Épisode 9

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Imane et Zahia ne s'étaient plus revues depuis leur dernière échéance au bord de la plage. Cependant, la belle artisane ne cessait d'y penser et se demandait si en parler à Asta et maman Salima était une bonne idée ? Elle ne voulait surtout pas qu'elles s'inquiètent pour elle. En plus, Asta était en pleins préparatifs du baccalauréat et lui faire part d'une chose aussi effrayante, pourrait avoir un impact négatif sur ses études. Des tonnes et des tonnes de questions hantaient son esprit au point où elle passait des nuits blanches à cogiter sur le rôle qu'elle devait jouer dans cette histoire. En outre, un besoin ardent de découvrir la vérité s'était emparée d'elle. Elle voulait surtout et pour une raison qu'elle-même ignorait, savoir à quoi ressemblait le fameux Achir Ben Sylla. Celle-ci se sentait concernée par cette histoire et comptait faire l'impensable pour aider Zahia à sauver Achir.

Assise sur le seuil de la porte, Imane dessinait des croquis de djellaba qu'elle souhaitait confectionner en vue de la fête de Tabaski qui approchait à grand pas. Yaye Salima se joignit à elle et la regardait sagement faire.

—Comment trouves-tu, Yaye ? Demanda-t-elle en lui montrant la feuille de papier sur laquelle elle dessinait.

—Masha'Allah, c'est vraiment beau. Je serais la première à porter ce magnifique djellaba in shaa Allah. Dit-elle fièrement.

—Amin Ya Rabi. Tu seras magnifique dedans. Ajouta Imane.

—Je n'en doute même pas un peu, ma fille. Imane lui fit un sourire. Puis, baissa timidement la tête pour se concentrer sur ses croquis. Yaye Salima l'observa silencieusement. Quelque chose n'allait pas et elle le ressentait. Elle posa tout en douceur sa main sur l'épaule d'Imane et celle-ci sursauta instantanément.

—Eh! Lou khéw ? (que se passe-t-il) Dis-moi ce qui se passe, ma fille. Tu as l'air soucieuse depuis quelques jours.

—Ce n'est rien, maman. La fatigue... C'est à cause de la fatigue. Balbutia Imane, le regard baissé.

—Tu sais, ma fille... Je ne suis pas née de la dernière pluie. Je sais quand tout va bien et quand quelque chose ne va pas. Mais puisque tu ne veux rien me dire, je ne te forcerai pas la main. Tout ce que je te demande c'est de faire attention à toi, car je n'aime pas te voir triste.

—C'est promis, Yaye et surtout, ne t'inquiètes pas. Ce n'est rien de grave. Rassura la jeune fille.

—Je te fais confiance, mon enfant. À présent, viens là pour que je refasse tes tresses. Ce n'est pas parce que tu es une voilée que tu dois négligée tes cheveux deh. Des cheveux propre et bien tressés illuminent le visage de la femme. Tu me remerciera plus tard in shaa Allah. Elles se mirent à rigoler comme deux petites filles. Ensuite, Imane vint s'allonger sur la natte en plastique rose et posa sa tête sur les jambes de Yaye Salima, prête à se faire illuminer le visage.

                         ***

Comme convenu, Achir et Malick entamèrent les préparatifs de la soirée d'anniversaire surprise de leur mère. Pour éviter toute confrontation avec les médias et la police, ils décidèrent d'organiser la soirée dans la deuxième résidence familiale des Sylla située à la pointe des Almadies, non loin de celle d'Achir. Une somptueuse villa dont les façades étaient ornées de fleurs de bougainvilliers rose violacé. Le sol du jardin était recouvert d'un gazon naturel parfaitement tondu, dont le centre était plutôt décoré d'un chemin de marbre blanc rectangulaire prenant fin au niveau de la géante porte en bois massif noire qui menait au salon.

Ils avaient convenu de n'utiliser que le salon et le jardin pour l'occasion, ce qui était largement suffisant, car le salon était très spacieux, avec de grandes fenêtres pour laisser davantage entrer l'air et la lumière. Pour la décoration, ils avaient opté pour le thème "Mascarade" et comme à l'accoutumée, ce fut à Dayana, ainsi que ses binômes de se charger de la décoration. Des rideaux de soie rouge vif et bleu roi, avaient généreusement été répartis autour de la salle. Sur les murs étaient accrochés de gigantesques masques de arlequin représentés avec une apparence clownesque. Dix grandes tables à manger de dix places en bois sculpté et doré, dont six dans le salon et quatre sur la terrasse, assortis à des chaises rembourrés et gravées, avaient été répartis. Les tables étaient toutes recouvertes de nappes noires parsemées de paillettes doré et de bougies non parfumées.

La Malédiction des Sylla Où les histoires vivent. Découvrez maintenant