Chapitre 3

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Le réveil sonne.
Il brise le silence paisible de la chambre. Les premières lueurs de l'aube filtrent a travers les rideaux. Baignant la pièce dans une douce lumière dorée. La chaleur de la nuit précédente semble encore baignée dans l'air.
J' ai passé la nuit a pensée la nuit a pensée a la soirée, a lui. La scène tourne en boucle dans mon esprit, comme gravé en moi . Je revois son regard posé sur moi, intense, captivant , ses yeux. Le souvenir des fines lignes de son visage, sculpté comme une œuvre d'art.
Dans quoi suis je entrain de sombrer ?
Il me hante.
Une présence qui envahis jusqu'à la moindre de mes pensées m laissant un confusion dévastatrice. Chaque détail de notre rencontre semble se superposé a mon quotidien me rappelant chaque seconde ma déception de n'avoir pas plus approfondie avec lui. Prendre plus que son prénom aurait été une idée bien plus judicieuse que je simplement m''enfuir avec pour excuse Lyla.
La ou je pensais avoir le week-end pour me reposer, j'ai fini par être secouée pas mes pensée intrusive me projetant a vendredi soir, en boucle.
Ça m'allait. Parce que, ces souvenir sont remplis d'un sentiment rare; ils me rendent heureuse.




