Chapitre 14 Trahison

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Point de vue de Kim

Je soupire tout en rentrant dans ma chambre. Qu'est-ce que je n'aurai pas donné pour que Tam vienne me rejoindre ! Elle me plait, beaucoup, énormément même. Son corps, ses yeux, sa bouche, ses hanches... tout me fait de l'effet chez elle. Je secoue la tête. Je ne peux pas me permettre de craquer. Tam est mon étudiante et en plus, je suis en couple. En couple... je fronce les sourcils. Tout en me déshabillant et en me brossant les dents, je réfléchis à la situation actuelle avec Damien et aux trois mois qui viennent de s'écouler.

Après mon hospitalisation, Damien n'était même pas là. Il m'a téléphoné tous les jours, mais n'est jamais passé à l'hôpital. Je lui en ai beaucoup voulu de ne pas avoir été présent alors que je pleurais beaucoup. Quand je lui ai annoncé la date de sortie et que je lui ai demandé de venir me chercher, il a prétexté une réunion. J'ai donc pris un taxi.

Le soir, il est rentré avec des fleurs et m'a préparé un diner somptueux. Il a été attentionné, me couvrant de baisers. Jamais nous n'avons abordé la perte de l'enfant que je portais, ni le fait que je ne pourrais plus en avoir. Quand je l'ai repoussé, car il voulait des relations sexuelles, il a paru vraiment contrarié, mais s'est contenté d'un petit sourire et d'un « bah, j'attendrai ».

Depuis ce jour, il a été distant, peu chaleureux. Plusieurs fois, j'ai surpris son regard sur moi, plein de pitié, voire de mépris. Comme si j'avais fait quelque chose de mal. Et puis, une semaine avant mon départ pour Paris, revirement de situation, il m'a dit qu'il regrettait de ne pas avoir été plus attentionné avec moi. Nous devions nous reprendre, car nous nous aimions. Je n'ai pas spécialement réagi.

Et aujourd'hui encore, je ne sais pas trop comment me comporter face à lui. Nous verrons quand je vais rentrer. Peut-être un week-end en amoureux, dans un petit hôtel, loin de New York nous ferait du bien. Je souris. Oui, allez, il faut y croire à notre histoire. Je repense à la discussion avec ma mère. Elle était venue le lendemain de l'opération. Je lui avais tout raconté. Quand j'ai eu terminé, elle m'a serré fort dans ses bras, me disant que je devais parcourir mon chemin quoi qu'il arrive même si je devais être seule.

Et Tam dans tout ça ? Je me sens attirée par elle. Elle a ce petit quelque chose qui me fait craquer, me pousse vers elle. Dans tous les moments difficiles, elle a été présente, un soutien précieux. Quand je suis restée à l'appartement pendant ma convalescence, elle est venue m'apporter les copies des étudiants. Je lui suis plus que redevable. Et ce sourire !!! Puis, brusquement, les larmes me montent aux yeux. Il faut que je parle de tout ça à ma psy et surtout du fait que je ne pourrais jamais devenir mère. J'ai encore beaucoup de mal à évoquer tout ça. Pour moi, c'est un échec. Je me sens tellement inutile. Comment vais-je pouvoir continuer à avancer ? Sans enfants ? Ce n'est pas possible, je n'ai jamais envisagé ma vie comme ça. J'éclate en sanglots. Je pleure pendant plus d'une heure. Cela me fait vraiment du bien. Puis je m'endors, épuisée.

***

Durant notre séjour, nous visitons beaucoup : Le Louvre, le musée Rodin, la tour Eiffel, bref, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer. Cela me fait beaucoup de bien, mon chagrin est présent, mais moins vif.

Au milieu de la semaine, je flâne vers la comédie française quand une voix derrière moi m'interpelle :

— Alors on se promène ?

Je me retourne, Tam s'avance vêtue d'un long manteau couleur crème et de bottines marron, je la trouve ravissante. Mon visage affiche un sourire.

— Oui je vadrouille et vous ?

Elle se rapproche de moi.

— Si je vous disais que je vous ai suivi...

