Chapitre 12 Perte

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Point de vue Kim

J'ouvre péniblement les yeux. Je me sens tellement endormie. Au prix d'un immense effort, Je tourne la tête et me rends compte que je ne suis pas chez moi. J'aperçois une perfusion, un tensiomètre et... Tam au bout du lit. Quand elle me voit éveillée, elle se précipite à côté de moi tout en appuyant sur un bouton.

— La belle au bois dormant est enfin réveillée, vous m'avez causé une jolie frayeur.

— Où... où suis-je ? Que s'est-il passé ?

— Vous ne vous rappelez pas ?

Je ferme les yeux et tente de faire travailler ma mémoire. Tam me regarde soucieuse.

— La dernière chose dont je me souviens, c'est de vous en train de me parler.

— Vous avez fait un malaise assez important donc les secours vont ont transportée à l'hôpital. Ici, ils vous ont opéré en urgence.

Le mot opéré me fait complètement sortir de ma léthargie. J'essaye de me redresser, mais j'ai mal au ventre. Tam pose sa main sur mon épaule pour éviter que je me lève.

— Opérée ? Mais pourquoi ?

Tam m'observe, tristement. Elle s'apprête à me répondre quand la porte s'ouvre sur une femme en blanc. Elle s'approche de moi.

— Mademoiselle Matthews ? Bienvenue parmi nous. Je suis l'infirmière Clarice Ford. Comment vous sentez-vous ? Vous avez mal ?

— Non, ça va, merci. Je ne vois pas ce que je fais ici.

Elle m'adresse un chaleureux sourire.

— Ne vous inquiétez pas, vous êtes tirée d'affaire, en tout cas.

Tirée d'affaire ? Je ne comprends rien. Le stress m'envahit. Mon bras se serre, l'infirmière prend ma tension.

— 8/5. C'est bas, mais c'est normal après le sang que vous avez perdu. Mais grâce aux transfusions, ça va vite remonter.

Le sang que j'ai perdu ? Mon Dieu, que se passe-t-il ? Est-ce que quelqu'un va m'expliquer ce qui m'est arrivé ? Mademoiselle Ford se dirige vers la porte en disant :

— Je viens de biper le docteur Albert, elle va arriver. Elle est très gentille. N'hésitez pas si vous avez des questions.

Elle sort doucement. À peine a-t-elle quitté la pièce, qu'une femme très belle, blonde, assez grande, des petites lunettes sur le nez entre d'un pas rapide. Elle est vêtue d'une blouse blanche qui recouvre un jean et un chemisier rose-pastel. Elle vient vers moi et prend une chaise pour s'asseoir à la hauteur de ma tête.

— Melle Matthews, bonjour.

Attendez, l'interrompt Tam, je vais sortir pour que vous puissiez lui parler tranquillement.

— Non, reste. Je n'ai pas envie d'être seule.

— OK, ça marche.

Mon étudiante s'approche de mon lit. Je respire un grand coup.

— Allez-y, dites-moi ce qui s'est passé docteur...

— Andrews, Jennifer Andrews. Bien, quand vous êtes arrivée ici, vous aviez perdu beaucoup de sang. Nous vous avons opéré en urgence. Ça a été compliqué, mais vous êtes stabilisée à présent. Vous allez rester avec nous trois jours et vous pourrez repartir à domicile avec un repos de six semaines.

Je la regarde sans comprendre.

— Mademoiselle Mathews, est-ce que vous m'avez entendue ? Vous avez des questions ? me demande la jeune femme d'une voix douce.

— Pourquoi j'ai perdu du sang ?

— Vous saviez que vous étiez enceinte ?

Enceinte ? Je suis abasourdie par la nouvelle.

— Non. Je l'ignorais. De... combien ?

— D'environ six semaines.

— Vous avez sauvé mon bébé ?

— Non, je suis désolée, vous avez fait une fausse couche.

Je prends une grande inspiration. J'ai du mal à assimiler ce qui m'arrive. J'essaye de comprendre.

— Bon, OK, mais je suis jeune, je vais pouvoir retenter le coup, n'est-ce pas ? Vous voyez, docteur, étant fille unique, je rêve d'avoir plein d'enfants.

Je tourne ma tête vers le médecin. À son regard, je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

— Mademoiselle Mathews, quand vous êtes arrivée, vous aviez déjà perdu beaucoup de sang et les dégâts dus à votre fausse couche étaient véritablement trop importants. J'ai dû pratiquer une hystérectomie totale. Sinon, vous n'auriez pas survécu. Je suis désolée, mais vous ne pourrez plus avoir d'enfants.

Mon monde s'écroule.

La main de Tam sert fort la mienne.

— Non, ce n'est pas possible ! J'ai toujours rêvé d'en avoir, ce n'est pas vrai ! Mais pourquoi ?

Je fonds en larmes. Tam caresse mon dos pour essayer de m'apaiser, mais ma détresse est immense.

Le médecin se penche vers moi.

— Croyez bien que je suis sincèrement désolée de ce qui vous arrive. Je comprends votre douleur.

— Merci Docteur, je... Je sais que vous avez fait ce qu'il fallait.

Elle se lève :

— Je dois y aller, mais si vous avez besoin d'en parler, nous avons une psychologue qui est à votre disposition. Je repasserai vous voir dès que je le pourrai.

— Merci, murmuré-je.

Le médecin sort de la pièce, le silence est assourdissant. Tam s'assoit sur le rebord de mon lit et caresse ma main avec son pouce. Son contact m'appaise.

— Merci d'être là.

— C'est normal, voyons. Dites-moi si je peux faire quelque chose pour vous.

— Euh oui, téléphone à Damien, s'il te plait.

Elle me regarde, un peu gênée.

— C'est déjà fait.

— Et ? Où est-il ?

— Il ne viendra pas, il déteste les hôpitaux, mais il vous appellera bientôt.

Une claque ne m'aurait pas fait plus mal. Mon homme, celui dont je suis amoureuse, n'est pas présent pour l'un des pires moments de ma vie. Je dois rêver, ce n'est pas possible ! J'ai envie de l'insulter, de le frapper.

— Tu es là depuis combien de temps ?

— Euh, depuis ce matin.

— Tu es restée toute la journée ? Oh, Tam, c'est vraiment adorable, mais tu dois certainement avoir mieux à faire !

— Quand j'ai su que ce cré..., euh je veux dire, que Damien ne viendrait pas, j'ai pensé que vous ne deviez pas rester seule.

J'observe la jeune femme devant moi et je n'ai qu'une envie : la serrer dans mes bras. Je lui souris à travers mes larmes. Je ne peux plus parler. Je ne pourrai jamais avoir d'enfants et celui dont je partage ma vie n'est pas là et ne viendra pas. Je me sens abandonnée, terriblement déçue, trahie même.

On frappe à la porte et Vicky apparait.

Le destin de Kim T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant