Le destin de Kim T3

Chapitre 16 Amère déception

Point de vue de Kim

Pour la dixième fois de la matinée, la sonnerie de mon téléphone retentit. Je jette un coup d'œil, certaine de la personne qui essaye de me contacter. Je ne me trompe pas, c'est Vicky. Je ne bouge pas. Au bout d'une petite minute, un nouveau bip m'indique qu'elle m'a laissé un message. Je pousse un soupir et me décide à écouter.

« Coucou, ma chérie, je voudrais qu'on discute toutes les deux. Je suis désolée que tu aies découvert tout ça de cette façon, euh, tu comprends, je me sens réellement attirée par Damien, mais te perdre me ferait vraiment mal ! Je t'aime tellement fort (sanglot dans la voix), rappelle-moi s'il te plait, je te répondrai, quelle que soit l'heure. ».

De rage, je jette mon portable. Si elle croit que je vais la recontacter, elle peut attendre un moment !

Je suis dévastée et en même temps très en colère. Envers eux et surtout envers moi ! J'ai été trahie par deux personnes qui comptaient énormément pour moi. Comment ont-ils pu faire ça dans mon dos ? Et surtout comment ai-je fait pour ne rien voir ? C'est un cauchemar ! Je me retourne dans le lit de Tam que je n'ai pas quitté depuis la veille au soir. Je n'ai encore rien avalé sauf un café. Je suis nouée. Je ne sais pas ce qui me fait le plus de mal : la trahison de Damien ou celle de Vicky. Je respire profondément. Je repense à ce que nous avons vécu avec Damien. Finalement, avons-nous jamais été un couple ? À part le sexe qui était génial avec lui, qu'avons-nous partagé ? Nous n'avions pas grand-chose en commun. Et puis, il ne m'a jamais vraiment encouragé dans tout ce que j'entreprenais. À commencer par mon travail, qu'il considérait comme un « passe-temps ». Il me complimentait rarement. Et puis, depuis ce matin, pas un seul coup de fil de sa part...

Je songe à Vicky et là une colère m'envahit, mais en même temps, je ressens une douleur incommensurable. Avec elle, nous avons tout partagé depuis que nous nous connaissons. Je souffre d'avoir été trahie, la perte en amour est terrible, mais je pense qu'en amitié, c'est encore pire !

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Tam m'appelle.

— Kim ?

— Je suis dans la chambre.

Tam apparait

— Coucou, tu ne t'es pas levée ? me demande-t 'elle avec douceur.

Je secoue la tête.

— Non, pas envie du tout. Et puis un peu fatiguée par le décalage horaire.

Elle me sourit.

— Oui, je comprends.

— Alors ? Tu as pu récupérer mes affaires ?

— Euh, oui, mais pas tout.

Je fronce les sourcils. Tam s'assoit sur son lit et joue avec la couette du bout des doigts.

— Comment ça, euh ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Tam se racle la gorge.

— Ben en fait, je n'étais pas arrivée depuis cinq minutes que ton ex a débarqué.

J'ouvre de grands yeux.

— Quoi ? Ce n'est pas possible ! Le dimanche, il va manger chez sa mère.

— En principe, oui, mais là, il avait oublié un truc, du coup, il est revenu.

Je déglutis péniblement.

— Et alors, comment ça s'est passé ?

— Eh bien, ç'a été un peu compliqué. Il m'a toisé de haut en bas avant de me demander ce que je faisais dans SON appartement. Je suis restée calme et je lui ai expliqué que je venais prendre des affaires. Il ne comprend pas pourquoi tu ne rentres pas. Je lui ai quand même rappelé que tu avais été trompé. Là, il a éclaté de rire et m'a dit que tu faisais toute une histoire pour pas grand-chose, mais que, soit, il acceptait que tu boudes quelques jours. Il m'a permis de récupérer le strict minimum tout en me suivant de très près.

— Je vais le tuer ! Quel en... !!! Bon et ensuite que s'est-il passé ?

— Au moment où j'allais franchir le seuil de la porte, il m'a plaqué contre le mur en m'ordonnant de lui dire où tu étais.

Mais il est fou ! Qu'est-ce qu'il lui a pris de menacer Tam ? Ma main se pose sur son genou.

— Il t'a fait du mal ?

— Non, rassure-toi. Il n'avait pas intérêt sinon je lui en collais une à ce fils de... ! oups pardon.

Je souris.

— Ne t'inquiète pas, tu peux. Bon alors qu'est-ce que tu lui as dit ?

— S'il ne me lâchait pas immédiatement, je lui ferais regretter d'être né. Il m'a fixé quelques secondes puis s'est éloigné en me disant qu'il était persuadé que tu allais revenir, que tu ne pouvais pas te passer de lui. Je n'ai pas trainé et je suis partie.

— Tu as bien fait ! Oh, Tam, je suis tellement désolée de t'avoir fait vivre ça. Merci beaucoup en tout cas. Je demanderai à mon père et à mon cousin de venir avec moi pour récupérer le reste de mes affaires. Comme ça, on apportera le tout chez mes parents.

— Je t'accompagnerai aussi, je suis là pour toi.

Je la regarde avec tendresse.

— Bien et maintenant, assez parlé de ton crétin d'ex. Que dirais-tu d'aller te balader un peu et d'aller manger un bout ?

J'hésite. Je ne sais pas si j'en ai très envie. Oh et puis allez, ça va me faire du bien ! Je me lève d'un bond.

— OK, tu as raison, je me douche, je m'habille.

Tam me sourit.

— Super !

Le reste de la journée se passe agréablement. Tam est d'une très bonne compagnie. Drôle, joyeuse, attentionnée, elle s'intéresse à plein de choses. Je respire, un sentiment de bien-être m'envahit.

Le lendemain, après une nuit pas si mauvaise que ça en dépit des circonstances, nous nous rendons toutes les deux à la fac. Je me sens plutôt bien, même si je me doute que l'avenir ne va pas être rose tous les jours. Je vais devoir trouver un nouvel appartement.

Il est environ dix heures, je suis en plein milieu d'un cours sur la période renaissance avec les deuxièmes années quand une des portes de l'amphi s'ouvre à toute volée. Je sursaute. Damien vient d'apparaitre. Il me localise et s'approche de moi à pas rapides. Il se plante devant moi. Et m'attrape le bras violemment. Je suis terrorisée. Ses yeux sont injectés de sang, il a une haleine chargée d'alcool.

— Comment oses-tu me délaisser ? Pour une petite aventure de rien du tout ? Tu es complètement folle, ma pauvre fille !

Je devrais me dégager et le remettre à sa place, mais je n'arrive pas à bouger. Je ne l'ai jamais vu ainsi. Autour de moi, le silence est total, tout le monde est figé.

J'ai vraiment très peur.