**

Ce matin, pour la première fois depuis de nombreux jours, une excitation palpable me tire du lit. Ce matin mon réveil ne sonne pas, je me lève avant lui. Je ressens une impatience nouvelle. Motivée par la frustration et l'obsession de le revoir pour prolonger la contact de la semaine passé. L'anticipation de ce moment me donne l'énergie et la motivation qui me manquaient ces derniers temps.
Pour la première fois depuis longtemps, malgré le fait que on physique plus que banale me repoussais, je me pomponnais avec soin. Le miroir reflétait une image de moi-même que je n'avais pas vue depuis un moment. Quelque chose qui commentait finalement a me plaire. Je rassemble mes cheveux et les attache en une queue de cheval, laissant ma frange tomber doucement sur mon front, encadrant mon visage d'une manière délicate. Plus j'observe mon reflet, plus je sens l'envie de changement me consumer. Ce matin, je faisais l'effort de me rendre plus présentable. J'applique avec soin un correcteur pour masquer les cernes qui trahissaient mes nuits agitées, estompant les traces de fatigue sous mes yeux. Un peu de fond de teint pour uniformiser mon teint et redonner un éclat à ma peau. Ensuite, je passais du mascara sur mes cils, les allongeant et les épaississant, donnant à mon regard une intensité nouvelle avant de m'observer.
Me défigurant, je me rends compte que rien de tout ca ne me ressemble, rien de ce que je suis entrain de faire n'est moi. J'efface soigneusement le maquillage affreux qui me servait de masque contre un simple eye liner et un peu d'anticerne.
Motivée par mon envie être au meilleure de moi même, j'essaye de me regarder avec un œil nouveau. J'offre un regard interrogateur a mon chien, son intérêt semble bien moindre. En même temps, qu'est ce que j'attends de la part de mon pauvre chien.
Habillée et coiffée, j'étais prête à partir. Ce matin, pas de mots de mes parents, pas de boite à repas, juste moi.
Pour la première fois depuis longtemps j'arrivais bien en avance a l'école et je ne me contentais pas de nourrir mon asocialisme irritant. Plutôt que de simplement rejoindre ma salle de cours dès mon arrivée je m'installe sur un banc en face de l'entrée principale de l'établissement. L'air matinal était frais et rempli des bruits de l'école qui s'éveillait : des éclats de rire, des conversations animées, le froissement des feuilles et des sacs à dos. Je sors de mon sac un carnet a spirale pour faire passer le temps et me met a griffonner des visages dans la foule des étudiants en gardant mon attention sur l'objectif principal de ma motivation. Chaque seconde qui passait me semblait une éternité, mais je restais là, déterminée, les yeux rivés sur l'entrée, prête à capter le moindre signe de sa présence.
Sans même comprendre pourquoi je restais la a attendre, jr suivais ce que mon cœur dictais machinalement a mon esprit.
Les longues minutes d'attente, où je regardais défiler de nouveaux élèves de l'établissement, commençaient à s'éterniser. Toujours rien. Peut-être était-il en retard, une idée déstructurée comme la mienne. Il n'est pas étonnant que j'aie attendu pour rien.
C'était absurde d'attendre ici, je ne le connais pas, alors ma motivation était stupide. Je me sens indéniablement stupide. Je remballe mon carnet de croquis pour regagner ma salle de cours, un comble d'ironie d'arriver en avance et être en retard pour le cours lui même a force de stagné à l'extérieur.
Chaque pas vers ma salle de cours me rappelait mon impatience et mon anticipation vaines. Les murs de l'école semblaient observer mon retour, témoins muets de mon attente futile appuyant mon sentiment de honte. En m'asseyant à ma place habituelle, je ne pouvais m'empêcher de jeter un dernier regard vers la fenêtre, espérant secrètement le voir arriver au loin, encore un peu.
A ma place, la matinée me semble interminable, mon monde redevenu gris et sans saveur. La lumière qui filtre à travers les fenêtres ne parvient pas à égayer l'atmosphère lourde de la salle de classe.
Pour une fois, je reste attentive et prends des notes. Les pages de mon cahier se remplissent de mots et de diagrammes, entres les gribouillis qui ce dessinent au cours des jours, mais mon esprit est ailleurs. Malgré mes efforts pour me concentrer, mes pensées dérivent constamment vers la soirée de vendredi. Mon week-end de réflexion ne m'a pas aidée a me sortir Caleb de la tête non plus. Je ferme les yeux un instant et revois les rangées de voitures qui me fascinais sans même en savoir quoi que ca soit. Je me revois plongée dans ce monde fascinant, comme si j'y avais toujours appartenu sans jamais y avoir été.
Le murmure distant des voix de mes camarades et le grincement des chaises me ramènent à la réalité, mais l'écho de cette soirée persiste. J'aurais voulu continuer de rester immergée dans ce sentiment, mes rêveries me perdent, je me met machinalement a griffonner dans mon cahier ces souvenirs que je ne veux pas oublier.
Cette sensation apeurante que si je revis quelque chose, tout ce que j'ai vécu aller s'effacer, et que j'allais tout oublier, je ne veux pas oublier. Je me laisse aller a ce dont je me rappelle et retranscrit sur le papier, les voitures, les allées, les gens. Puis l'esquisse de ce qui semble être la voiture de Caleb prend forme sous ma main. Une voiture blanche, avec des phares escamotables, une sangle jaune fluo sur le par-choc avant et l'inscription "Mazda". Je prends soin de représenter chaque détail que mon esprit a su enregistrer. Je soigne les lignes courbes et les particularités du véhicule se précisent, reflétant l'image qui s'est gravée dans mon esprit. Tracé presque machinalement, ces dessins sont une façon de me rapprocher de ce moment éphémère où tout semblait parfait.
Trop prise par mes rêveries, je n'entends pas le cours se terminer pour l'heure du déjeuner. Les élèves commencent à se lever, le bruit des chaises raclant le sol me sort de ma propre tête.
A demis mots dans mes pensées, je me dirige vers ma seule option pour ce midi, a contre cœur, la cafétéria est mon seul choix. En entrant dans le réfectoire déjà animée par le brouhaha des conversations et le cliquetis des couverts. Je me dirige vers le comptoir, prenant un plateau et le remplissant machinalement.
C'est précisément dans ces moments que Lyla me manque et que je me souviens pourquoi je passe mon temps seule.
Je m'assois à une petite table près de la fenêtre, mon plateau en plastique glissant doucement sur la surface lisse. Le soleil de midi dessine des motifs lumineux sur le sol.
J'observe les autres élèves, regroupés en petits groupes, riant et bavardant avec animation. Une bouffée de solitude me serre le cœur. Je prends une bouchée de mon sandwich, mâchant lentement, mon regard perdu dans le vide. C'est explicitement maintenant que je comprends pourquoi Lyla essaye de me faire avancer et aller vers les autres.De l'autre côté de la salle, j'entends des éclats de rire. Je détourne les yeux et regarde par la fenêtre. Dehors, le parc de l'école est verdoyant, les arbres encore en fleur malgré l'avancée de l'automne, une légère brise faisant onduler les branches.
Je soupire encore, sentant une boule se former dans ma gorge. Le lourd fardeau de ma solitude provoquée par mes soins me ronge lentement . J'aime parfois être seule, bien que souvent elle me sois forcée, mais aujourd'hui, cette solitude me pèse. Peut être en attendais-je autant de Caleb parce que je me voyais enfin prendre une issue. Ou peut être juste que j'idéalisais une quelconque relation avec espoir pour me sortir de mon fardeau quotidien.
Je sors mon téléphone, espérant peut-être un message, une notification, quelque chose qui me ferait sentir que je ne suis pas complètement seule. Mais l'écran reste noir, aucune nouvelle. Déçue, je repose doucement mon téléphone sur la table. Quand Lyla n'est pas là c'est vraiment le néant.
Résignée, je me lève et me dirige vers la sortie, le cœur un peu plus lourd qu'à mon arrivée.
Je prends une grande inspiration et me dirige vers ma prochaine classe, déterminée à passer cette journée comme je l'ai fait tant de fois auparavant, en espérant que peut-être, demain sera différent.
Les choses ne changent jamais vraiment a moins qu'on agisse pour qu'elles changent.
C'est a moi qu'appartiens la décision du changement, mais je n'en fais rien. Alors je ne peux m'en prendre qu'a moi même.

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