tête aux pieds.

Ces misérables connaissent pertinemment mon incapacité à nager lorsque je suis entravée de la sorte. Dois-je comprendre que mon sort est de périr ici ?

Je jette un coup d'œil à mon corps et constate que je porte toujours ma robe tachée de sang de tout à l'heure. Ils n'ont même pas eu la décence de me changer avant de décider de me tuer.

Non loin de moi, j'entends une conversation entre deux gardes :

"Il n'arrête pas de me regarder," dit l'un d'eux en parlant du nain.

"Tu n'as qu'à regarder ailleurs !" lui réplique l'autre.

"Je trouve que c'est injuste de devoir faire ça à la princesse."

Oui, c'est vraiment injuste. Libérez-moi, nan ?

"C'est les ordres de Sa Majesté, on ne peut rien y faire."

Je vous jure que si j'attrape ce Miraz, je vais lui faire passer un mauvais quart d'heure !

"Cet endroit devrait convenir," déclare l'un des gardes en me saisissant dans ses bras, me portant comme une princesse, ce qui est approprié puisque j'en suis une. L'autre garde, quant à lui, porte le nain. Tous deux nous dirigent vers l'eau, leurs bras tendus, prêts à nous jeter à notre sort. Malgré mes efforts frénétiques pour me débattre, je ne peux m'en libérer ; ils m'ont ligotée avec une précision redoutable.

Soudain, une flèche surgit de nulle part, traversant le panorama avec une précision inouïe. "Lâchez-les !" est la seule chose que j'entends, criée par une voix féminine, avant d'être précipitée dans les eaux sombres.

****

Edmund Pevensie :

"Lâchez-les," ordonne Susan, pointant une deuxième flèche vers les deux individus qui tiennent les captifs. Je distingue une chevelure rousse, mais je ne peux voir clairement qui c'est ; néanmoins, j'en déduis qu'il s'agit d'une fille.

Susan, est-ce vraiment ce qu'il fallait dire ?

Les gardes laissent tomber leurs prisonniers dans l'eau. Aussitôt, Peter et moi courons à leur secours, tandis que Susan s'occupe des gardes.

Une fois dans l'eau, Peter se dirige vers l'homme pour le secourir. Il me fait signe de m'occuper de la fille, qui semble se débattre désespérément dans les flots. Je nage rapidement vers elle, sentant l'urgence de la situation. L'eau est glaciale et trouble, rendant chaque mouvement plus difficile. Je parviens finalement à l'atteindre et à la saisir fermement. Ses mouvements paniqués ralentissent alors qu'elle commence à comprendre que je suis là pour l'aider.

Avec effort, je parviens à la ramener vers la rive. Peter, ayant déjà sécurisé l'homme, revient à ma rencontre pour m'aider à sortir la fille de l'eau. Une fois qu'elle est allongée sur le sable, je peux enfin voir son visage. Malgré sa beauté, des marques de bleus s'étendent sur sa peau et sa robe sont maculée de sang. Qu'est-il donc arrivé à cette pauvre fille ?

****

REBECCA SALVADOR :

"Lâchez-les, lâchez-les, c'est tout ? Vous n'avez rien trouvé de mieux ?" réprimande une voix émanant des ténèbres, chargée d'une autorité non dissimulée.

"Un simple remerciement aurait largement suffi," réplique une autre voix.

"Ils n'ont pas besoin de conseils pour nous noyer, ils s'en sortent très bien tout seuls," intervient une troisième voix.

"On aurait pu le laisser faire"Ces voix, bien que lointaines, résonnent d'une clarté troublante.

"Ils sont des Telmarins, tout comme cette jeune fille. C'est pour cela qu'ils sont là," explique une voix.

An non ! moi, je ne suis pas là pour tuer.

"Où étiez-vous pendant toutes ces années ?" s'enquiert une voix.

"C'est une histoire longue," répond une voix.

"Elle va bien ? Vous pensez qu'elle est morte, finalement ?"

Soudain, je m'éveille en sursaut. Ai-je atteint le paradis ? Non ! Je me redresse brusquement, crachant de l'eau sur le sol tout en toussant, réalisant que je suis encore bien ancrée dans la réalité.

" Tout va bien ?" me questionne une petite fille, d'une voix douce, qui me réconforte directement le cœur.

"Je crois, oui" dis-je plaçant ma main sur la tête alors qu'un jeune garçon m'aide à me relever, mes yeux se perdent dans les siens pendant qu'il me sourit tendrement.

"Tu es sûre ?" me demande-t-il.

"Oui, oui," Miraz, je crois que votre tentative pour me noyer a échoué.

Je regarde les gens qui m'entourent actuellement, notant avec soulagement que le nain a également été sauvé. Mon regard se fixe sur les épées que tiennent les deux garçons, et soudain, une réalisation frappante me traverse l'esprit.

"Merde, vous êtes..."

"C'est pas possible," soupire le nain. "Ce serait vous, les rois et reines de l'ancien temps."

Un garçon s'avance vers nous, visiblement le plus âgé de tous. "Grand roi Peter, le Magnifique," dit-il en me tendant la main avec un sourire.

Je fronce les sourcils en serrant doucement sa main, perplexe. "Franchement, juste son prénom aurait suffi," je pense.

"Roi Peter aurait suffi, tu ne crois pas ?" murmure l'une des grandes filles.

Je hausse les sourcils, surpris de la coïncidence. Elle a pensé exactement comme moi. Un sourire naît sur mes lèvres. Je m'efforce de ne pas éclater de rire, voulant montrer un certain respect. En vérité, j'ai terriblement mal au visage et sur tout le corps. Les hommes de Miraz m'ont tabassé avant de m'attacher si fort que mes poignets sont devenus rouges. La douleur est à peine supportable.

L'autre garçon baisse la tête en souriant, élargissant mon sourire.

"Elle a peut-être raison," rigole le nain.

Le roi Peter recule après avoir fini de serrer ma main. Il a dégainé son épée et la pointe vers le nain.

"Vous allez être surpris," dit-il.

"Non, vous auriez bien tort, mon garçon," réplique le nain.

"Pas moi, lui," dit Peter en regardant le garçon restant.

Mon regard se pose sur lui. Je le vois sourire et sortir son épée. Le roi Peter tend son épée au nain. C'est pas possible ! Jamais un nain comme lui ne pourrait se battre... je suis désolé pour lui.

Le garçon se met en position pour se battre. Le nain mime que l'épée est lourde avant de la lever avec aisance, et le combat commence. Le nain désarme presque le garçon, le forçant à se mettre à genoux sur une jambe. Il reçoit un coup sur le visage et ça me fait sursauter. Oh merde, jamais, je n'aurais pensé que les coups de cet homme m'affecteraient tant.

"Edmund !" crie la plus jeune.

Donc, c'est comme ça qu'il s'appelle.

"Oh, je vous ai fait mal ?" dit le nain avec ironie.

Le roi Edmund se relève et le combat continue. En dernier ressort, c'est le roi qui désarme le nain, pointant son arme vers lui tandis que celle du nain gît au sol sur le sable.

Le nain le regarde avec stupeur, se laissant tomber au sol. "Barbiche et bois de lit ! Alors ce qu'on dit sur cette trompe est vrai ?"

Quelle est cette expression ?

"Quelle trompe ?" demande la plus grande des sœurs.

"Donc, vous ne savez pas ?" Ils me regardent tous, et finissent par secouer la tête en même temps.

*****

𝐏𝐚𝐫𝐚𝐝𝐢𝐬 | Edmund PevensieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant