Chapitre 5 Billard

493 36 1
                                    

Point de vue Tam

Je ne savais pas que ma prof avait de l'humour, j'ai cru que mon cœur allait défaillir quand elle m'a dit que j'avais raté ma dissert. Je m'assois à côté de Ling et scrute au loin madame Matthews en train de manger.

— Ça va ?

— Oui, oui ça va. Notre chère madame Matthews m'a fait une petite frayeur.

Devant la mine interrogative de Ling, je lui explique. Celle-ci éclate de rire.

— J'aurais aimé voir ta tête.

— Je n'ai pas vraiment trouvé ça drôle, dis-je en grognant. Et toi, toujours en train d'observer la charmante rousse ?

Ling soupire. Quelques bières plus tard, mon regard se porte de nouveau sur miss Matthews qui est en train de jouer au billard avec son amie. Dos à moi, je peux admirer sa jolie chute de rein, sans être vue.

— Où est Patrick ?

— Parti danser, me dit-elle en me montrant la piste du menton.

Notre ami adore la danse depuis qu'il a huit ans. Nous l'apercevons avec un jeune homme charmant. Il nous sourit comme un benêt. Mon regard se tourne vers la table de la jolie rousse qui est en train d'embrasser goulument son petit ami. Ling se décompose, je lui attrape la main et nous partons en direction de la salle du fond. Plus elle sera loin de cette femme à la crinière de feu, mieux ça sera.

— Une petite partie ?

— Mademoiselle Davis et mademoiselle Yu, vous voulez vraiment nous affronter ?

Je hoche la tête. Ling est tellement timide qu'elle ne dit rien. La jolie blonde place les boules dans le triangle. Je m'empare d'une queue et me positionne à côté de ma prof.

— Vous savez jouer ? me demande-t-elle.

— Un peu et vous ?

— Je ne suis pas très douée.

— Donc cela va être facile de vous battre et si on corsait le jeu ?

— Mademoiselle, qu'avez-vous en tête ?

— Si je gagne, je veux avoir votre numéro, si je perds...

— Si vous perdez, vous serez ma stagiaire pendant deux mois.

Mon sourire s'efface, stagiaire, ça veut dire préparer ses cours, l'aider dans les corrections, en gros beaucoup de boulot et moins de temps pour la photo. Il me reste plus qu'à remporter ce défi.

La blonde rigole comme une bécasse dans son coin, je ne l'aime pas.

— Allez, c'est parti.

— Ling, tu as intérêt à assurer sinon tu ne me verras pas pendant deux mois.

Cette dernière pouffe de rire. On tire à pile ou face pour savoir qui va jouer en premier. J'envoie la pièce et c'est à Vicky de casser les boules. Elles ont les rouges, nous les jaunes. Petit à petit le tapis se vide. Madame Matthews est face à moi, elle est concentrée. Elle sort de sa bouche une petite boule qu'elle fait rouler entre ses lèvres. Non j'hallucine, elle a un piercing à la langue. Mon bas ventre vient de se tordre. Putain j'ai chaud, c'est super sexy. Elle envoie directement la boule dans le trou. Il ne m'en reste plus que deux et la noire. La première rentre avec facilité, je lève la tête et trouve le regard sérieux de la belle brune, elle joue encore avec son piercing c'est une habitude, ce n'est pas vrai ! Je me redresse, reprend ma respiration. Je frotte le bout de ma queue avec la craie bleue et me focalise sur la partie.

Vicky s'avance et se penche vers moi.

— Alors tu as besoin d'un coup de main, jolie demoiselle.

Qu'est-ce qu'elle me fait celle-là ?

— Vic, laisse-la jouer, dit madame Matthews en riant.

Je me reconcentre et envoie la boule dans la cavité. Maintenant la noire, il faut que je la rentre en faisant une bande minimum. J'essaie, mais je loupe mon coup. C'est au tour de Vicky, j'ai bien envie de me venger moi aussi. Je n'ai pas le temps de réfléchir qu'elle frappe, la boule roule et entre dans le trou après deux bandes. Je suis scotchée, je vais devoir être le larbin de madame Matthews pendant deux mois.

— Bon courage, me dit la blonde en passant à côté de moi.

Ling se marre dans son coin, je lui lance un regard noir. Madame Matthews s'approche de moi :

— Je suis ravie d'avoir une nouvelle esclave. Lundi vous m'apporterai un café latté bien chaud et je commence à 8h, ne soyez pas en retard, dit-elle en éclatant de rire.

Fais chier !

Elle passe son bras derrière moi pour atteindre ma poche arrière et prendre mon portable. Des frissons me parcourent. Allez, détend toi, elle a juste pris ton téléphone. Elle me le tend pour que je le déverrouille.

— Vous n'avez pas tout perdu, je vous donne mon numéro, cela me permettra de vous contacter pour vous fournir la liste des livres à lire pour le prochain cours.

Machinalement, elle se fait biper pour avoir mon numéro de téléphone.

— J'aurais aimé que cela soit dans d'autres circonstances.

— J'ai un copain, Tam, dit-elle avec sérieux.

Oh, mon dieu, elle vient de m'appeler Tam, je vais défaillir. C'est décidé, je craque pour ma prof, c'est n'importe quoi, il va falloir que je me reprenne. En plus, elle a un mec. Ah que le monde est cruel !

Je pars en direction de ma table, je m'assoie dépitée d'avoir perdu la partie de billard. Patrick, lui, nous fait signe qu'il part avec le jeune homme.

— Arrête de déprimer, tu vas passer tout ton temps avec elle, dit Ling.

— Mais c'est vrai ! Tu as raison, dis-je avec le sourire. Viens ! On va danser !

Je prends le poignet de Ling et l'embarque sur la piste. Tout d'un coup, je sens deux mains se mettre sur mes hanches. Je me retourne pour découvrir Kate.

— Hey ! Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai vu ton petit cul se déchainer sur la piste alors je suis venue te rejoindre.

— Où est Julie ?

— Elle bosse, elle a un partiel. Et toi ?

— J'avais besoin de décompresser.

— Tu rentres avec moi ce soir ? Julie sera contente de te voir, me demande-t-elle en se frottant à moi.

Je relève la tête et mon regard accroche celui de madame Matthews. Elle m'observe avec les sourcils froncés.

— Non pas ce soir, dis-je à Kate.

Cette dernière hausse les épaules et retourne vers sa bande de potes. Ling me hurle dans l'oreille qu'elle veut rentrer, j'avoue moi aussi. En plus, j'ai intérêt à être en forme, si je veux tenir deux mois de stage. Mon téléphone vibre.

— C'est qui ? me demande Ling.

— C'est un message pour le concours, ma photo va être exposée.

Elle s'accroche à mon cou. Nous sautons de joie comme des gamines. La soirée s'est plutôt bien terminée finalement.

Le destin de Kim T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant