[𝗘𝗡 𝗣𝗔𝗨𝗦𝗘] Au-delà de la douleur

Chapitre 1

Mai 2023, San Francisco.

Installé sur l'une des chaises hautes de la cuisine, je consulte l'emploi du temps d'Owen pour les jours à venir.

J'ai accepté l'invitation d'Isaac à condition de venir accompagner, sans réellement savoir s'il pouvait être disponible ce jour-là.

Mes doigts pianotent l'écran de mon téléphone machinalement, mais je me retrouve vite stoppé dans mon élan en voyant une case m'indiquant que le mot de passe que je tente d'entrer est incorrect.

— Merde, soufflai-je en passant ma main sur mon visage.

Par habitude, j'ai tendance à continuer de mettre mon propre mot de passe en oubliant parfois que je ne travaille plus pour Owen.

J'ai été son assistant pendant deux années et il y a quelques mois, j'ai décidé d'arrêter.

Ça fait maintenant plus d'un an que lui et moi avons entamé une relation. Son travail en tant que mannequin et le mien nous a poussés à être ensemble 24h/24, 7j/7. J'ai dû le suivre aux quatre coins du monde et j'ai malheureusement fini par me sentir étouffer dans cette relation.

On n'avait plus aucun plaisir à se retrouver le soir ni même à n'importe quel moment de la journée et savoir qu'il avait les mêmes ressentis que moi m'a fortement aidé a démissionner de mon poste sans provoquer de froid ou de distance dans notre couple.

À l'heure d'aujourd'hui, il a trouvé un nouvel assistant, il part faire ses voyages à l'autre bout du monde et je peux enfin respirer de mon côté tout en attendant patiemment son retour.

— Tu penses à quoi comme ça pour ne pas m'entendre arriver ?

Je sursaute légèrement en relevant les yeux vers l'encadrement de la porte qui sépare le couloir et la cuisine.

Owen est positionné à cet endroit, ses cheveux châtain sont en désordre et à la vue de sa tenue plus que négligée et de sa tête fatigué, j'en déduis assez rapidement qu'il est épuisé de son voyage en Italie.

— À toi peut-être, souris-je malicieusement.

Il est arrivé à temps, quelques secondes de plus et mes pensées allaient commencer à divaguer malencontreusement vers celui que j'essaye désespérément d'oublier depuis deux ans et demi.

Mes bras s'étendent vers sa direction pour l'inciter à venir s'y réfugier.

Il ne se fait pas prier et arrive précipitamment vers moi en laissant tomber son sac près de l'îlot central. Mon sourire s'élargit en sentant ses lèvres se déposer à plusieurs reprises sur ma tempe.

C'est exactement pour ces moments que j'ai préféré démissionner.

— Tu fais quoi avec mon emploi du temps ? demanda-t-il en tournant mon téléphone vers lui.

En voyant aucune réponse sortir de ma bouche, il place ses iris dans les miens, m'invitant à lui répondre.

— Mardi, c'est l'anniversaire du copain à Isaac, il nous a invités, dis-je en essayant de balayer l'idée de Bailey dans ma tête.

Owen reste muet, les yeux plissaient.

— Isaac, mon meilleur ami, lui rappelais-je.

Sa bouche s'ouvre légèrement, avant de se souvenir d'Anderson.

— Ah oui, c'est vrai, excuse-moi, soupira-t-il en se pinçant l'arête de son nez à l'aide de son pouce et de son index.

Il a aperçu qu'une seule fois ce dernier, l'année dernière quand il est venu me rendre visite chez mes parents.