Chapitre 19 : Goliath

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Goliath

En vérité, lorsque je regarde en arrière, je réalise que ces derniers événements ne sont que le début d'une série d'incidents qui vont finir par bouleverser à tous notre existence, nous suivant telle une ombre qui se mouve là où ce n'est pas exposé aux rayons du soleil, nous attrapant et nous enlaçant à l'étranglement, pour ensuite nous envoyer de l'autre côté, dans le monde des morts.

Ma mère et ses compagnons de route m'ont laissé, et se sont évanouis dans la nature, me laissant seul avec un sentiment d'impuissance. Je me retrouve maintenant, sans aucune piste véritable sur l'endroit exact où ils ont pu aller, contraint de retourner au château, ce lieu autrefois si familier mais qui m'apparaît désormais comme un symbole de mes échecs.

Dès mon retour, je ne peux réprimer la rage qui bouillonne en moi. Cette frustration, cette colère sourde qui me ronge depuis trop longtemps, éclate enfin. Un cri rauque jaillit de ma gorge, et dans un accès de colère, je donne un violent coup de pied dans un meuble en bois massif. Le craquement sec du bois qui cède sous l'impact résonne dans la pièce, témoignant de la force de ma rage.

— Je n'ai rien pu faire avancer ! je hurle, l'écho de ma voix se perdant dans les vastes corridors du palais.

Mais malgré ma colère, une voix douce et calme tente de me rassurer. C'est celle de Faeryn, toujours aussi serein, même dans les moments les plus désespérés. Il me dit que grâce à moi, il a pu confirmer une chose : ils n'ont pas encore capturé sa sœur. Mais ses paroles, bien que réconfortantes, ne parviennent pas à apaiser le tumulte intérieur qui m'habite. Je sais que ce n'est pas suffisant. Je suis terrifié à l'idée que nos mondes sombrent dans le chaos si jamais ces artefacts magiques tombent entre de mauvaises mains. La pierre de lune, cet objet si puissant, pourrait bien être la clé de leur plan machiavélique. Mais je n'ai aucune idée s'ils ont déjà mis la main sur les autres objets nécessaires à leur sombre dessein.

Faeryn, voyant que je suis toujours submergé par le doute, soupire profondément avant de poursuivre.

— Si ça peut te rassurer, moi non plus je n'ai pas grandement fait avancer les choses... J'ai juste appris que tous les matins, à l'aube, un homme au visage dissimulé se présente pour acheter quatre portions de nourriture.

Ses mots résonnent en moi comme une lueur d'espoir dans cette obscurité croissante.

— Mais tu plaisantes ! C'est génial ! On peut espérer qu'ils reviennent demain, dis-je, tentant de saisir cette maigre opportunité avec une ardeur renouvelée.

Cependant, Faeryn, plus pragmatique que moi, arque un sourcil en réponse à mon enthousiasme. C'est alors que je réalise que le jour que j'avais en tête n'est plus qu'un lointain souvenir, remplacé par la nuit qui s'est installée, sombre et oppressante.

— Tout à l'heure, je me corrige, conscient de ma méprise en regardant l'obscurité pesante à travers les fenêtres.

Faeryn ouvre la bouche pour parler, mais une quinte de toux violente le saisit. Avant qu'il ne puisse se reprendre, il perd pied, et je dois me précipiter pour le rattraper avant qu'il ne se cogne violemment la tête contre mon bureau.

— C-c'est à cause de la maladie... La perte de mes pouvoirs m'atteint cette fois au même niveau que tous les autres..., explique-t-il, la voix tremblante de faiblesse.

Sans perdre de temps, je l'accompagne jusqu'à une chambre inutilisée du château, le portant presque tant il semble affaibli. Je le dépose délicatement sur le lit.

— Repose-toi, je m'occupe du reste, lui dis-je, plus pour me rassurer moi-même que pour le réconforter.

Je tourne les talons et quitte la chambre, un poids sur les épaules. Je me rends immédiatement devant la porte de ma propre chambre, où Merlin m'attend, son visage assombri par l'inquiétude.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant