J'avance sous le petit porche qui débouche sur la rue et distingue tant bien que mal une grande silhouette entre les gouttes de pluie. Le frère qui ne voulait pas rester chez moi est debout sous le déluge, le visage levé vers le ciel nocturne. Il est fou ? Il risque d'attraper la pire grippe du monde. Comme si il m'avait entendu penser, il se retourne et fixe son regard glacial sur moi. Si j'avais connu cette personne, je lui aurai fait coucou de la main, et si j'avais connu son nom, je l'aurai appelé. Mais dans cette situation, c'est comme si ses yeux m'avaient statufiés sur place.
La façon dont il me regardait me donnait l'impression qu'il m'accusait de quelque chose, comme s'il me reprochait d'exister, d'être là à le regarder. Il reste encore quelques instants immobile, figé sous la pluie, puis se décide à avancer vers moi. Une fois ce gars à l'abri de la pluie et à environ un mètre de moi, je me sens minuscule, et lorsque je lève la tête pour le dévisager, je me demande si c'est bien un humain qui se trouve en face de moi.
Ses cheveux noirs dégoulinants d'eau, son pantalon et son tee-shirt noir trempé, sa peau luisante d'eau et un goutte qui glisse sur son menton...Il fait peur. Et pourtant je ne suis pas susceptible à la peur, mais là...je suis en face d'une personne qui est recherchée dans chaque pays de la terre et qui sait parfaitement comment éliminer quelqu'un de manière rapide et efficace. J'ai le droit d'avoir peur.
-Tiens, dis-je après une hésitation en levant mon bras vers lui pour lui tendre la couverture.
Je dois attendre de longues minutes avant qu'il se décide à arrêter de me fixer comme si j'étais un alien pour saisir la couverture.
-Pourquoi ?, lâche-t-il.
-Pour pas que tu tombes malade et que tu mouilles tout l'immeuble, répondis-je en essayant de lui sourire.
-Pourquoi tu nous accueilles chez toi ?, réplique-t-il.
C'est vrai que ça ne devait pas leur arriver tous les jours que quelqu'un les héberge, mais à travers eux je me retrouvais un peu, pour des raisons que je connais mais qui malgré tout restent inexplicables.
-Parce que je sais ce que ça fait de se sentir chez-soi nulle part, je répond en fixant un point derrière lui. Je suis sûr que vous avez une bonne raison d'être des hors-la-loi.
-On a tous un chez-soi quelque part, dans ton monde, hein ?, dit-il presque ironiquement.
Il avance d'un pas pour se retrouver à côté de moi avant d'abréger notre conversation avec cette phrase complètement absurde ;
-Si tu penses qu'on est des bonnes personnes, alors lui et moi, on est pas ceux que tu crois.
Puis il monte les escaliers, séchant ses cheveux avec la couverture que je lui avait donnée malgré son air menaçant.
Et moi, je reste là, debout dans le hall à regarder l'endroit où il a disparu pendant de longues minutes, comme si il m'avait attachée à cet endroit en partant.
Le lendemain matin, lorsque je me lève pour voir si les deux jumeaux sont réveillés, ils ont disparu.
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De L'autre Côté
Teen FictionChiara, 23 ans, dont la vie manque de sens, recroise par hasard Nash, 27 ans, et Alex, son frère jumeau, deux hors la loi qui voyagent dans le monde entier pour fuir l'ennui, qui avaient auparavant sauvé la jeune femme. Alors que les deux hommes app...