Chapitre 1

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Tout a commencé ce soir-là. Dans un noir contre lequel ils allait tout les deux devoir se battre.

Le soir ou elle a trouvé sa bonne étoile, et le jour où il l'a trouvée. Dans le noir elle s'est perdue, du noir il l'a sauvée. Elle mourrait dans le noir, il vivait dans la lumière. Sans le lui dire, elle a tant de fois prié pour que sa lumière continue d'éclairer son ombre. Et lui, il priait pour qu'un jour enfin elle lui dise ce qu'elle cachait de l'autre côté de son sourire. Car elle ignorait que son propre sourire n'était qu'un mensonge.

***


La pluie battante se jette contre la vitre. Je suis fatiguée, mais finalement je n'ai plus vraiment envie de rentrer chez moi.

-Chiara, tu veux que je te dépose ?, demande dans mon dos une voix masculine que je suis fatiguée d'entendre.

Je me retourne en face de Tomas, un homme à la chevelure blonde et aux yeux d'ambre qui font de lui un homme d'affaires qui fait tomber les gens dans la rue. On qualifie de « parfait » lorsqu'on le voit, mais qui est surtout très vaniteux lorsqu'on apprend à le connaître. Ou dans mon cas, lorsqu'on est forcé de le connaître. Je suis devenue employée ici il y a deux ans, tout comme lui, et nous avons travaillé ensemble dans la plupart de nos dossiers.

Aujourd'hui, contrairement à moi, il me considère comme son amie proche. J'aurai pu en faire de même s'il n'essayait pas de me faire succomber à ses charmes à chaque fois qu'il en a l'occasion. Je ne lui ai jamais dit que son attitude m'agaçait, mais il m'arrive parfois de le lui faire comprendre en refusant ses multiples invitations au restaurant, ou même parfois chez lui.

-Non, t'inquiète pas, je prendrai un taxi au bout de la rue.

Et sans plus attendre, je me jette pratiquement dehors, sous le déluge. Depuis cette nuit-là, il n'y a rien que je déteste plus que la pluie.

***

Quatre ans auparavant...

Il manquait plus que ça. Je viens de sortir du bar où je travaille, et la journée se termine aussi mal qu'ont commencé toutes les autres. Alors que je marche dans la rue, la pluie fine redouble, et rapidement, il pleut des cordes. J'accélère le pas, enviant les autres passants qui pour la plupart ont des parapluies. Je m'arrête en dessous de la terrasse d'un bar, et à l'abri de la pluie, je regarde la rue de vider de tout piéton. Je suis déjà trempée jusqu'aux os, et n'ayant donc plus rien à craindre, je me remet en route vers mon appartement.

Puis, alors que je regarde mes pieds pour être sûr de ne pas glisser sur les pavés du trottoir, quelque chose me retient par le bras, et je sens une main froide se poser sur ma bouche, étouffant mon cri de surprise. On me traîne en arrière, dans une ruelle des plus sombres, et malgré les coups de pied que je donne aux mollets de la personne qui me retient, je finis par abandonner, essoufflée et à bout de force. Je suis alors projetée contre un mur que ma tête et mon bras heurtent violemment, me retrouvant face à un homme d'une quarantaine d'années, brun, assez grand et à la silhouette élancée, un air menaçant sur le visage.

-Réponds-moi. C'est toi, L'enfant Disparue ?, demande-t-il d'une voix rauque.

-Que...Quoi ?

-Tes cheveux. Est-ce qu'il y a une mèche plus claire dans tes cheveux ?, m'interroge-t-il à nouveau alors que mes tremblements se font de plus en plus forts.

-Je...oui, mais...pourquoi ? Qui vous êtes ?

-Lèves-toi.

Je m'exécute, le cœur battant si vite que je crains qu'il s'arrête, puis l'homme me tient les mains dans le dos, et alors qu'il me tire à nouveau derrière lui, je m'écroule au sol. Ma tête tourne, et alors que l'homme s'approche, prêt à abattre son pied sur moi, une ombre passe devant mon agresseur, et il se retrouve à terre, à quelques mètres de moi.
La douleur de ma chute me traverse, et je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe que le noir m'enveloppe.

Au milieu de ce noir obscure, une fleur d'un blanc parfait se dessine. Je ne comprend pas pourquoi cette image me vient, je ne l'ai jamais vu...

Lorsque j'émerge à nouveau, je suis surprise de constater qu'il fait à peine jour. J'ignore où je suis.

Je cligne des yeux jusqu'à ce que le plafond soit net quand je le regarde, puis je m'assoie dans et manque de hurler. Rien ne va. Je suis dans une chambre qui n'est pas la mienne, je n'ai aucune idée de la façon dont j'ai atterrit ici après mon agression d'hier soir, et par dessus tout, un homme qui ressemble à un évadé de prison vient d'ouvrir la porte en face du lit dans lequel je me trouve.

Environ 23 ans, grand, musclé, des cheveux noir en bataille, des yeux d'un bleu qui me transpercent la chair et un tatouage sur l'avant bras ainsi qu'une boucle d'oreille en haut de l'oreille gauche. Oui. Un évadé de prison.

-Tu te sens mieux ?, demande-t-il d'une voix grave qu'étonnamment je trouve plus rassurante que terrifiante.

-Je crois. C'est...

-Moi qui t'ai sauvé la vie ?, me coupe-t-il. Non, on t'a juste trouvée.

-Merci.

Il avance vers le lit, le contourne et s'assoie sur le rebord de la fenêtre sans détacher son regard de moi, sans pour autant me regarder dans les yeux.

-Comment est-ce-que je peux vous remercier ?, demandais-je pour briser le silence qui s'était installé.

Il continue à me regarder tout en réfléchissant. Je croyais qu'il allait me demander de l'argent, ou rien du tout, mais au lieu de ça, il répond calmement, comme si c'était une requête normale ;

-Deux billets de train. Ou alors un couteau. Et dis-moi « tu ».

-OK. Attend...ton visage me dis quelque chose...Oui. Il y a une semaine, j'ai vu ton visage à la télé.

C'est toi, celui que tout le monde appelle « Le Voyageur ».

-On est grillés ?

De L'autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant