Chapitre 2

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Où suis-je ? Tout était noir autour de moi. Mon cœur essayait de s'enfuir par mon crâne et l'air que je respirais griffait mes côtes. J'ouvris la gueule pour essayer d'aspirer davantage d'air en espérant que la douleur s'en irait. Mon expiration était mêlée d'un couinement de douleur et de la bave dégoulinait entre mes petits crocs. J'avais si peur d'ouvrir les yeux. Autour de moi, j'entendais des grognements et des souffles d'exaspération. Une odeur étrange et inconnue flottait. Elle était piquante, mais légèrement réconfortante. Mais quelque chose m'effrayait. Où était passée l'odeur de ma mère et celle de mes frères et sœurs ? Que s'était-il passé ? Ma mémoire était si embrumée.

Mes souvenirs revenirent soudain. L'odeur et la douce chaleur des fourrures de mes frères et sœurs, la vision du jardin sale, l'objet vert et transparent. La créature laide que ma mère appelait Maître, une douleur violente aux côtes et au crâne. Le vide puis le manque d'air. Le corps mou, sans vie et froid de mes frères et sœurs, les derniers mots de Bêtise et cette chienne qui essayait de me sauver.

Je rentrai ma queue entre les pattes et essayai de me recroqueviller, mais une douleur aiguë au flanc m'en empêcha. Mon corps me signifiait ainsi que je n'avais pas le droit de me morfondre. Une fine patte me palpa le flanc et j'ouvris les yeux de surprise en couinant. Une créature semblable au maître se trouvait penchée sur moi, mais elle était bien différente. Son odeur était douce et elle avait un visage rassurant. Son odeur me donna également son sexe, une femelle. Elle était dénuée de poil sur la face, mais en avait sur la tête. Ceux-ci étaient longs, si longs qu'il touchait son épaule. Elle avait une longue peau blanche, plus blanche que le nuage le plus blanc du ciel. Celle-ci semblait toutefois trop grande, car elle volait presque. En dessous, je remarquai une autre couche de peau plus fine. « Ces bipèdes devaient vraiment être très résistants au froid avec toutes ces couches de peau », avais-je pensé. Bon d'accord, elle était plus grande et elle paraissait gentille... Mais ce n'était pas une raison pour me tripoter comme elle le faisait.

- Tu me fais mal ! lui grognais-je.

Elle s'en moqua totalement et continua de me tripoter le ventre en marmonnant doucement. Je n'avais pas trop mal à cet endroit, mais je n'avais pas envie qu'elle me touche !

- Arrête !

Grogner, c'était tout ce que je pouvais faire, car j'avais trop mal aux côtes pour bouger. Pourquoi les bipèdes profitaient toujours de la faiblesse des autres ? Mes grognements ne servaient à rien. Je le compris vite. Je soufflai d'exaspération et je reposai ma tête sur l'espèce de planche froide sur laquelle j'avais été posée. Est-ce que les autres, c'était réveillé ? Et est-ce qu'on leur faisait subir le même sort ? Impossible... n'est ce pas. Et pourtant je voulais le croire. Une ombre passa soudain au-dessus de moi. J'essayai de tourner la tête délicatement pour voir ce que c'était. Et je paniquai quand je me rendis compte que j'étais en train de me faire avaler par un énorme monstre. La femelle bipède me poussa dans l'énorme bouche de la créature.

- Pardon ! Couinais-je. Ne me donne pas à manger à ce truc, s'il te plaît. Promis, je ne me plains plus.

Mais la bipède était sans pitié, elle continua sa besogne et la créature m'accueillit ravie de faire un repas facile. Je fermai les yeux terrorisés et me préparai à sentir les crocs de la créature se refermer sur moi.

Il y eut plusieurs petits bruits, mais les mâchoires de la créature ne se refermaient pas. Peut-être m'avait-elle gobé !

Un instant plus tard, je sentis la planche sur laquelle j'étais couché reculer. J'ouvris les yeux pleins d'appréhension et me rendis compte que le monstre m'avait recraché. La femelle bipède arrêta de tirer la planche et me chuchota un mot doux avant de passer un objet au-dessus de moi. En même temps qu'elle faisait ça, elle regardait une boite carrée avec des images bizarres. Elle avait l'air si sérieuse. Elle arrêta enfin de passer la chose au-dessus de moi et s'éloigna un instant. Je pris un instant pour respirer et faire le tri de toutes les informations dans ma tête. Mais je n'eus pas le temps de finir, car la femelle bipède revenait déjà.

Bon chien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant