Chapitre 4

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Un liquide rouge et chaud coulait sur ma tempe. Du sang. Je serai mes crocs pour encaisser la douleur. Le projectile m'avait presque arraché l'oreille. Fred me regarda et je lui fis signe que tout allait bien. On se coucha derrière un meuble et Fred cria un truc à l'autre malade qui m'avait tiré dessus. Celui-ci lui répondit du même ton, mais il dégageait une odeur de peur. Tant mieux, c'est tout ce qu'il méritait. Je grognai en attendant les ordres. Perle me rejoint :

- Rock et son maître sont passés par-derrière, m'informa-t-elle, les autres encerclent le nid.

J'acquiesçai, toujours attentif à la voix de mon humain.

- Je vais aller de ce côté, me dit-elle en pointant un objet avec sa queue. Toi, tu vas faire le tour de l'autre côté. Rock va attaquer l'humain et essayer de le déséquilibrer. Moi, je l'immobiliserai et toi, tu devras l'empêcher d'utiliser son cracheur de feu. Compris ?

Ce n'était pas réellement une question, mais je lui répondis un « compris » pour la forme.

On s'exécuta alors. Perle alla se mettre en position et je fis de même en évitant d'attirer l'attention. Alors que j'avais pris ma place, je sentais mon cœur qui essayait de sortir de ma cage thoracique et je sentais une grande chaleur parcourir mes flancs. Je dus planter mes griffes au sol pour essayer de calmer mon stress. C'était ma première mission vraiment dangereuse. La famille avait été évacuée, Fred tira un coup de feu dans le vide. L'ennemi pointa son arme vers la cachette de Fred, son attention étant focalisée sur mon compagnon. De là, où j'étais, je pouvais voir l'homme tremblé, il ne faisait pas le fier.

C'est ce moment que Rock choisit pour attaquer. Quand je le vis, je me mis à bander mes muscles. Le vétéran le bouscula si fort que l'ennemi tomba. Je me précipitai vers l'humain à terre, Perle arrivait de l'autre côté et Fred se releva. J'attrapai l'arme avec ma gueule, en espérant que ça ne me pète pas entre les crocs. Perle mordit le bras de l'humain qui se mit à crier plus de peur que de douleur. Le maître de Rock arriva avec des menottes et attacha les bras de l'ennemi. C'était fini, Fred rangea son cracheur de feu et fit un signe de tête à son collègue qui relevait déjà l'individu. L'agresseur avait le moral au plus bas, conscient de ce qui l'attendait. Je regardai Rock qui suivait son compagnon dehors, puis mes yeux se posèrent sur Perle. Elle me regardait étrangement, presque terrifiée :

- Espoir ? Me demanda-t-elle.

Qu'est-ce qu'elle me voulait ? L'adrénaline commença à redescendre et une douleur fulgurante me saisit à l'oreille, mais aussi au flanc. Pour la première fois, je sentis l'odeur du sang sur mon flanc et il me semblait que tout autour de moi devenait flou. Mes pattes tremblèrent et alors que je m'apprêtais à répondre à Perla, je sentis le sol du nid rentrer en contact avec ma tête. Perle aboya :

- Officier à terre ! Officier à terre!

La dernière chose que je vis, c'étaient les grosses pattes de Fred qui s'approchait de moi.

J'avais été forcé de voir une blouse blanche. En plus de mon oreille, un projectile avait frôlé mon flanc. Bien sûr, la blouse blanche ne c'était pas gêné de m'empaqueter dans un rouleau de fil blanc et de mettre la collerette de la honte. Je ne l'aimais vraiment pas.

Toute ma famille avait été triste. Rose avait pratiquement sorti toutes ses peluches pour les mettre dans mon panier. Béatrice me couvait de câlin et Fred me disait des choses incompréhensibles, mes réconfortants.

On avait fini par m'enlever la collerette, mais j'étais toujours en repos forcé. Un jour, Fred me fit monter dans sa rouleuse, mais ce n'était pas celle du travail. De plus, Béatrice et Rose étaient montées aussi. Le trajet avait été long et Rose m'avait montré plein d'images bizarres qui bougeaient. Ça avait fini par me fatiguer et j'avais dormi tout le reste du voyage. Lorsque Fred ouvrit le coffre et qu'il me fit sortir, une grosse étendue d'eau et de sable se déroulait devant moi. L'eau se confondait avec l'horizon et le ciel. Rose était tout excitée et moi aussi. On se mit à courir sur le sable et chaque grain me chatouillait les coussinets. Béatrice et Fred préféraient s'allonger sur le sable. Tellement ennuyeux. Je jouai avec Rose toute l'après-midi. Elle me lançait encore ses affaires et je les rattrapais. On a couru dans l'eau et j'en ai bu un peu. Juste le temps de me rendre compte que c'était imbuvable.

Bon chien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant