Chapitre 8 Dispute

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Point de vue Kim

Atterrée, je regarde Tam partir. Je voudrais lui courir après mais je m'oblige à rester : une petite discussion s'impose avec Damien.

Je me tourne vers lui. Les yeux rivés sur moi, je sens qu'il est en colère, comme moi.

— Je peux savoir pourquoi tu as été impolie avec mon étudiante.

— Et toi ? Je peux savoir pourquoi tu ne m'as pas écouté. Quand je dis non, c'est non !

— Quand je dis non, c'est non ? Et d'où ça sort ça ? Depuis quand je dois forcément me plier à tes exigences ? Tu savais très bien à quel point cette photo me plaisait ! Il n'y a aucune déco dans cet appart, c'est triste à mourir.

Il se met à ricaner et me toise avec mépris.

— Regarde comme il est beau, dit-il en m'imitant, non, mais tu t'entends ? C'est le portrait d'une gosse qu'on ne connait même pas ! Franchement, je me demande...

Il s'interrompt brusquement.

— Oui, vas-y, finis ta phrase, tu te demandes quoi ? dis-je, agressive.

— Je me demande vraiment ce que je peux faire avec une fille qui est complètement déconnectée de la réalité.

Je manque m'étouffer. Je ne peux pas croire ce que je viens d'entendre.

— Pardon ? Tu peux répéter ?

— Oui tu as parfaitement compris, ne fais pas l'imbécile ! Déjà, ton soi-disant métier, prof d'art, qui s'intéresse à ce genre de conneries ? Ensuite, tu es trop sensible, tu t'émeus pour un rien...

D'un coup, la colère retombe. Je me sens vraiment triste. Les larmes montent et commencent à couler. J'essaye de les cacher mais Damien s'en aperçoit. Il a un mouvement d'impatience.

— Tu vois ! Qu'est-ce que je disais ? Tu es toujours en train de pleurnicher ! Pfff ! allez, c'est bon, je préfère partir !

Avant que j'aie pu tenter quoi que ce soit, Damien attrape sa veste, ses clés de voiture et sort de l'appartement en claquant la porte. Je m'effondre sur le canapé, en larmes. Au bout de dix minutes, je suis un peu plus calme, et tout en me préparant une infusion, je me mets à penser à Tam et à tous les bons moments que nous avons passé ensemble ces derniers jours. Cette fille est intéressante, pétillante, un si joli sourire illumine son visage. Et puis, il y a surtout cette photo que je trouve tellement belle. Je constate que Tam a su saisir un instant somme tout banal et le transformer en un moment magique. Et voilà comment Damien a tout gâché. Je lui en veux terriblement. D'un autre côté, je me sens vide. Je pousse un soupir et, ravalant un sanglot, je prends mon portable et appelle Vicky. Au bout de quelques sonneries, j'entends l'annonce du répondeur.

La fatigue me tombe dessus. Encore heureux, je n'ai plus de cours aujourd'hui. Je me dirige vers mon lit et m'écroule sans m'être déshabillée.

Le lendemain après une bonne douche et un café un peu corsé, j'arrive dans mon bureau à la fac.

Je me sens très triste, je viens d'envoyer un message à Damien. Il me manque, je voudrais qu'il rentre à la maison. Il me répond qu'il a dormi chez un copain, qu'il envisage de revenir, mais il faudra que j'enlève la photo du salon. Je m'apprête à lui écrire lorsque Tam fait son apparition :

— Bonjour, je vous ai apporté votre...

Elle s'interrompt quand je relève mon visage vers elle. Elle fronce les sourcils.

— Que se passe-t-il ?

Je soupire et lui résume la soirée d'hier. Quand j'ai terminé, elle me regarde et dit.

— J'aimerais bien savoir pourquoi vous êtes avec ce crétin.

— En fait, je l'ai connu il y a cinq ans. J'ai tout de suite été attirée par lui. Un sourire ravageur, un physique de rêve, quelqu'un sur qui je pouvais... pardon, peux compter, très cultivé. Ce fut un véritable coup de foudre. On ne s'est plus quitté depuis. Rapidement, je me suis installée dans son appartement. Mais, depuis environ six mois, je trouve qu'il a changé.

Tam fronce les sourcils et pose mon café sur mon bureau :

— Changé ? C'est-à-dire ?

— Je le sens moins présent peut-être à cause de son boulot, il dirige une société assez importante, on fait moins d'activités ensemble. Mais bon, c'est peut-être ma faute, j'ai pas mal été prise par mon taf aussi. On s'est certainement éloignés. Mais par rapport à ce qui s'est passé hier...

Je respire profondément.

— Oui ? m'encourage Tam.

— Je suis vraiment désolée de son attitude, il n'a pas été très sympa. En même temps, je l'ai mis au pied du mur, j'ai été à l'encontre de ce qu'il souhaitait.

Tam s'approche.

— Et vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?

Interloquée, je n'arrive pas à détacher mon regard des beaux yeux qui me contemplent. Ce n'est pas tant ça qui me déstabilise que la question en elle-même. Je me redresse.

— Je sais que je ne veux pas perdre Damien, je l'aime et je n'imagine pas ma vie sans lui. J'ai envie de me marier, d'avoir des enfants avec lui, enfin vous comprenez ?

Tam soupire :

— Oui oui je vois bien. Allez, ça va s'arranger.

Je souris mais une inquiétude pointe le bout de son nez.

— Pourquoi je sens que vous n'êtes pas totalement sincère ?

— Disons que compte tenu de ce que j'ai vu hier, pour moi c'est un crétin. Il a une femme splendide et il se comporte comme un crétin, mais après tout je me trompe peut-être.

Je hoche la tête :

— Damien est un être imprévisible, mais il peut être tellement génial.

— D'accord, si vous le dites... Bon, écoutez, je viens d'avoir une idée ? Pourquoi vous ne prendriez pas votre journée ?

— Prendre ma journée ? Vous êtes sérieuse ? J'ai des cours ce matin !

— Et alors ? Vous dites que vous êtes malade. Vu la tête que vous avez, on n'aura pas trop mal à vous croire.

Je réfléchis quelques instants.

— D'accord. Qu'est-ce qu'on fait ?

Le destin de Kim T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant