Red Autumn •Poppy Seed•

Douze.

{Pdv d'Aki}

Essoufflé, je tentais de rattraper Sharron. Mon cœur battait si vite que je croyais qu'il s'échapperait de ma cage thoracique. Un étrange sentiment m'envahit, alors que les pensées se baladèrent bruyamment dans mon cerveau. Je ne pouvais pas les arranger, les organiser, une incompréhension s'installait alors.

Tout s'est passé si rapidement, d'abord une bagarre entre Sharron et Oliver, et maintenant qu'il s'enfuit. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ? Pourquoi tout est étrange ? Étrange...ce monde est étrange...

Il faut que je retrouve Sharron, mais...où est-il ? Je l'ai déjà perdu de vue, je ne sais pas où il habite, je ne sais pas où est-ce qu'il se trouve, les endroits qu'il fréquente le plus. C'est vrai, je ne connais pas réellement grand-chose de Sharron. Tout s'est passé si brusquement et rapidement, mais est-ce que je connais réellement Sharron ? Je ne connais que ce qu'on a en commun.

Face à cette réalité, un silence m'emplît. Je suis seul, sur un trottoir, confus. Confus de quoi ? De tout. Où devrais-je aller même ? Je ne pouvais pas chercher Sharron, je ne sais pas où il est, je ne pouvais pas retourner au lycée, avec la scène causée il y a peu de temps, je risquais d'attirer l'attention, les regards jugeurs des spectateurs. Et Oliver...il se trouvait toujours au lycée, je ne voudrais pas risquer de le revoir.

Il me reste plus qu'une issue, retourner chez moi.

Le regard concentré sur le vieux trottoir ensevelit de feuilles mortes, je traçais mon chemin jusqu'à ma petite maison. Le vent ramenait des mèches à mes yeux, et obstruait mon ouïe, je ne faisais que l'entendre, ce son violent, perturbant mes esprits.

Je marchai, lentement mais surement, alors que mes pensées se battaient entre elles dans mon cervelet, m'empêchant de raisonner normalement.

Je levai les yeux, et vis enfin ma maison, qui m'attendait tranquillement, alors que mon esprit changeait ma perception de la scène, je voyais ma maison doucement reculer, comme si elle me...fuyait.

Je vis également ce ciel gris qui assombrissait ma joyeuse maison, dont les nuages se moquaient tour à tour du désespoir qu'ils créaient dans mon cerveau, et imprégnaient les sols d'une acide pluie sans remords.

Ce n'était qu'une fine pluie qui s'étalait sur le paysage, mais cette image suffisait à me ramener dans un souvenir d'averse, souvenir partagé avec Sharron, lorsque nous rentrions également chez moi. Me remémorer ce jour probablement joyeux pressait mon estomac, comme s'il tentait de s'essorer lui-même, afin d'écraser les papillons qui s'y trouvaient récemment. Il ne veut plus subir cette pensée, ce souvenir lié à Sharron, et je ne compris guère sa raison, mais l'acceptais.

Mes faibles jambes, elles, se pressaient, mon pas s'accélérait. J'arrivai donc rapidement jusqu'à mon arrivée, et soufflai enfin.

Passé la porte, je ne sentais plus mes jambes, je me précipitai jusqu'à ma chambre, retrouver l'odeur des livres et le confort de mon matelas. Je respirai un bon coup, mes pensées se sont-elles enfin ordonnées ? Pas réellement...Plein de questionnements envahissaient ma conscience. Je ne connais pas ces questions, juste leur existence. J'étais confus sans même comprendre pourquoi ? Certainement qu'avec tous ces brusques événements si récents, il m'est impossible de résonner normalement.

*

Une odeur de pluie traversait la pièce alors que j'étais allongé dans mon lit. J'attrapai d'une main mon mp3 et enfilai les écouteurs. Au travers de la musique dans mes oreilles, le bruit relaxant de la pluie envahissait mon esprit, tandis que mes paupières se fermaient peu à peu.

Une large pénombre envahissait la pièce, que je ne pus même pas définir de pièce, je ne connais ni son début, ni sa fin. Suis-je même dans une pièce ? Dans cette froide et sombre place, un seul objet était remarquable, il brillait. Je n'arrivais pas à reconnaître cet objet. Je m'y approchais à pas de loup, avant de remarquer qu'il s'agissait d'un miroir, vieux miroir aux bords dorées. Comment ça ? Une impression de déjà-vu s'interposa alors, ai-je déjà vécu cette scène ? Mais oui ! Je suis dans un rêve, mais...je l'ai déjà rêvé celui-ci...Comment se fait-il que j'y rêve de nouveau ? Je n'arrive pas à comprendre... Mon regard se concentra plus intensément sur ce miroir, ou plutôt mon reflet le traversant. C'est moi, comme c'est étonnant...mais quelque chose clochait, mes yeux...ils pleuraient...ils pleuraient intensément alors que je ne ressentais aucune larme humide sur mes joues. Pourquoi ? Ce mot ne cessait de tourner en boucle dans mon cerveau. Si soudainement, il apparut, Sharron apparut dans mon rêve sordide, est-il de nouveau ici afin de me sauver ? J'en espère guère de lui honnêtement. Ma seule vision de l'individu se fit au travers de ce vieux miroir, je l'aperçu derrière moi, il ne fit aucun geste ni même mot, ce fut perturbant. Des larmes recouvraient encore mon visage, alors que l'individu bougea finalement. Tandis que le reflet montrait Sharron passant un bras devant moi afin d'attendre le verre du miroir, de mon côté, je ne vis aucun bras, aucune présence, aucune masse. Je me tournai alors brusquement, et rien, uniquement une pénombre se trouvait derrière moi, aucun souffle, aucun battement, aucune vie ne se trouvait aux environs. Suis-je et étais-je si seul ? Je me retournai afin de résonner mais le miroir auparavant devant moi finit au sol, alors qu'il se recouvrait de multiples brisures. Brisures plus intenses l'une que l'autre. Dans ce silence, mes pensées virevoltaient sans répit, je n'entendais qu'elles. Que se passait-il ? Pourquoi ? Je ne veux plus, plus entendre ces questionnements dans mon cerveau ? Mais que faire ? Difficilement, j'ouvris les yeux. Comment ça ? Mes yeux étaient donc fermés tout ce temps ? Une fois les yeux ouverts, je ne fis qu'apercevoir des milliers et des milliers de coquelicots à des kilomètres. Les seuls éléments du paysages étaient les coquelicots et ce ciel crépusculaire. L'air était frais alors qu'un vent agréablement chaud m'enveloppait, une odeur fruitée s'installait, me faisant oublier la précédente scène. Tout était si soudainement...parfait...