La plupart du temps, les gens qui écrivent un livre sur leur vie aiment commencer par leur naissance et leur jeunesse pour pouvoir expliquer la personne qu'ils sont devenus avec le temps. Personnellement je préfère commencer d'entrer en décrivant la femme que je suis : une pile électrique avec une autonomie à chier ; un livre intéressant qui perd ses feuilles dès qu'on la lit ; une paire d'écouteurs avec un très bon son mais qui s'emmêle tout le temps les fils. En gros je suis fiable pour les autres, mais pas pour moi-même.
L'expérience de ma vie la plus parlante pour expliquer ça, c'est ma toute première relation amoureuse.
J'avais seize ans que je l'ai rencontré. Il en avait dix de plus et il était l'homme le plus adorable, le plus intéressant et le plus drôle qui m'ait été donné de connaître à l'époque. Et malgré le refus clair et précis de ma famille, j'avais vécu ma relation aussi intensément que je le voulais. Mon monde, qui m'avait paru terne et sans saveur avant, semblait plus lumineux et délicieux depuis son entrée dans ma vie. Pff, qu'est-ce que j'avais été aveugle ! Enfin, ce sont les expériences qui forgent comme on dit. Bref, j'ai vécu de nombreuses expériences avec lui, autant des plaisantes que des moins plaisantes : les premiers moments de couples, les disputes, les petites attentions, les insécurités, l'emménagement à deux, le besoin d'espace, le besoin de proximité, les projets qui naissent, le voile qui se lèvent sur les défauts de l'autre, etc. Pendant le trois-quart de notre relation je croyais dur comme fer qu'il était l'unique, celui avec qui je voulais vivre le mariage, la maternité et tout le toutim. Pour lui aussi d'ailleurs : il ne cessait de me répéter à quel point j'étais importante à ses yeux, à quel point il m'aimait et que tout ce qu'il voulait s'était mon bonheur. Bien sûr, tout ça c'était du vent. Oh je sais, vous qui lisez ces lignes vous devez sûrement vous dire "Elle est jeune et naïve et elle a fait confiance à la mauvaise personne !". Oui, c'est vrai. Mais on peut pas s'attendre à meilleure réaction de la part d'une jeune femme qui n'a rien vécu et qui n'a jamais su s'aimer telle qu'elle est. On peut pas s'attendre à mieux d'une jeune femme qui n'a jamais compris que l'amour n'est beau que quand il nous rend pas aveugle sur les dangers.
Comme vous vous en doutez, cette relation s'est mal terminée. La jeune femme que j'étais a grandit, mûrie et de nouveaux rêves et de nouvelles ambitions, plus personnelles, sont nés dans son esprit vif. Quelque chose qu'il n'avait pas su comprendre, pas essayé d'accepter. Les disputes sont devenues plus intenses, les conflits plus étouffants et dès que je m'éloignais un peu, les tentacules de son amour revenait m'étouffer jusqu'à ce que mon corps ne me réponde plus. J'avais abandonné tout espoir d'être heureuse. Je pensais que temps qu'il était à mes côtés, je pouvais faire semblant de l'être en tout cas. Mais vous vous souvenez ce que j'ai dit plus haut ? Sur le fait que j'étais une pile électrique à l'autonomie à chier ? Eh bien un jour, la pile s'est brusquement rechargée. Trop pour son petit gabarit - bon petite taille mais grand gabarit en l'occurrence. Notre relation a explosé en millions d'éclats et j'ai réussi à faire la seule chose que je me croyais incapable de faire sans en mourir autant dedans que dehors : le quitter.
Si autrefois je pensais que tenir tête à mes proches pour notre relation était la meilleure décision que j'avais prise de ma vie, celle-ci la détrôna de loin. Je suis retournée chez ma mère avec huit année de vie enfermée dans une valise et un sac de voyage, les épaules et le cœur lourd de mon expérience. J'ai essayé de reprendre ma vie en main, chose qui s'est vite mis en route à mon grand étonnement. Ce que j'avais tenté d'accomplir en huit ans avec mon ex commençait à se réaliser en quelques mois seulement après notre séparation, ce qui me conforta encore plus dans le fait qu'il s'agissait d'une bonne décision.
Evidemment tout n'était pas rose d'entrée de jeu. Je retombais plus profondément dans mes incertitudes, plus vicieusement dans mes peurs à un tel point que je suis devenue un robot réalisant ses tâches par habitudes plus que par envie. Je me levais le matin, me préparait pour le travail, aidait ma mère à la maison et je dormais ; entre temps je mangeais sans faim et je gérais mes démarches d'adultes comme je pouvais. Mais pour être franche, rien ne me donnais envie. J'avais des projets et des rêves à réaliser, oui. Ainsi que toute la liberté dont je rêvais ces dernières années pour le faire. Mais la motivation et le goût de vivre m'avait quitté tous les deux, sans me dire quand est-ce qu'ils reviendraient, s'ils le feraient un jour. Le monde avait de nouveau perdu de son éclat et de sa saveur si particulière.
Vous vous rappelez également de ce que je vous ai dit plus haut ? Sur le fait que j'étais comme un livre intéressant, mais qui perd ses feuilles à force d'être lu ? Je n'étais plus qu'un petit magazine après tout ça, quelques dizaines de pages tout au plus. Il ne restait plus beaucoup de lecture en moi, alors j'ai tout fait pour préserver les pages qu'il me restait. J'essayais d'en écrire de nouvelles, plus solides, pour qu'un jour, la bonne personne, puisse les lires sans me les arracher. Mais voilà, un jour quelqu'un l'a aperçu, mon livre, et j'ai pas pu m'empêcher de lui montrer quelques pages.
C'est ici que commence mon histoire, celle que mes proches rêvent de voir coucher sur le papier.
VOUS LISEZ
Mon monde renversé
RomanceJ'avais tiré une croix définitive sur l'amour, les sentiments ou les relations. Je voulais prendre un nouveau départ, réaliser mes rêves et mes projets et vivre pour moi ! Mais voilà, il a fallut que je tombe sur Lui, et mon monde s'est renversé à n...