Red Autumn •Poppy Seed•

Chapitre spécial Kylie partie 2.

{11 Avril 1997}

J'avançai d'un pas assez rapide, dans les rues de mon quartier. Le toit rouge de ma maison se dessina enfin, et j'accélérai ma cadence jusqu'à atteindre la porte en bois.

Derrière moi, notre astre finissait sa journée, laissant par son passage un ciel crépusculaire, aux couleurs chaudes, décalées avec la température qui surmontait à peine les soixante-cinq degrés Fahrenheit.

Je n'eus même pas l'occasion de tourner la poignée que l'ambiance assourdissante du domaine s'installai dans mes tympans. Les cris d'une voix craquée retentissaient dans la bâtisse. Celles-ci suivaient des mots non appropriées pour mon âge, avec un ton de frustration.

-Non Liz ! Tu ne peux plus le nier maintenant ! Espèce de connasse ! Dis-moi juste c'est qui son putain de daron ?? éclata la voix masculine.

Son daron ? Son père ? Le père de qui ? Pourquoi se disputent-ils ?

-Mais putain Patrick ! Ce n'est pas parce qu'il est roux qu'il n'est pas ton fils ! s'exclama la voix de ma génitrice.

-Si, ce gamin n'est pas mon fils ! Il est juste la conséquence de tes vices malsains ! Avoue-le maintenant ! Avec qui tu as baisé pour qu'Aki soit roux ??

Aki ? Serait-ce lui le sujet de la dispute ? Donc si je comprends bien, mon père, n'est pas son père ?

Toutes ces informations soudaines perturbent mon esprit d'enfant de six-ans...

-J'ai baisé avec mon putain de patron ! T'es content maintenant !? Si tu savais à quel point je préfère le faire avec lui ! Et puis ce n'était pas qu'une fois ! On l'avait fait au moins depuis deux mois avant que je sois enceinte d'Aki ! avoua ma mère que je devine sanglotante.

-Tu te moques de moi ?! C'est pas possible ! Mais t'es vraiment qu'une salope en fait ! Et dire que je t'aimais moi ! J'arrive pas à comprendre comment tu préfères gâcher notre famille juste pour remplir tes fantasmes de grosse pute ! lâcha alors mon père.

Alors que mon oreille reposait sur la porte, celle-ci s'ouvrit, me poussant sur le sol.

-Merde, désolé Kylie.

Mon père s'approchait afin de me rattraper, son visage remplit de larmes, cohérentes avec la discussion précédente.

Ce dernier parcouru ses bras autour de mon corps afin de me tenir dans un enlacement peu habituel.

J'entendais sa respiration encombrée, et sentais ses gouttes de sa tristesse s'imprégner dans le tissu de mon uniforme scolaire.

Mon père tapotait légèrement mon épaule, puis se relevait.

-Bon je...je vais chercher Aki à l'école.

Celui-ci continua sa route jusqu'à la voiture, me laissant désorientée sur le porche de la maison.

Je passais alors par la porte maintenant grande ouverte, et fut accueillie par une lourde atmosphère, dont les dernières insultes s'éclataient sur les murs, transportées par un pesant écho.

À chaque pas que je posais sur le parquet, une main de l'inconnu s'installait sur mon faible torse, et murmurait ses mots flous dans le creux de mon oreille, emplissant mon cerveau d'un doute incohérant.

J'arrivais enfin jusqu'à ma chambre, sans rencontrer une seule fois le regard de ma mère, qui doit surement se cacher honteusement dans la sienne des chambres.

Je retirais mon cartable de mes épaules, et soulageais enfin mes jambes, en m'asseyant sur le matelas désordonné de mon lit.

Du coin de ma vision périphérique, la forme d'une peluche délavée se dessinait. Les traits colorés ne sont jamais sortis du fin tissu du ventre de Monsieur Souris.