Chapitre 8 : Sarinah

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Sarinah

Pour une fois, j'avoue être soulagée de le voir apparaître devant moi. Il me sauve la vie, bien que celle-ci ne soit plus d'une très grande importance pour moi. C'est une ironie cruelle, car la vie que je chérissais autrefois semble désormais aussi fragile qu'un mirage dans un désert aride. Les épreuves que j'ai endurées m'ont volé ma joie, transformant chaque battement de cœur en une torture insupportable. Pourtant, le voir là, à cet instant précis, me rappelle que même dans les ténèbres les plus profondes, il reste une lueur d'espoir, aussi infime soit-elle.

— Que faisiez-vous ? demande-t-il d'une voix tranchante, brisant le silence pesant qui s'était installé.

— Elle cherche la carte pour vérifier la légende de l'être scellé, j'obtempère, mes mots teintés de vérité, mais aussi de peur.

Je sais que la situation est désespérée, mais l'instinct de survie est une chose puissante. Pourtant, avant même que je ne puisse me rassurer en pensant que j'ai réussi à détourner son attention, la voix aiguë d'une autre personne perce l'atmosphère.

— Menteuse ! Elle m'a menacé ! Elle voulait que je l'aide à s'enfuir ! crie Mathilde, ses mots crachant du venin, trahissant l'amertume qu'elle nourrit envers moi.

Il me fusille du regard tandis que je me relève péniblement, sentant la douleur irradier de chaque parcelle de mon corps. Je n'ai en apparence rien de cassé, mais sous ma cape, je sens mon poignet gauche, celui sur lequel j'ai amorti ma chute, se boursoufler anormalement. La douleur sourde et lancinante me rappelle à quel point je suis vulnérable, à quel point la situation est critique.

— Lève-toi ! ordonne-t-il, sa voix semblable à un coup de fouet qui claque dans l'air.

— Tu ne vois pas que c'est ce que je suis en train de faire ? T'es aveugle ? rétorqué-je avec un mélange de défi et de douleur.

Mon corps tremble sous l'effort de me redresser, mais je refuse de lui montrer ma faiblesse. Je ne veux pas qu'il voie à quel point il m'a brisée. Cependant, même dans cet état, mon esprit refuse de céder complètement. La colère, cette émotion brûlante et vivifiante, est tout ce qu'il me reste, et je m'y accroche désespérément.

— Vous avez gâché mon repas. Pour la peine, toi, tu vas me suivre, et vous, mère, vous allez retourner dans votre chambre. La mort de père vous a-t-elle fait perdre la tête ? prononce-t-il avec une froideur qui tranche comme une lame.

Il hèle Bastille, qui arrive deux minutes plus tard, l'air sombre et taciturne, comme s'il sentait que quelque chose de terrible allait se produire. L'atmosphère est lourde de tension, chaque respiration semble peser une tonne.

— Nous partons ce soir. Je te demanderai d'enfermer ma mère dans la tour Est. Je tiens à ce qu'elle y reste sous surveillance, ordonne-t-il avec une autorité impitoyable.

Ses mots résonnent comme un glas dans l'air froid, scellant le sort de sa mère avec une finalité cruelle. Il se tourne ensuite vers le haut des escaliers où Mathilde fait son entrée, son visage illuminé par une satisfaction perverse. Je serais prête à parier que c'est cette peste qui m'a poussée, parce qu'elle grimace en me voyant debout, déçue que je n'aie pas succombé à sa tentative de m'éliminer.

— Mathilde, je te demande de prendre soin de ma mère pendant mon absence, dit-il, la voix empreinte d'une douceur trompeuse.

— Avec joie, répond-elle en arrivant en bas et en le serrant dans ses bras, comme pour sceller un pacte secret entre eux.

L'échange entre eux est empreint d'une familiarité déconcertante, un jeu de rôles où chacun connaît sa place. Je sens une vague de haine monter en moi, mais je la refoule, consciente que montrer mes émotions ne ferait que les réjouir davantage.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant