Chapitre 10-A

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Est-ce que vous avez déjà sentis cette petite étincelle avec quelqu'un ? Celle qui vous fait comprendre qu'un truc important est en train de se passer, que votre corps le ressent et s'apprête à réagir en conséquence ? C'est ce que j'ai ressentis à cet instant. Quand les ténèbres de ses yeux rencontrèrent les miens, pétillants, une étincelle explosa dans ma tête, répandant sa chaleur de mon cœur jusqu'à mon ventre. Sans m'en rendre compte, je serra mes cuisses entre elle et retint ma respiration. 

Le temps sembla s'étirer à l'infini alors que nous nous regardions. Lui qui n'aimait pas regarder trop longtemps les autres dans les yeux semblaient se noyer en moi comme moi je me noyais en lui. Je n'osais pas ouvrir la bouche de peur de briser ce moment, si bien que je resta là, à attendre qu'il fasse quelque chose. S'avancer, ou me repousser. Je souhaitais de tout mon cœur que ce soit la première option.

Soudain, le contact visuel se brisa quand il grommela et plongea son visage dans le matelas. Une part de moi fut déçu de sa réaction, mais je la retins et préféra rigoler.

- Qu'est-ce qui t'arrives ? T'as des crampes ? 
- Non..., grogna-t-il, toujours le visage caché.
- Bah alors ?

Je plongea ma main sur ses cheveux et tripota quelques mèches que je tirais pour le faire réagir. Mais à part un grognement râleur, il ne fit rien. Je glissa donc ma main dans son entièreté sur sa tignasse et l'attrapa fermement avant de tirer en arrière, en douceur. Sa tête se releva et Jack me lança un regard que je ne déchiffra que trop tard. Sa propre main glissa dans mes cheveux et attrapa les mèches à l'arrière de mon crâne pour les tirer.

- Arrête de tirer mes cheveux, gronda-t-il d'une voix basse.

Était-il vraiment agacé ou était-ce un avertissement que j'atteignais une certaine limite ? Je n'en savais rien à ce moment-là, si bien que je continua sur ma lancée de la rigolade.

- Mais j'aime bien moi, lui répondis-je avec un petit sourire en coin.

Il eut une réaction à laquelle je ne m'attendais pas : il libéra mes jambes puis glissa l'une d'entre elle entre les miennes. Son bras attrapa ma hanche pour me plaquer contre lui et la main dans mes cheveux affirma sa prise. Malgré-moi, mes yeux roulèrent et un soupire sortit de mes lèvres. La température de mon sang augmenta d'un degré encore et un autre type de chaleur me brûla entre les cuisses, contre la sienne.

- Je risquerai de te choquer, me prévint-il en parlant encore plus doucement, comme s'il hésitait lui-même à dire ces mots.

Mon cœur eût un raté et je garda les yeux fermés un moment le temps d'enregistrer ce qu'il se passait. Était-il vraiment en train de suggérer que je lui faisais de l'effet ? Qu'il était à la limite de craquer, de céder à des pulsions qu'il retenait ? Une part de moi en était putain de ravie. S'il savait à quel point il m'en faisait aussi, à quel point je voulais céder aussi... Mais une autre part de moi ne comprenait pas, avait peur. Qu'est-ce qu'il pouvait bien me trouver, à moi ? J'étais loin d'être la fille jolie sur laquelle il était tombé sur son appli', loin de sa silhouette fine et entretenue, de ses beaux cheveux blonds comme les blés et de son visage élégant. Mon corps à moi était tout en forme, avec des rondeurs, des cicatrices nées de mon poids, un nez trop rond où reposait constamment des lunettes qui rendaient mes yeux plus petit, des cheveux qui refusaient de paraître trop discipliné.

Une fois ma surprise passée et mon stress ravalé, j'ouvris les yeux et capta son regard à nouveau.

- Je te l'ai déjà dit, rien peut me choquer avec toi, soupirai-je, espérant qu'il comprenne ce que j'essayais de lui dire.

Sa prise se relâcha dans mes cheveux et se fit moins pressante autour de mes hanches. La peur qu'il ne s'éloigne me fit avoir, à mon tour, une réaction disproportionnée ; autant jouer le jeu jusqu'au bout, dire de savoir où on en était. Je serra de nouveaux ses mèches de cheveux dans mon poing, libéra mes jambes pour glisser la mienne entre les siennes. Mon genoux frôla une certaine zone et je le sentis trembler sous mon contact.

- Dis moi, lui intimai-je, urgente.

Je voulais qu'il me dise, qu'il n'ai pas honte de ce qu'il pense, s'il pensait bien à ce que j'avais en tête. Et je refusais qu'il laisse échappé une occasion pour nous d'être plus proche ; pas alors qu'on avait pas essayé.

Ses yeux, qui s'étaient détournés des miens, revinrent à leur rencontre. Une crainte se cachait derrière l'éclat qui y brillait, l'éclat d'une envie qu'il s'efforçait de retenir. Puis je me souvins des mots d'une amie à qui j'avais touché quelques mots sur ma situation avec Jack. Que mon expérience passée, de huit ans environ, devait lui faire peur ; j'avais une expérience qu'il n'avait pas et ça l'intimidait. Je compris donc que pour apaiser sa crainte (s'il y en avait une), je devais faire le premier pas.

Alors sans attendre, mais sans me pressée non plus, je me glissa plus près de lui. Au lieu de me retenir, il me laissa faire. Ma poitrine se retrouva pressée contre son torse et quand je leva la tête vers lui, nos nez se touchèrent. Je sentis son souffle sur mon visage, sa respiration hachée et son haleine sentant le coca qu'il avait bu quelques minutes avant notre bagarre. Ses lèvres se pincèrent, réaction à une sensation qui devait le traverser, tandis que son regard détaillait mon visage du haut vers le bas. Quand ses yeux se posèrent sur les miennes, entrouvertes pour pouvoir mieux respirer, encore brillantes du gloss que j'avais appliqué, il lâcha un "putain" presque inaudible avant de se pencher et d'y poser sa bouche.

Mon monde renverséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant