Un petit paquet humide et gluant glissa doucement vers l'extérieur. La chose à l'intérieur allait enfin découvrir un monde nouveau. Le paquet heurta le sol froid et sale. Inerte, la chose attendit que sa mère déchire le paquet gluant et anime le chiot prisonnier à l'intérieur. Ce chiot, c'était moi.
Je suis né aveugle et sans nom. Bien sûr, j'étais trop jeune pour m'en soucier, car ce n'était pas ma première priorité. Non, à cette heure, je rampais tant bien que mal vers l'odeur douce de la chienne que je considérais déjà comme ma mère. Avancer était difficile et ce fut la première épreuve de ma vie. Je me mis à téter dès que ma truffe sentit quelque chose de nu perdu dans l'amas de poil qu'était la fourrure de ma mère. La première goutte fut la meilleure, elle glissa délicatement dans ma gorge et trouva une place dans mon estomac. C'était doux et bon. Mais je n'étais pas seul, quatre choses remuaient à côté de moi et une cinquième me poussa, le poil encore humide de la poche gluante dont elle venait de sortir. "Beurk !", avais-je pensé.
Mes yeux commençaient à s'ouvrir. J'étais si impatient ce jour-là, à quoi ressemblait le monde ? Quelle déception j'ai ressenti. Je vivais dans un espace grand pour un chiot, mais trop étroit pour une famille. Les murs de l'abri étaient en bois pourri et le sol était tapissé de poussière. Une multitude d'insectes se partageait le bois et c'était à celui qui faisait le plus de trous. Et je ne vous parlerai pas de l'odeur. Au moins, maintenant, je savais d'où ça venait. Heureusement, je n'étais pas seul. Mes frères et sœurs trouvaient toujours des jeux bizarres pour passer le temps. Et puis, il y avait notre maman.
Notre mère était gentille et sa présence rassurante cachait la puanteur de notre abri. Je l'a trouvé belle même si elle revenait souvent avec des blessures et que certaines zones de sa peau étaient dénuées de poils. Son odeur était un mélange de sang, de terre et de lait. Je ne connaissais pas beaucoup d'odeurs alors pour moi elle sentait bon. Ce jour-là, elle nous avait rassemblés et fait asseoir sagement devant elle.
- Vos yeux sont tous ouverts, avait-elle chuchoté, félicitations mes chéries.
On avait tous remué la queue, notre mère était fière de nous, génial !
- Il est temps que vous receviez vos noms temporaires.
- Temporaire ? avais-je demandé
- Oui, m'avait-elle répondu. Seul notre maître peut vous donner un nom définitif.
- Pourquoi ? avais-je continué de questionner
Elle haussa les épaules.
- Parce qu'il ne garde jamais les noms qu'on se donne.
- C'est pas gentil ! avait gémi ma petite sœur.
- C'est comme ça.
- On le rencontre quand ce maître ?
Cette dernière question, que j'avais posée, était sans doute la question de trop. En effet, à ces mots, ma mère s'était mise à trembler. Elle avait baissé les oreilles et sa queue s'affola de nervosité, son odeur douce se changea en peur :
- Jamais ! aboya-t'elle sèchement.
Je ne voulais pas la mettre en colère, les larmes perlèrent sur mes joues et je me recroquevillai sur le sol. Mes frères et sœurs qui avaient également sursauté baissèrent les oreilles et se collèrent à moi. Notre mère prit alors conscience qu'elle avait crié et nous regarda tristement avant de se détourner. Elle jeta un œil en dehors du trou qui servait d'entrée et scruta les alentours. Lorsqu'elle rentra la tête dans l'abri, elle semblait légèrement soulagée et se rapprocha de moi. Je déglutis avant de couiner fébrilement :
- Pardon, je voulais pas te mettre en colère.
Elle secoua la tête et frotta son museau sur ma tête :
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Bon chien !
Cerita PendekDans le repaire caché d'une chienne, Curieux, un chiot à peine né se sent à l'étroit. Fidèle à son nom, il sort découvrir le monde et désobéit par conséquent à sa mère. Traumatisé par sa première sortie, il essayera de se reconstruire et de fuir son...