J'éclate de rire. C'est un bon moyen de protection pour éviter de montrer que cela m'amuse et que je suis troublée.

— Ah, ah, mais voyez-vous ça ! Vous savez que je pourrais porter plainte pour harcèlement.

— Vous n'oseriez pas ! Moi, une petite étudiante sans défense, dit-elle, me fixant de ses beaux yeux marrons.

Je reste interloquée. J'ai une furieuse envie de l'embrasser quand soudain, Bip, bip.

— Je suis désolée, je dois répondre, soupiré-je, à la fois soulagée et frustrée.

— OK, pas de souci, à plus tard, Mme la professeure, dit Tam tout en s'éloignant avec un ricanement.

Je la regarde partir, un sourire niais aux lèvres. La sonnerie de mon téléphone me ramène à la réalité. Sans réfléchir, je décroche.

— Allo ?

— Kim, ma chérie, comment vas-tu ? Fais la voix joyeuse de Vic.

Je souris. Vicky ! quel soutien elle a été elle aussi pendant cette période difficile. Je n'en éprouve que plus de tendresse et d'amitié pour elle. Nous parlons pendant un moment de mon séjour, tout en me dirigeant vers un parc, le sourire aux lèvres. Je suis tellement heureuse qu'elle fasse partie de ma vie.

***

La semaine passe très vite. Ce voyage nous a encore rapproché Tam et moi. Elle m'a draguée sans aucune gêne et je lui ai répondu, mais tout en gardant une certaine distance entre nous. Je sais que ce n'est qu'un jeu pour elle.

Dans l'avion qui nous ramène à New York, je discute avec ma collègue Mathilde.

— Alors quels sont tes projets quand tu vas rentrer ? me demande-t-elle tout en sirotant un verre de bourgogne.

Je souris.

— Comme nous rentrons plus tôt à cause de la grève annoncée des stewards demain, je vais faire une surprise à Damien. Je vais aller acheter un petit diner et rentrer avec vu que l'avion va atterrir vers dix-neuf heures.

Mathilde hoche la tête.

— Moi je rentre et je dors dix heures d'affilée !

Une fois les bagages récupérés, je dis au revoir très vite à tout le monde et me précipite dans un taxi. J'ai hâte de retrouver Damien. Ce séjour m'aura permis de faire le point : j'ai vraiment envie de le retrouver et de concevoir des projets. Peut-être le mariage ? L'adoption ?

C'est avec un bon repas pris chez le traiteur que je rentre dans l'appartement très doucement.

J'ai à peine franchi le seuil que des bruits me parviennent de la chambre. Des gémissements, des halètements. J'ai peur de comprendre. Tel un robot, je me dirige vers la pièce. J'ouvre la porte. Et manque de me trouver mal devant la scène qui se joue devant moi. Damien est debout, nu. Ses yeux sont fermés, il a l'air en extase. Agenouillée devant lui, une chevelure blonde s'agite. Non, ce n'est pas possible ! Damien est en train de se faire faire une gâterie par... ma meilleure amie ! j'ai envie de vomir ! Ce n'est pas vrai, je vais me réveiller !

Je me mets à hurler. Tous les deux sursautent. Damien ouvre les yeux et Vicky se relève, épouvantée.

— Bande de salauds ! Hypocrites !!!! Ah c'est beau, tiens !!!

Sans réfléchir, je prends le repas et leur balance à la tête. Ils se protègent comme ils peuvent.

— Vous êtes horribles, dans mon dos en plus ! Comment j'ai pu vous faire confiance ?

Avant qu'ils aient pu réagir, je tourne les talons et me précipite dehors. Et là je tombe sur les chaussures de ma soi-disant meilleure amie. Je les prends et les embarque avec moi. J'attrape mon sac à main et je claque la porte avec rage. Derrière moi, j'entends mon prénom.

J'arrive en bas de l'immeuble et hèle un taxi. Je lui demande de rouler.

— Ne vous inquiétez pas, je vous donne l'adresse rapidement :

Je prends mon téléphone et appelle la seule personne capable de m'accueillir. 

Le destin de Kim T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant